[LP] LYS – Redbud

LYS sévit déjà depuis 2011. Rock band grand habitué des tremplins, des collaborations et de tournées à faire pâlir plus d’un groupe, le quartet compose et joue sans repos, emmené par l’inusable Rennais Nicolas Veron. Perfecto noir et jean serré, le guitariste et chanteur du groupe mène son monde à la baguette, tout spécialement depuis que celle d’une fée, en l’occurrence Steve Hewitt (ex-batteur de Placebo), s’est penchée sur leur berceau.

LYS - Redbud

Bercé par la brit pop et le rock alternatif, Nicolas Veron voit sa musique d’un regard multicolore, mais bien inscrite dans une lignée propre à séduire, sur disque et sur scène, une large génération de fans. Fidèle à un son maîtrisé et devenu totalement le sien, l’écriture et l’enregistrement du deuxième album, « Redbud », se seront déroulés avec accords, mais sans désaccord, sous l’œil complice et fraternel d’Hewitt (qui ne lâche plus LYS d’une semelle et la fait battre). Le tout capté et mixé par, excusez du peu, Paul Corkett (The Cure) et Donald Ross Skinner (Julian Cope).
Presque trois ans après la sortie de « Go Your Own Way », on retrouve, dès les premières secondes d’écoute de « Redbud », ce plaisir immédiat et communicatif, cette constance et cette pugnacité rock qui nous rassurent et nous assurent, ce son LYS qui se démène et nous emmène. Avec, comme mise en douche, le court, mais ultra efficace « Redbud », hymne charismatique qui ouvre le LP et désormais les concerts. Et qui pourrait même faire office de carte de visite du groupe avec ce déconcertant concentré de LYS.

« Stay », d’une voix presque susurrée, mais totalement assurée, nous embarque dans une tribalité complice, une chevauchée jouissive qui marque une nouvelle fois sa filiation avec le meilleur des hymnes pop rock de l’ère des U2 et autres Tears for Fears. Le son est rond, le son est bon et les distorsions sont autant d’échos à ces anthems qu’on aime écouter les soirs de grande fraternité. Sur « Last Night », la guitare en voix de tête entête et fait la fête au clavier, qui s’en donne à chœur joie. Le phrasé joyeusement triste – ou inversement – nous aspire dans un tourbillon enivrant et expire en spirale. Un moment fort dans cet album, qui ne manque pas d’autres surprises. « Be there » chaloupe et se déroule lascivement pendant plus de quatre minutes. Un titre qui prend son temps pour nous en donner du bon. Comme au bon vieux temps d’un Marillion ou d’un Pink Floyd, qui savaient déjà fomenter des morceaux pas formatés pour le plaisir pur de raconter des histoires avec une grande hache. Sur « Redbud », un autre allié de taille est venu prêter main-forte à Nicolas Veron et à son stylo. À savoir, Craig Walker, qui cosigne tous les lyrics de l’album et qui se voit invité sur « the Mistake ». Un choix qui n’a rien d’une erreur, tant la magie opère entre les Bretons et l’Irlandais. Et un titre que l’on écoute les yeux fermés, en s’imaginant transporté dans une salle de concert chahutée par un lightshow et un son comme l’ex-Archive avait l’habitude de vivre.

La basse est en vedette sur « One Day », faisant la part belle à la belle Manon, qui conduit le morceau comme pour mieux nous éconduire. Les envolées de guitare fightent avec elle dans un défi qui défile à toute vitesse. Des notes grisantes qui, pour un peu, nous feraient sortir de déroute. Le duo érotique qui naît sous nos yeux dans « Evidence » danse dans nos oreilles, dans une ambiance torride et moite. Annabelle Ariane, alias AnA, est venue prêter voix forte avec conviction et détermination pour sublimer une chanson qu’aurait sûrement appréciée le beau Serge. On allume un cierge pour que de tels « accidents » de travail se reproduisent à l’avenir dans la carrière du groupe.
Tous ceux habitués à voir LYS en concert écouteront avec d’autant plus de plaisir « Falling Appart » dont la force et la puissance hypnotique sur scène se retrouvent intactes et, avec tact, immortalisées sur l’album. Le morceau le plus long pour un compte qui est bon. Très bon. Très, très bon.
Difficile de clore un ouvrage aussi riche, intense, inspiré et peaufiné ; et ce sont deux ballades acoustiques dépouillées et nature qui se chargeront de calmer nos ardeurs et nos esprits. LYS vient ainsi gentiment d’éteindre le feu d’un « Redbud » dont il peut être rouge de fierté.

crédit : Slyworks Photography
crédit : Slyworks Photography

Avec ce deuxième album à son compteur, on sait désormais que le pluriel de LYS est délice.

« Redbud » de LYS est disponible depuis le 6 novembre 2015 chez Space Party.


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans