[LP] Speedy Ortiz – Foil Deer

On pouvait déjà s’en douter dès 2012 et son prometteur EP « Sports », suivi du surprenant « Major Arcana » en 2013, un premier album majestueux, foudroyant et intense qui propulsait le groupe sur le devant de la scène indépendante. Speedy Ortiz peut désormais se revendiquer comme le meilleur groupe de Boston grâce à son nouvel opus, « Foil Deer », sorti le 20 avril dernier.

Speedy Ortiz - Foil Deer

Sadie Dupuis, chanteuse et guitariste du groupe, le dit haut et fort : « I’m not bossy, I’m the boss » (Je ne suis pas autoritaire, je suis la patronne) sur « Raising Skate », premier tube survolté du disque. « The Graduates » emboîte le pas et raconte comment sécher les cours de français pour aller fumer des clopes. Speedy Ortiz réussi à écrire des tubes entêtants tout en maintenant ce côté DIY ainsi qu’une philosophie lo-fi et nous prouve ainsi toute la grandeur de cet album. On pense naturellement à Pavement en écoutant Speedy Ortiz – Sadie faisait partie d’un groupe de filles qui reprenait les chansons de la bande de Stephen Malkmus – mais surtout, c’est la qualité des paroles et des mélodies qui font la différence.

Dès les premières chansons, on est transporté dans un monde entouré de guitares dissonantes, déstructurées, violentes et toxiques. C’est une philosophie à part entière. « Dot X » présente un côté plus sensible et lumineux, une sorte de halte avant les deux bombes électroniques « Homonovous » et « Puffer ».

Cet album renforce le nouveau statut de Speedy Ortiz en confirmant celui de révélation 2013 et en affirmant sa dominance sur la scène indépendante américaine. La force des musiciens réside aussi bien dans le style d’écriture plein d’esprit et de panache de Sadie Dupuis que dans les thèmes abordés ; le féminisme, ses doutes, sa colère… La chanteuse n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont. La face B de « Foil Deer » débute en fanfare avec « Swell Content » pour se recroqueviller doucement sur des ballades plus intimes et sensibles (Zig, My Dead Girl). Les compositions sont plus noires, ténébreuses. Cependant, l’album commence à s’essouffler. « Ginger » et « Mister Difficult » semblent ne rien apporter de spécial mais en réalité, Speedy Ortiz nous offre le calme avant la tempête « Dvrk Wvrld », une fin élégante saturée de différentes vagues de textures. Sublime.

Speedy Ortiz

Après « Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit » de Courtney Barnett, « Foil Deer » de Speedy Ortiz s’impose comme la petite bombe de ce printemps. En attendant le premier album de Girlpool et la suite de « Weird Sister » pour Joanna Gruesome, on peut affirmer qu’en 2015, les filles prennent le pouvoir.

« Foil Deer » de Speedy Ortiz est disponible depuis le 20 avril 2015 chez Carpark Records.


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Robin Ecoeur

Jeune punk d’Édimbourg écoutant exclusivement le troisième album de Spacemen 3, Pavement et Teenage Fanclub, déteste U2 et pense que David Berman est le plus grand songwriter des années 90's-00's.