Le post-rock est certainement avec le classique, le genre musical qui offre la plus grande liberté dans l’écriture. Il renferme une multitude de tiroirs contenant eux-mêmes les clefs des portes que nous seuls pouvons ouvrir ou choisir de refermer. On peut se perdre dans ses compositions, se laisser happer comme ces vagues discontinues en pleine marée, s’échouer sur le rivage pour retrouver la terre ferme et courir contre le vent et le sable qui voudraient nous ralentir. Lutter ou se laisser aller à l’ivresse des sensations procurées.
Solkyri, quatuor de Sydney, aime cette liberté de choix que le post-rock propose, tout en sifflant dans nos oreilles une passion toujours plus ardente.
Après un sublime premier album, « Are You My Brother? », en mai 2013, qui alliait force et harmonie, le groupe australien nous gratifie, avec « Sad Boys Club », de dix pistes de la plus longue (« Team Solar » et ses neuf minutes incroyablement denses) à la plus courte (« Kidnapped », interlude venteux et granuleux) pour goûter jusqu’à plus soif à la vie, à l’intensité et à l’ivresse des sentiments, pour révéler notre humanité, nos tensions, nos peurs ; pour provoquer notre singularité au contact du son.
On s’éprend de cette puissance, de cette union au sommet des cordes et des rythmiques, de l’envie et de la passion sans limite de Solkyri à nous faire grimper si haut, si vite, avec fulgurance et émoi.
« Sad Boys Club » est de ces disques qui vibrent comme les palpitations d’un cœur en plein effort, ressenties avec force et chaleur dans chacune de nos veines, qui gagnent chacun de nos muscles et enflamment chacun de nos pas.
« Sad Boys Club » de Solkyri est une expérience à vivre, à faire sans regret ni remord, et élève définitivement le groupe au Panthéon des Grands du post-rock avec ce second album.
Il signe un disque fort, tendu, fraternel et au dialogue universel ; de ceux qui nous font aimer le genre, qui nous passionnent pour leurs constructions ardentes et savantes, poétiques et éclatantes.
On est transpercé et transcendé par les forces des notes jouées, par la beauté d’arrangements emprunts de fraternité. Du tournoiement déconcertant de « Sad Boys » à la rage d’ « I Felt Unsafe, I Felt At Home », de la tendresse et de la discrétion du violon et du piano de « Be Good, I Love You » au final solennel « Farewell Bluebird » prouvant à quel point le post-rock peut s’unir au classique avec justesse, on est subjugué par toutes les énergies de ce projet.
Solkyri nous offre le calme et la tempête. La guerre et la paix. La lutte et le repos. Il nous offre l’émoi des premières fois, la sensation d’avoir retrouvé notre innocence tout en ayant besoin d’être là où nous en sommes pour mieux l’appréhender.
Et prouve à ceux qui l’ignoraient encore que l’émotion suscitée par la musique n’a pas forcément besoin de mots pour plaire et s’exprimer. Solkyri est un groupe remarquable.
« Sad Boys Club » de Solkyri est disponible depuis le 10 avril 2015 chez Bird’s Robe Records.
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