[Interview] The Angelcy

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Le groupe israélien The Angelcy est actuellement en tournée en Europe. Pour la rédaction d’indiemusic, l’album « Exit Inside », qui sortira dans quelques jours en France, est l’une des belles surprises folk de ce début d’année. Entre deux concerts en Allemagne, Rotem Bar Or, le leader du groupe, a gentiment accepté de répondre à nos questions. Simplement et avec beaucoup de justesse, il a apporté un éclairage sincère sur cette belle aventure humaine qu’est The Angelcy. Loin de pratiquer la langue de bois, il nous a également permis de découvrir certaines des nuances qui animent son écriture, sa musique et sa personnalité.

The Angelcy

  • Si tu devais décrire ton groupe avec seulement trois adjectifs, quels seraient-ils ? De notre côté, nous aurions choisi : libre, universel et poétique.

Naturel, désespéré et rassurant.

  • Aujourd’hui, qui sont les musiciens qui poursuivent l’aventure de The Angelcy avec toi ? Ont-ils été là depuis le début ? Comment ont-ils rejoint le groupe ?

En fait, au cours des quatre ou cinq dernières années, seulement deux membres du groupe ont changé. Nous avons Maayan et Udi sur les tambours, Maya à l’alto, Uri joue de la clarinette et Gal, qui a remplacé Aner, à la basse.
Avant de former le groupe, j’ai cherché des gens pour jouer avec moi pendant une longue période, et cela n’a jamais vraiment marché. Finalement, deux de mes bons amis ont décidé de m’aider à former ce groupe. Chacun de ces musiciens sont des personnes avec lesquelles j’ai tout de suite su que je voulais jouer ; c’était très instinctif, et surtout très clair, dans ma tête.

  • Il y a quelques jours, dans un atelier de radio, des adolescents français, en écoutant votre musique, ont été surpris d’apprendre que vous étiez un groupe israélien ! Dans leur esprit, un groupe israélien ne pouvait pas ressembler à cette musique.
    Quels sont les musiques qui résonnent dans les oreilles de la jeunesse israélienne ? The Angelcy est-il en quelque sorte une exception dans votre pays ?

Même si nous sommes un tout petit pays, de nombreux styles de musique arrivent de partout, et notamment par des personnes venant d’horizons culturels très différents, de l’est, de l’ouest… Nous sommes également très influencés par le monde occidental, en tant que province de l’occident. Nous essayons de faire une musique qui ne soit pas enchaînée à un genre spécifique, mais plutôt un mélange des nombreuses influences que nous aimons. Et comme tout le monde, nous espérons être uniques…

  • Votre album est marqué par cette capacité à toucher un large public, grâce à des paroles en anglais très simples et universelles. Est-ce un désir conscient pour vous, d’être compris par le plus grand nombre possible de personnes ?

Absolument. Cela a également été une décision consciente d’écrire dans un « anglais de voyageur ». C’est l’anglais que je pratique, c’est le mien, je suis un Israélien qui parle anglais, et pas un type américain ou britannique. C’est aussi quelque chose qui se manifeste dans mon accent : je ne veux pas essayer de ressembler à quelqu’un d’autre. J’essaie simplement d’être à l’aise avec cette façon de faire sonner la langue anglaise.

  • Le thème de la guerre est très présent sur cet album. Cet album porte même une forte fibre pacifiste. Pour nous, en tant qu’européens, nous ne réalisons pas nécessairement ce que c’est que de vivre dans un pays, perpétuellement en état de guerre. Est-il facile pour vous d’être ouvertement pacifiste dans votre pays ?

Je ne me considère pas comme un pacifiste. Je ne pense pas que j’ai le droit de m’octroyer ce statut et, ainsi, embellir ma personne. Ce serait donner une image de moi beaucoup plus pure que celle que je suis vraiment. Bien sûr, nous ne voulons pas qu’il y ait la guerre et nous voulons nous rapprocher du monde et des Palestiniens. Mai,s concrètement, qu’est-ce que je fais, pour soutenir cette volonté ? Serais-je capable de tenir cette position à tout prix ? Je ne le pense pas.
La voix de la paix et de l’humanisme est de plus en plus présente hors de l’ordinaire israélien. Nous pensons que nous avons réussi à échapper à beaucoup de critiques juste parce que nous chantons en anglais, ceci nous permettant en quelque sorte « d’échapper au radar ».

  • Nous aimerions avoir de nouveau 20 ans, et découvrir votre musique comme celle des premiers disques de Vic Chesnutt ou celle du premier album de Calexico, il y a quelques années. De quels groupes vous sentez humainement et musicalement proches ?

Leonard Cohen, Beirut, Bill Callahan, ME WE a new Religion.

  • Comment décrirais-tu votre quotidien d’artistes, de musiciens ?

Nous essayons de rester ensemble autant que possible ; bien que, naturellement, cela reste une tâche très difficile à nos âges. Le fait que nous soyons un grand groupe (six personnes) ne rend pas la chose plus facile. C’est un effort constant d’être un vrai groupe, d’être vraiment ensemble et, jusqu’à présent, nous avons heureusement réussi ce pari. Je pense que cela pourrait être considéré comme notre plus grande force, sur et en dehors de la scène.

