[Film] Yo! Pékin d’Esteban, avec les Naive New Beaters

Tout bien pensé, David Boring aurait dû s’appeler Eurobelix et inversement. Car comment douter que celui-ci ne soit pas tombé dedans lorsqu’il était petit ? Hyperactif, insomniaque, imperturbable et altruiste invétéré, il n’a de cesse de cogiter et de s’agiter au grand dam de ses acolytes qui en deviennent colériques et presque alcooliques tant le bonhomme a une propension à vous les casser. Et à vous caser toutes sortes d’idées et de délires tel ce « Yo! Pékin », biopic épique d’une tournée en Chine pleine de rebondissement, qui se termine bien – fort heureusement – par une tournée de bières.

Yo Pékin!

Délaissant donc quelques temps son chapeau de feutre vert façon Peter Pan dans le mille pour celui de Producteur pan dans le million, David alias Esteban signe avec force une farce de 45 minutes (durée officielle actuelle car il semble se réserver le droit d’en modifier encore la durée, comme il nous le disait dans une récente interview) qui se déguste et tourne la tête comme une bonne bouteille d’alcool de riz.
Le pitch de départ est assez basique et plein d’instinct : suivre de près la tournée du trio David Boring (chant), Martin Luther BB King (guitare) et Eurobelix (machines) dans la République aussi Populaire qu’eux… ou presque.
Mais un tour de dos du keyboardiste oblige le groupe à recruter un membre temporaire ainsi qu’un pote appelé « Le Pote », prédisant l’arrivée d’amis, d’amour mais surtout d’emmerdes.

Yo Pékin!

Et c’est au final du fond de sa cellule communiste, sans électricité et nourri à la soupe, que David nous narre un séjour dans le pays le plus peuplé du monde, qui allait devenir un cauchemar pour lui et son crew. Car qui l’eut cru que ce concert très officiel pour fêter les relations franco-chinoises allait totalement dégénérer à cause d’un simple mal entendu (en deux mots).
Introspectif et souvent excessif, Esteban tient le plus souvent la vedette devant la handycam qui filme, à l’insu de son plein gré, le quotidien de ce qui aurait dû s’annoncer comme la tournée la plus importante du groupe et qui se termine en pugilat annoncé par Pujadas et toutes les télés et médias du monde qui se relaieront pour aider le groupe à s’en sortir.

Yo Pékin!

Traqués par les fans et bientôt par la police, le séjour des NNB qui avait pourtant bien commencé (valise perdue, dégustation de grenouilles vivantes, commerçants peu conciliants, bracelet ultra-moche offert par des fans, pénuries de dédicaces, accueil formaté de Lorraine de Cornychon – ambassadrice de France en Chine) prend une tournure qui pour une fois transformera le toujours jovial David en prince sans rire.
Balloté en le docucu fiction et la vraie fausse réalité, le téléspectateur y perdra rapidement son chinois.

Parti pris d’Esteban (qui nem me suive aurait-il dit), cet OVNI cinématographique à classer entre les Monty Python, Les Nuls, The Office et Spinal Tap n’est-il tout simplement pas le plus rusé des placements produit pour une marque de bière (en l’occurrence la Naive New Beer*) qui ait jamais existé, à moins que cela ne soit une vaste opération de propagande déguisée pour leur tout nouveau clip « Run Away » ? Allez savoir…
Ce film aurait peut-être dû être tourné à Moscou parce que question poupées russes…

Retrouvez les Naïve New Beaters dans « Yo! Pékin » dans un bon cinéma près de chez vous, dans un restau chinois, en prison, sur un site pirate avec plein de pop-ups de filles à oilpé, sur Air China, dans un fortune cookie, etc.
Et Esteban dans le nouveau court-métrage de Patrick Volve « Bubble Blues » ou dans « People Are Strange » de Julien Hallard.

*À consommer avec modération


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans