[Focus] Catfish Coast to Coast : Seattle

Catfish Coast to Coast : cinq villes, cinq photographes, cinq photos préférées et cinq questions rendant compte des impressions de chaque photographe présent à chacun des événements.

Rejoignez-nous le long d’un trajet qui, de Los Angeles nous aura fait remonter la côte Pacifique jusqu’à Seattle, pour nous emmener à Chicago, et enfin rejoindre les rivages de l’Atlantique, d’abord à Boston puis à New York City ; sur les traces de la sensation britannique Catfish and the Bottlemen, au cours d’une tournée où le groupe fait découvrir au public américain les morceaux de son premier album, « The Balcony », disponible chez Communion Records. Profitez bien de la balade !

Seconde étape de notre périple photographique avec Catfish and the Bottlemen. Nous posons aujourd’hui nos bagages à Seattle avec Katie M. Simmons.

Catfish Coast to Coast - Seattle


La salle : Barboza

La ville de Seattle s’enorgueillit de son riche héritage musical, bien plus ancien que l’emploi du mot « grunge » pour décrire un genre de musique issu de la scène locale. C’est là qu’en 1948, Ray Charles a fait la connaissance d’un tout jeune Quincy Jones âgé de quatorze ans, et qu’il y enregistra et publia son premier hit américain un an plus tard. C’est également là que Jimi Hendrix a fait ses premiers pas sur scène, dans les sous-sols du site du vieux Temple de Hirsch, qui ne se trouve qu’à quelques pâtés de maisons de Barboza.

Barboza est une salle intime pouvant accueillir deux cent spectateurs et qui a ouvert en 2012. Elle occupe le même immeuble que sa grande sœur, la plus vaste salle Neumos (connue auparavant sous le nom de Moe’s). Neumos a accueilli une date de la première tournée américaine de Oasis, et a été le quartier général des Presidents of The United States. Parmi les nombreux autres groupes qui ont fait au lieu l’honneur de leur présence figurent The Raconteurs, Vampire Weekend, Muse, Fleet Foxes, Adele, The Flaming Lips et Radiohead, dont le concert gratuit qu’il a donné le 1er avril 1995 a failli déclencher une émeute, tant la salle était bondée.

De nombreux groupes émergeants choisissent Barboza pour faire leurs débuts scéniques à Seattle. Un concert des talentueux britanniques de Honeyblood (qui ont assuré la première partie de Catfish and The Bottlemen au Royaume-Uni) y est annoncé, et Wolf Alice vont également s’y produire: à l’instar de Catfish, ils seront présents en showcase au festival South by Southwest (SXSW) cette année.
Le concert de Catfish and the Bottlemen était déjà complet un mois avant leur venue, le vendredi 13 février.


La photographe : Katie M. Simmons

De toute évidence, Katie M. Simmons aime les gens. Ses manières affables se retrouvent dans son talent naturel à la réalisation de portraits, et à un art photographique tourné vers la magie du quotidien qui est son domaine de prédilection. Son amour de la photo remonte à ses années de lycée, et s’est épanoui au fil de voyages à l’étranger. Lors d’un de ces déplacements, elle fit par hasard la rencontre d’un photographe du National Geographic, qui travaillait aux Antilles. Enfin, elle a fait de la photo son métier, se perfectionnant grâce à un stage et une bourse universitaire. Son premier travail d’envergure a consisté à suivre et couvrir le déplacement du Président Clinton lors du tumultueux sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce en 1999 à Seattle et des émeutes qui ont suivi. Qu’elle ait été sélectionnée pour photographier le Dalaï-lama en compagnie d’autres dignitaires et célébrités lors de son séjour de 4 jours à Seattle en 2008 est, selon elle, un moment de grande fierté. Quand elle n’est pas derrière l’objectif, Katie met son énergie au service d’œuvres d’intérêt public, qu’il s’agisse d’aider les jeunes en besoin de repères ou de prévenir le suicide via l’organisation Forefront. C’est la seconde série de photos de Catfish and the Bottlemen réalisée par Katie à Seattle, ce qui fait d’elle une spectatrice assidue de leurs concerts dans cette ville.

