[EP] Gandi Lake – Gandi Lake

Depuis que Caen s’est imposée comme la capitale rock de la Normandie, il naît chaque année de nombreux phénomènes indie sur ses terres. Après le passage marquant de Guns Of Brixton puis des Concrete Knives, le flambeau local brûle encore et ne compte pas s’éteindre, loin de là, avec les nouveaux venus.

Gandi Lake - Gandi Lake

Parmi ces récentes figures, Gandi Lake surfe sur la nouvelle vague psyché, décidément (très) à la mode (de) chez nous depuis plus deux ans comme en témoigne, avec un talent certain, l’émergence des projets angevins (Eagles Gift), nantais (The Blondi’s Salvation), bordelais (Dätcha Mandala) ou parisiens (Dorian Pimpernel). Pourtant, loin de livrer une interprétation fidèle de ses modèles, le groupe caennais poursuit sa propre glisse vers la Grande-Bretagne et sa pop d’antan, avec un flegme presque typique.

En six titres complémentaires et témoignant d’une seule et même épopée, Gandi Lake entonne avec entrain ses chants libérateurs de chakras orientaux, redonnant son éclat passé à la brit pop des frères ennemis de Manchester autant qu’il s’inscrit dans la nouvelle et vibrante aventure des pop bands français, seuls à même de rivaliser avec ce qui fait de mieux de l’autre côté de la Manche voire de l’Atlantique.
Grand bien nous fasse donc de découvrir et d’acclamer ce nouveau projet normand se livrant avec passion au délicat exercice de l’écriture d’une vraie « pop song », à l’heure où tout un chacun rivalise d’ingéniosité pour se faire une place au sein d’un monde dans lequel trop peu d’élus parviennent à tirer leur épingle du jeu.

Et c’est peu dire que « Compromised » a tout pour lui : un démarrage psychédélique grandiose façon Black Angels, poursuivi d’un chant nonchalant et aiguisé de toute sa confiance, jamais pédant, s’offrant le luxe de partir en vrille brouillé par les effets des pédales de voix, et s’abandonnant dans un refrain hymnique sensationnel pour retomber puis mieux repartir dans ses élans mélancoliques astucieusement coordonnés. Un vague à l’âme tempétueux dans lequel on aimerait sombrer plus souvent.

Toute l’astuce de Gandi Lake est d’installer des passages (quasi) instrumentaux dans ce premier EP, véritables tableaux psychédéliques plaisants et évasifs : d’abord avec « Deep Blue See » et sa mélancolie qu’on croirait venue du visionnage d’une collection de vieux films en noir et blanc, puis « Hazes of Glory », conclusion hypnotique où le chant vibratoire et constamment amplifié, devenu instrument, entre en résonance avec les rares touches du clavier.

Entre ces deux pistes, le ravissement est plus que total. D’abord, le pensif « We Floated » devient notre virée extatique dans l’entre-deux mondes, tant la ballade est plaisante et bien guidée, avant de s’emballer sur des riffs foudroyés et percutés par la batterie.

Puis vient « Winter Beach », superbe arrêt sur image figeant le temps et l’émotion durant cinq minutes pour mieux dessiner un portrait sensible et touchant d’une pop à jamais intemporelle.

Gandi Lake

Pour en venir au rock britannique, on laissera « Keep Going » nous en donner sa définition, avec un certain culot : celui de faire le grand écart, trop peu pour eux, entre The Kinks et Pink Floyd. Challenge réussi !

Un an après son double single « Weather Vanes », qui lui valait déjà toute l’attention et l’admiration de ses pairs, Gandi Lake assied et confirme sa démarche sensée, qui l’impose déjà comme l’un des futurs espoirs de la pop made in France.

« Gandi Lake » de Gandi Lake, sortie le 5 juin 2015 chez Label Étiquettes.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques