[LP] Tigercub – Abstract Figures In The Dark

Un rock racé et sale comme on l’aime ; sans faire dans la dentelle, Tigercub lâche des torrents de boue radioactive dans nos oreilles et nos méninges avec une énergie folle et une rage qui n’oublie jamais en cours de route de se faire entendre de la manière la plus intense et vindicative possible. Une bonne grosse claque comme on n’en avait pas reçue depuis longtemps.

Cachez les enfants dans les placards, rangez les grands-parents dans leurs chambres respectives et fermez leurs portes à double tour ; avec « Abstract Figures In The Dark », le trio anglais Tigercub réveille les esprits frappeurs, fait léviter les tables et invoque les démons du rock dans une effusion de lave incandescente qui brûle tout sur son passage. On ne peut donc que conseiller aux âmes sensibles de s’abstenir, la crise cardiaque et les cauchemars étant de rigueur après une telle gifle sonore brûlante et qui laissera des cicatrices. Maîtrisant à la perfection son sujet, le groupe alterne des moments calmes (parfois) et des décharges électriques survoltées (souvent), pour notre plus grand – et coupable – plaisir.

Les dissonances introductives de « Burning Effigies » donnent le ton, avant que tout n’explose et n’éclate en éclaboussant les murs ; ce sont bien les effigies de la musique guitaristique qui vont être ici sacrifiées sur l’autel de la bienséance. Car les 3 J (Jamie, James et Jimi) n’ont que faire de la politesse et de la courtoisie, lâchant les chiens sur des proies impuissantes en leur faisant croire à un hypothétique échappatoire (« Omen », « Serial Killer ») et invitant au bal des danses langoureuses et possédées (« Up In Smoke », « Control ») pour mieux tromper l’audience médusée face à ces guerriers sans peur et sans reproche. Les détonations n’en sont que plus obsédantes et marquantes (le bien nommé « Migraine » ou le faussement innocent « By Design »), empruntant les routes escarpées du noise sans en réciter la simple recette, mais au contraire en la triturant jusqu’à la dénuder et laisser les étincelles jaillir (le progressif et téméraire titre éponyme, sommet de rock dont la bride a été lâchée et qu’on ne peut plus apaiser). Après de tels coups de tonnerre, la conclusion « Black Tides » fait figure de mantra que l’on répètera à l’infini avant de retourner visiter les grottes obscures du projet, là où des créatures inconnues restent tapies dans l’ombre, prêtes à nous saisir.

« Abstract Figures In The Dark » est une charge de dynamite dont la mèche frémit avant de mieux détruire les bases d’un rock à la fois mélodique et furieux, déplaçant les montagnes et les courants à travers une générosité et une envie d’en découdre peu communes. Un sabbat nocturne libérant les diables et les anges déchus pour leur donner le contrôle de nos âmes et de nos mouvements. En douze titres mémorables et sans fioriture, Tigercub réussit le pari de briser tout ce qui se trouve sur son passage, tout en donnant l’impression que rien ne pourra leur résister mais que, étrangement, cela est tout à fait normal. On ne s’interposera donc pas, mais il faut bien avouer qu’on accepte avec certitude de les suivre sur ces chemins chaotiques et enflammés. Un shoot d’adrénaline à l’état pur.

crédit : Stefano Pollina

« Abstract Figures In The Dark » de Tigercub est disponible depuis le 11 novembre 2016 chez Alcopop! Records.


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Raphaël Duprez

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