Ses 5 images préférées

Coup de projecteur sur Larry… et ses amis

Les fans des Bottlemen connaissent tous Larry Lau, qui est le technicien guitare du groupe, et le reconnaissent tout de suite. Ils ont même scandé son nom au concert de Seattle !

Ici on le voit au boulot avec l’aide de ses amis Danny (le tour manager) et Mike (l’ingé son).

Souvenir de Seattle

La photo ci-dessous date du premier concert assuré par Catfish and the Bottlemen à Seattle, le 19 octobre 2014. C’est la photo que Katie et moi préférons, dans la mesure où, comme Van et Larry, nous sommes des amies d’enfance. Nous avons également grandi dans une petite ville côtière de l’état de Washington qui, à bien des égards, ressemble beaucoup à la ville d’origine des Bottlemen, Llandudno, dans le pays de Galles.

Van and Larry en ont plein le dos… au sens propre du terme.
Van and Larry en ont plein le dos… au sens propre du terme.

5 Questions à Katie M. Simmons

  • Quel a été ton moment préféré du concert ?

Katie : Il y a eu un moment très personnel après que Van a échangé avec un fan, puis a tendu sa main vers moi pour me saluer. Mais ça a été aussi génial de ressentir l’énergie des fans qui les avaient déjà vus en concert la dernière fois ; ils étaient surexcités et super fiers. La salle était comble et il y avait une forme d’intimité et de puissance, comme une véritable camaraderie entre ceux d’entre nous qui les avions déjà vus en concert. Il y avait une atmosphère de fête, de célébration, de joie devant leur succès : « Tu les as vus chez Letterman ? », ce genre d’euphorie. On sait tous qu’ils vont être immenses. J’ai des amis qui se moquent de moi parce que je parle tellement d’eux, mais je me sens un peu comme une maman fière de ses gosses.

C’est impossible de leur vouloir autre chose que du succès ! Je sais qu’ils en auront beaucoup, et qu’ils en ont déjà. Ils ont un tel talent et font aussi preuve de tant d’humilité et de gentillesse. Je pense que tout le monde va avoir envie de parler d’eux après le spectacle. Après les avoir vus la dernière fois, j’ai envoyé un email à une relation à la station de radio KEXP qui disait : « Il FAUT que tu découvres ce groupe ! » Ce sont des gens adorables et très authentiques. La douceur de Van, plein de gratitude, même cette façon qu’il a de dire « Seattle ! » sur scène. Ça saute aux yeux qu’ils sont toujours épatés par cet amour qu’ils reçoivent. Ils peuvent sentir cet amour quand ils sont sur scène, je crois, et pourtant on sent qu’aucun des membres n’est débordé par son égo. Ils jouent à guichets fermés dans des grandes salles au Royaume-Uni, des salles de 5000 spectateurs, et les voilà à Barboza, ce petit club de Seattle, à donner tout ce qu’ils ont sur scène.

  • Décris-nous le concert en cinq mots ou moins.

Katie : Profondeur. Énergie. Passion. Humilité. Talent.

  • En tant que photographe, qu’est-ce qui t’a le plus inspirée durant le concert ?

Katie : L’éclairage sur scène était délicat à gérer, et j’avais deux appareils, dont l’un a arrêté de fonctionner au milieu du concert. Cependant, ce que j’ai préféré, c’était de faire ça dans une salle si intime, d’être si proche d’eux et de pouvoir lire les expressions sur leurs visages. J’adorerais faire un montage de toutes les expressions de Van, qu’il soit en train de chanter un morceau calme et acoustique ou qu’il soit dégoulinant de sueur, à bondir partout sur scène, en osmose avec les musiciens de cette manière si pure, si à vif, si musicale. J’ai adoré l’amplitude des émotions dégagées. On ne peut qu’aimer chacun d’entre eux. C’est la deuxième fois que je les photographie, donc je les connaissais, eux et leurs chansons. Je chantais à voix haute tout en photographiant, et beaucoup de gens reprenaient les paroles de beaucoup de leurs chansons. Cela créait une telle proximité. Que tout ça se passe dans une petite salle, c’est un détail important, non ? Ils ont joué chez Letterman ! À présent, ils sont connus partout en Amérique et dans le monde entier. Ils pourraient vraiment avoir un égo surdimensionné et se comporter comme si « c’était indigne d’eux », et à la place, ils se donnent à fond où qu’ils soient.

