[Live] A Singer Must Die au Grand Théâtre d’Angers

Pari audacieux, totalement fou auraient dit certains. A Singer Must Die, toujours en quête d’adrénaline, n’a pas longtemps résisté à l’idée de se lancer dans la mise en place d’un concert unique et exceptionnel dans le confort feutré et authentique du Grand Théâtre d’Angers, en compagnie des musiciens classiques de l’OCA (Orchestre de Chambre d’Anjou).
Un pari d’autant plus ambitieux qu’il aura fallu à Manuel Bichon – la clé de sol du groupe – et à Pierre-Antoine Marçais – la baguette magique de l’orchestre – écrire, réécrire, adapter, modifier note après note, tonalité après tonalité, les partitions originales pour que les 25 musiciens audacieux s’emparent et habitent le répertoire du groupe angevin qui louvoie entre la pop dandiesque de Neil Hannon, les envolées lyriques de Brett Anderson, le charisme rock de Damon Albarn ou encore le glam rock barré de David Robert Jones.

A Singer Must Die © Fred Lombard

Les 700 spectateurs présents, ainsi qu’Alain Maneval pour l’enregistrement de son émission « L’album de minuit » sur France Inter et les caméramen d’Heliox Films, missionnés par Angers Télé, venus filmer ces instants précieux, ne s’y seront donc pas trompés.

La salle, acquise et conquise d’avance, trépigne et s’impatiente devant un parterre de chaises vides et de pupitres solennels, sagement organisés autour d’instruments a priori aussi antinomiques que peuvent l’être un hautbois et une basse électrique. Mais qui se révéleront être si complémentaires et gracieusement en symbiose, sous la majesté du chef d’orchestre et du chanteur-leader du groupe.

Lorsque enfin les lumières se fanent et que les musiciens se frayent un chemin jusqu’à leur place, une clameur et des applaudissements accueillent l’OCA qui, en petit préambule, nous offre quelques minutes symphoniques, presque hystériques. Le tapis rouge est ainsi déroulé à Manuel Ferrer et ses cinq complices qui vont commettre, pendant 1h30, un hold-up de nos sensations les plus enfouies. La voix cherche les instruments qui ouvrent la voie à la rythmique qui trouve grâce à ce concert l’opportunité de rappeler l’importance de sa précision et de la mesure.

Les cordes crissent et les voix se hissent au fil d’une setlist où s’entremêlent chansons du présent et du passé, jamais dépassées.
Quand Sutties Lea rejoint ASMD sur scène, on comprend que cela n’en est pas une au vu du potentiel vocal du vidéaste et ami de longue date du groupe, venu spécialement de Londres partager ce moment unique.

Manuel Ferrer pointe un doigt en l’air, Manuel Bichon tapote sur la caisse de sa guitare et laisse échapper des reverbs ; Manuel Ferrer revient au tocsin, on assiste à un ballet visuel, auditif et presque holographique, en trois dimensions. Les archets s’élèvent, les anches des bois susurrent leurs douces notes tandis que Émilie au vibraphone et Régis à la batterie martèlent subtilement les titres qui glissent voluptueusement sur les velours du théâtre.

A Singer Must Die © Fred Lombard

La diva Liva apparaît sur le plateau le temps d’un titre en suspension où nous nous suspendons à ses lèvres. Le duo complice plisse les yeux de plaisir et emplit égoïstement son cœur de ce magnifique souvenir. Fragile et tactile, le morceau laisse place à une composition inachevée à la gloire d’une certaine Tiphaine. Tout en calme et tempête, ce nouveau titre au succès auguré voit débouler le tube « Black Limo », qui envahit de ses images noir et blanc jusqu’à la coupole de la salle.
Passé un nouvel intermède purement musical et très jouissif, façon générique de film hitchcockien, Kramies, celui qui a brillamment œuvré en première partie avec son folk acoustique habité et soyeux, vient résumer cette belle soirée d’un « Perfect Day » de Lou Reed joué avec beaucoup d’inspiration et d’émotion devant un Alain Maneval songeur et discret, assis au premier étage, regardant de haut mais sans hauteur le duo d’un soir reprenant l’une des chansons les plus poignantes de celui dont il fut, ne l’oublions pas, l’attaché de presse.

Quelques notes de rappel plus tard, devant une salle debout ne boudant pas son plaisir d’ovationner A Singer Must Die et l’OCA, les artistes se retirent les yeux embués, le sourire libéré, fiers du devoir accompli, heureux d’avoir bravé les incertitudes, le stress, les peurs, ou la vie, tout simplement.

A Singer Must Die © Fred Lombard

Et lorsqu’on sait que Manuel Ferrer fêtait quelques heures après son anniversaire, on ne pouvait que penser, en repartant, au magnifique cadeau qu’il s’était donné, au partage inestimable qu’il nous avait concédé.


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Le concert de A Singer Must Die au Grand Théâtre d’Angers sera diffusé en avant-première et dans son intégralité sur Angers Télé courant mai.
Il sera également retransmis en 2 parties samedi 23 et dimanche 24 mai à minuit dans l’émission d’Alain Maneval « L’album de minuit » sur France Inter. Avec également une interview du groupe et de Kramies, incluant des extraits de sa première partie.

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans