[Interview] Céline Devaux à propos du clip « Gravité » de Flavien Berger

Céline Devaux est connue (et reconnue) comme le loup blanc dans le milieu du film d’animation. Notamment grâce à son magnifique court métrage de fin d’études « Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine ». La jeune graphiste et réalisatrice enchaîne depuis les projets tous aussi excitants et créatifs les uns que les autres. Avec un trait particulier qu’elle manie avec patience et détermination. Son style graphique s’est retrouvé dernièrement au service du clip « Gravité » de Flavien Berger, pour sublimer le titre et en décupler l’essence et la puissance.
En attendant fébrilement de connaître le lauréat du meilleur film d’animation 2016 aux prochains César pour laquelle elle concoure, Céline nous en dit plus sur son travail et sur sa collaboration avec celui que l’on nomme le nouveau prince noir de la pop française.

Céline Devaux

  • Bonjour Céline, tu as réalisé le magnifique clip « Gravité » de Flavien Berger. Avant d’en parler plus en détail, peux-tu nous raconter ton parcours, ton métier ?

J’ai étudié la littérature et l’histoire avant d’aller à l’École des Arts Décoratifs de Paris (EnsAD), où j’ai étudié le cinéma d’animation. Je fais des dessins, des films et des films d’animations.

  • Comment s’est organisée la rencontre avec Flavien Berger et le fait qu’il te demande de réaliser son clip « Gravité » ?

Flavien et moi sommes amis depuis longtemps. Il a composé la musique de tous mes projets, depuis les premiers courts métrages un peu nazes de l’école jusqu’au tout dernier projet, plus professionnel, « Le Repas Dominical ». Il a toujours apporté son talent et sa générosité aux films, avec un sens de l’à-propos et une créativité que me surprennent toujours plus à chaque fois. C’est une collaboration qui me ravit toujours. Lorsqu’il m’a demandé de réaliser le clip de « Gravité », j’ai évidemment dit oui, surtout que c’était ma chanson favorite de l’album ! Ironie du sort, elle existait déjà en anglais, et c’était la chanson de générique de fin de mon film, « Le Repas Dominical » !

  • Quel a été exactement ton rôle dans la création et la réalisation du clip ? Avec qui t’es-tu entourée ?

J’ai tout réalisé de A à Z, avec l’aide de Robin Lachenal. Flavien avait fait appel à lui en tant que directeur artistique de tous les clips de son album – tous réalisés par des artistes, réalisateurs et metteurs en scène qui font tous partie de son groupe de potes.

  • Quelle a été la durée totale de création et de réalisation ?

Environ trois mois. Mais on avait déjà parlé de plein d’idées ensemble, dans les mois précédents, quand on se voyait pour bosser sur d’autres projets ensemble.

  • Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

J’ai eu quelques pannes, je n’arrivais pas à faire fonctionner certaines images ensemble, notamment les images de prise de vue réelle et les images d’animation. C’est là où Robin m’a beaucoup aidé notamment.

  • Des anecdotes à partager avec nous ?

J’ai vraiment dessiné des femmes à poil pendant trois mois, j’avais l’impression d’être super libidineuse. En fait, c’est très difficile de parler de sexe sans être vulgaire, suggérer le désir sans jamais le montrer…

  • Est-ce la musique qui conduit tes dessins ou l’inverse (ou les deux) ?

Quand j’écris un film, je pense à la musique tout de suite. D’ailleurs la collaboration avec Flavien n’intervient pas du tout sur le produit fini, comme c’est le cas de beaucoup de réalisations. On en parle dès le début, dès l’idée de départ. Pour le clip c’était pareil, il savait à peu près où j’allais, et comme on se connaît bien, je pense qu’il m’a fait confiance, comme aux autres artistes auquel il a fait appel.

  • Quelles musiques écoutes-tu quand tu travailles ? Que t’apportent-elles ?

J’écoute de tout. Le rap, c’est bien pour se concentrer. La musique classique, Étienne Daho, Flavien Berger… ce qui est ridicule parce que c’est un peu comme si j’écoutais mon pote me parler, mais j’aime vraiment sa musique. « Gilded Glaze », c’est hyper bien pour se concentrer. La variété pourrie aussi ! Mes amis me font découvrir des choses, je suis une feignasse, je peux écouter le même album vingt, quarante fois de suite, je suis complètement monomaniaque. Et quand je dessine, j’aime bien écouter des documentaires sur Arte Radio. J’adore Radio Piiaf également, ils ont une programmation géniale.

  • Tu as su rapidement t’imposer dans le milieu de l’animation avec notamment ton court de fin d’études « Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine » et maintenant ton court « Le Repas Dominical » nominé aux César 2016. Saurais-tu analyser/décrypter les raisons de ce succès ?

Je ne sais pas vraiment expliquer toutes ces bonnes nouvelles, en tout cas je travaille beaucoup, donc je suis contente que mon travail soit bien accueilli.

  • Est-ce qu’un César pourrait changer à ta vie et à ta carrière ?

Ce serait un grand honneur ! Et puis ça permettrait au film de gagner en notoriété, c’est toujours bien pour les projets d’après !

  • Tu es quelqu’un qui travaille beaucoup. Que fais-tu à part dessiner, dessiner et encore dessiner ?

Je bois et je fume aussi, ça occupe (rires).

  • Qu’est-ce qui t’inspire pour l’écriture de tes scénarios et tes dessins ?

Ma vie, la vie des autres, la vie des gens que j’aime et les conversations dans les transports. Parfois je fais semblant d’écouter de la musique comme une fouine pour mieux écouter les conversations dans les espaces publics. On a moins l’air d’un psychopathe avec des écouteurs !

  • Quels sont tes travaux en cours ou à venir ?

Je travaille sur un nouveau court-métrage que j’ai écrit en résidence à Berlin. Il sera en prise de vue et en animation.

  • Et si tu devais collaborer avec un acteur, un chanteur, un musicien, un graphiste, un réalisateur pour ton prochain film, avec qui adorerais-tu travailler ?

Flavien Berger !

  • Merci Céline et m*rd* pour les César !

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans