[LP] The Underground Youth – Mademoiselle

Douces poésies cohérentes marquées par la patte d’une histoire psychédélique touffue, les compositions de The Underground Youth nous transportent avec « Mademoiselle » dans les couloirs d’une histoire du rock tapissée de souvenirs garage, psyché et post-punk.  

The Underground Youth - Mademoiselle

Mélange évocateur d’influences analogues des années 60 à 80, « Mademoiselle » concentre dans ses cordes le meilleur du flamboiement anglais ; ronds de jambe entre Syd Barrett et The Velvet Underground, pas chassés des Brian Jonestown Massacre aux Stone Roses, cet album sorti en 2010 et diffusé pour la première fois en format physique (CD, vinyle et cassette) en janvier 2016 a tout pour séduire les oreilles modernes saignées aux platitudes des courants communs. Un album pas tout récent, longtemps boudé par les maisons de disque, et qui chatouille fortement les écoutilles : combo gagnant pour les onze tracks qui composent cet album nourri de la nostalgie d’époques et de productions poussiéreuses.

Une poussière que « Mademoiselle » décide de ne pas nettoyer. Il s’y ébroue, en admire le vol diffus, nourrit sa décantation sur le coin d’une étagère avec des sonorités qu’on croirait voir surgir des vibrations psychédéliques des années qui portèrent The Jesus and Mary Chain. Entre résonances électriques, tambourinages sentencieux et échos éthérés, l’alchimie créée par le compositeur et chanteur Craig Dyer embaume l’air d’un onguent délicieux. Portées par cette longue chaîne d’influences mythiques, les compositions s’enchaînent et s’alternent avec une fluidité naturelle : de la ballade « Mademoiselle» à la spatiale « Mercury Guitar » en passant par l’adolescente « Olyas Song », chaque chanson donne à l’album une cohérence que l’on sent amoureusement peaufinée.

« Mademoiselle » conjure les fantômes les plus illustres dans ses couloirs labyrinthiques et prend soin d’orner ses murs de vibrantes moulures. Honneur à la douceur mystique d’une guitare électrique dans « Une saison en enfer », à un Bob Dylan ressuscité avec la ballade « Hope And Prey » et à la mature et romantique nonchalance de « Feel So Free ». Tout sonne et tout résonne dans cet ensemble aux racines épaisses, au cœur profond et aux rythmes denses. « Mademoiselle » offre des tonalités épaisses, un tissu de matière musicale qu’on s’amuse à faire rouler entre ses doigts comme un rideau au tissage serré. On vibre avec les accents adorablement nasillards de Craig Dyer, les maîtrises d’Olye Dyer à la batterie et les poussées de Max James à la basse.

Joli souffle de délicatesse assumé comme moulage édifiant du passé, The Underground Youth signe avec « Mademoiselle » un album empreint de rythmes qui oscillent doucement entre sénescence et adolescence. Une photographie du temps musical brouillé par le grain que vous pourrez retrouver en concert au Divan du Monde à Paris le 22 avril prochain.

« Mademoiselle » de The Underground Youth est disponible depuis le 22 mars 2010 chez Fuzz Club Records.


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Julie Albesa

Étudiante en Lettres et mélomane invertébrée, je me démembre en sirotant des cocktails de mélodies éthérées, riffs échaudés et cotonnades étoffées