  • Nous sommes vraiment tombés amoureux de « Exit Inside ». Nous supposons que ce disque a mobilisé beaucoup d’énergie. Que représente ce disque pour toi ? Pour vous et j’oserais demander pour vos amis ?

Pour moi, cet album est le fruit de nombreuses années de travail intense. Il est à la fois le fruit et la graine d’une période de ma vie. Il représente, d’une certaine manière, une libération.
Je peux honnêtement dire que ces chansons ont changé ma vie, en tant que musicien et en tant que personne. Et, non seulement, il est devenu quelque chose que je partage avec mes amis, mais il m’en a également apporté de nouveaux à travers le lien que ces chansons créent entre les personnes.

  • Pour finir, si tu veux t’adresser au public français…

Nous sommes très curieux de connaître le point de vue du peuple français sur la vie en général, et en particulier sur les perspectives alternatives, sortant des sentiers battus, mais aussi découvrir de nouvelles idées et de nouvelles pensées. Cela représente beaucoup, pour les membres du groupe, de rencontrer de nouvelles personnes, partout où nous allons. Il est important pour nous d’évoluer au contact des autres et d’être nous-mêmes touchés par les personnes. Nous ne sommes pas là seulement pour raconter notre histoire.


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ENGLISH

The Angelcy

  • If you had to describe your band with only three adjectives, which would they be? From our side, we would have chosen:free, universal and poetic.

Natural, desperate and comforting.

  • Today, who are the musicians who pursue the adventure of the Angelcy with you?
    Have they been here since the beginning? How did they join the band?

Actually during the last 4-5 years only two band members changed. We have Maayan and Udi on the drums, Maya on the viola, Uri plays the clarinet and Gal who replaced Aner on the bass. Before we formed the band, I’ve been looking for people to play with for a long time and it never really worked out. Eventually two of my good friends decided to help me form a band. Each of these musicians are people I knew straight away that I want to play with, it was a very clear and quick instinct.

  • A few days earlier, in a radio workshop, French teenagers were listening to your music, and were surprised that you were from Israel! In their minds, an Israeli band couldn’t sound like that.
    What are the kinds of music that resonate in the ears of the Israeli youth?
    So, is The Angelcy somehow an exception in your country, or not?

Although we are quite a small country, there are many musical styles as a result from all the people coming from different cultural backgrounds, east and west, and also we are influenced by being a province of the western empire. We try to make music that is not chained to a specific genre but rather a mix of many influences that we like. Like everybody else, we hope to be unique…

  • The most striking part of your new album is this ability to reach out to a wide audience, thanks to very simple and universal English lyrics. Is this a conscious desire for you, being able to be understood by as many people as possible?

Absolutely. It was also a conscious decision to write in « travelers English ». It’s my English – I am an Israeli who speaks English, and not an American or British guy.  This is also something that is manifested in the accent- I didn’t want to try to sound like somebody else, American or British- I am just comfortable speaking like I do.

  • The theme of war is very present on this LP, and carries a very strong pacifist fiber. For us, as young Europeans, we do not necessarily realize what it is to live in a country which is almost perpetually in a war condition. Is it easy for you to be overtly pacifist in your country? This question came to our minds while listening to your track “rebel angel”, which seems to evoke such a problem in a very personal way.

I don’t call myself a pacifist and I don’t feel that I have the right to prettify myself as one. It sounds much purer than who I really am.  Of course we don’t want there to be war and want to get closer to the world and to the Palestinians. But what am I even doing to support that? Will I hold this position at any cost? I don’t think so.
The voice of peace and humanism is being increasingly pushed out of the Israeli mainstream, and we feel we managed to escape a lot of criticism just because we sing in English and somehow « escape the radar ».

  • I would like to be 20 again and discover your music as I discovered, at a time, Vic Chesnutt or Calexico’s first LPs few years ago. What bands are you humanly and musically feelingclose to?

Leonard Cohen, Beirut, Bill Callahan, Me We a New Religion.

  • Do you want to describe your daily life, as artists and musicians? Do you feel like a different band, or a band similar to all others?

We try to stay together consecutively as much as possible although naturally this is a very difficult task in this day and age and the fact that we’re a big band (six people) doesn’t make it easier. It’s a constant effort to be a real band, to really be together, and so far we’ve luckily succeeded doing that. I think this might be our biggest power, on and off the stage.

  • We really fell in love with « Exit Inside ». In our minds, we suppose that this LP has mobilized a lot of energy into it. What does this LP represent for you? and I dare to ask, to your group of friends?

For me this album is the product of many years of intense work, it’s a fruit and a seed from a period of being, in a way, sort of liberated.
I can honestly say that these songs changed my life, as a musician and also as a person. And not only did it become something I share with my friends, but also brought me new friends through the link that these songs created between us.

  • If you want to add whatever you want to say to the French audience, feel free to do it.

We are very curious about the French people’s point of view on life, especially the non-establishment independent sort of perspectives, new ideas and thoughts. It’s something we wish to get in touch with everywhere we go. It’s also important for us to absorb and to be affected ourselves and not just to tell our story. We also want to change by meeting others.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.