Dans la lignée de ses compositions originelles, Julien Marchal livre un premier album sensitif et épuré. « Insight » est l’œuvre d’un maestro aux mains de coton.
Comme un éclair, dans l’urgence d’un mardi midi, je suis tombé sur sa musique. Les premières notes de « I » ont ainsi roulé à la même vitesse que mon intérêt voulait bien le supporter. Le soir, au repos d’une longue marche londonienne, j’ai enfin pu adapter mon rythme au sien. À l’époque, quatre pistes étaient disponibles, pistes trop courtes, ramassées dans un EP « Insight ». Nom : Julien Marchal. Lieu : Bordeaux. J’ai d’abord cru à une blague. J’ai pensé alors à un artiste-compositeur étranger, pris dans les mailles du filet des courants minimalistes européens. Après quelques mots échangés sur Internet, Julien Marchal a fait tomber mes clichés comme un château de cartes. Un an après, avec la même intelligence et la même subtilité, il prolonge son « Insight » sur 13 morceaux sensitifs et cotonneux, dépecés avec un respect immense pour les mélodies.
La magie réside dans l’abnégation, dans le fait d’omettre le pourquoi du comment. Quand on veut tout connaître d’un tour de magie, la technique prend vite le dessus et la surprise disparaît. L’émotion s’atténue. Que ce soit d’un côté ou de l’autre de la barrière, du musicien ou de l’auditeur, la notion de ressenti est souvent différente. On pourrait facilement associer l’ambiance d’ « Insight » à la mélancolie de son auteur, phase purement émotionnelle et non technique. Alors qu’au contraire, Julien affirme que la plupart des pistes (voire toutes) ont été entreprises et composées comme un exercice. Je ne dis pas que notre auteur est désincarné de tout sentiment, il est juste absorbé par sa formation classique et son esprit de bon professeur qu’il est à ses heures comptées.
La technique et l’émotion dans la composition sont-elles divisibles ? Une question sans réponse. Qu’importe là où nos réflexions nous mènent, nous serons les premières victimes de ce marasme. Nous serons les premiers dindons d’une très belle farce. Il est indéniable qu’« Insight » dégage autant de poésies que x recueils de x auteurs. Gardez votre ressenti, il est la clé de l’appréciation, du plaisir que les magnifiques « IX » et « XIII » procurent. Elles les décuplent, nous permettent d’être assaillis d’images et de réactions physiques, comme les larmes ou les frissons.
Excepté cet album, Julien mène d’autres projets expérimentaux comme « Altered Perceptions » et sa collaboration avec Philippe Lamy, grand amateur de sound design. Des pistes plus qu’engagées dans ses influences électroniques et ambiantes, qu’il aime garder en tête. Cette dernière n’est jamais saturée. Confidence : l’homme n’a pas peur du débordement. Il est impatient et musicalement cupide.
« Insight » de Julien Marchal est disponible depuis le 20 avril 2015.
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ENGLISH
Following his first compositions, Julien Marchal confesses a sensitive and uncluttered debut album. « Insight » is the work of a maestro with cotton hands.
Like a flashlight, on a hastily Tuesday at noon, I discovered his music. The first tones of « I » ran at the same speed, as my interest was willing to bear. In the evening, resting from a long walking through London, I was finally able to adapt my body rhythm to his. Back then, only four tracks were available : too short ones, collected in one EP named « Insight ». His name : Julien Marchal. His hometown : Bordeaux. First, I thought this was a joke. Then I thought of a foreign artist-composer, set in the web of the European minimalist movements. After a few chats on the Internet, Julien Marchal brought down my clichés, like a house of cards falling apart. One year later, with the same, subtle intelligence, he extends his first work, « Insight » to a larger scale, thanks to 13 sensory and lifeless pieces, all explored with a huge respect for tunes.
The magic lies in self-abnegation, in the fact of erasing whys and whereabouts. When one wants to learn everything about a magic trick, the technique rapidly gets to the upper hand and the surprise disappears : only the emotion remains. Whether it is on one side or the other of the barrier, either from the musician’s or the listener’s point of view, the abstract notion of feeling is never quite the same. One could easily associate the atmosphere of « Insight » with the melancholy of his creator, a purely emotional and all but technical phase. While on the contrary, Julien asserts that most of the tracks (even all) have been composed and considered as an exercise. I do not say that the author is disembodied of any feelings ; he is a just man influenced by his classical studies and his remebrances of the clever teacher he is on his free time.
Can both technique and emotion in composing be separated ? An eternally unanswered question. One shall only think that the technique brings the emotion to life, and that the technique is the emotion. No matter where our thoughts lead us, we shall be the first victims of such a complexity. We shall be the first victims of a guilty and admirable pleasure. It is undeniable that « Insight » contains as much poetry as in numerous books from numerous writers. Focus on your first impression ; it is the key to appreciate it, and to enjoy the multiple pleasures hidden in “IX” and “XIII”. They increase it and allow us to be struck by mental images and physical reactions as well as tears or shivers.
Apart from this album, Julien works on other experimental projects as « Altered Perceptions » and a collaboration with Philippe Lamy, a passionate sound designer. Many projects that are more than only devoted to electronic and ambient influences which he likes keeping in mind. This one is never overdriven. one last confidence : the man is not afraid of being overflown. He is as impatient as musically greedy.
« Insight » by Julien Marchal is available since April, 20th 2015.
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