  • Quelle photo est ta préférée, et pourquoi ?

Katie : Il y a une photo de Van riant avec un fan, ça montre à quel point ces gens sont vrais et très faciles à approcher. Cela montre leur dévouement au public. On y voit leur charme, leur joie et leur conviction d’être exactement là où il faut, pile au bon moment. C’est ce qui fait leur force et peut-être une part de ce charme. Ils sont exactement là où ils veulent se trouver. Il y a une étincelle dans l’œil de Van, ils sont tous bourrés de charisme ; tout cela est palpable. On sent comme ils sont connectés entre eux et avec la salle. Ils sont vrais et c’est une excellente raison de les aimer. Il y aussi un petit détail marrant sur cette photo. Les lumières dans le fond dessinent un petit cœur, tu le vois ?

  • Tu souhaites ajouter autre chose ?

Katie : J’avais un peu peur d’être interviewée et voilà que je parle d’eux depuis une heure ! En général, je tends, en tant que photographe, à vouloir saisir des gens et des photos dans des situations quotidiennes. Je fais ce projet pour m’amuser. J’ai pris des clichés de quelques groupes – Dave Matthews, Death Cab for Cutie – avant qu’on commence à travailler ensemble. Puis j’ai photographié Catfish and the Bottlemen, Bear’s Den et Dan Mangan + Blacksmith pour toi. Je veux que tu partages cette photo de toi, la parfaite fan de punk rock, quand on était au lycée à Port Angeles, dans l’état de Washington. Comme je te connais depuis le CM2, je sais que tu aimes la musique depuis toujours, et ça a été sympa de partager ta passion et de t’accompagner sur ce chemin. Je suis impatiente de voir où tout cela va mener. Et dire que Brian Phillips, notre ami DJ de l’époque de Port Angeles, va recevoir le groupe dans l’Ohio (pour l’émission The Big Room, sur les ondes de Columbus, Ohio, CD102.5) ! Je n’arrive pas à croire que trois personnes de notre petit patelin d’enfance suivent ce groupe dans trois villes américaines de la tournée ! Mais qu’est-ce qui nous arrive ?

Julie, à gauche, dans son costume de rockeuse lycéenne et comme s'en souvient Katie : "Il y a bien longtemps, tout cela étant un peu flou, et bien avant l'avènement de la photo digitale".
Julie, à gauche, dans son costume de rockeuse lycéenne et comme s’en souvient Katie :  « Il y a bien longtemps, tout cela étant un peu flou, et bien avant l’avènement de la photo digitale ».

Quelque chose qui est aussi très important, c’est cette camaraderie que ressentent les fans pendant les concerts. Une partie d’entre nous a désormais déjà prévu d’aller voir Wolf Alice à Barboza en mars. Quand j’ai appris que les billets de Catfish étaient en vente, j’en ai acheté huit pour pouvoir y emmener des amis et faire en sorte que tout le monde connaisse ce groupe. Ils donnent aux gens l’envie d’être derrière eux et de les porter. Ils sont vrais et sur le bon chemin pour finir par mettre un pied dans cet hélicoptère dont Van t’a parlé la dernière fois !

Tous mes remerciements au groupe, ainsi qu’à Arwen, Daniel et Kristina de rendre cette aventure possible.

Prochain épisode : Schubas, Chicago

Redécouvrez l’épisode 1 : The Troubadour, Los Angeles.


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Adaptation française par Simon Lanciaux.

Photo of author

Julie Blore-Bizot

Américaine francophone, biculturelle et mélomane en quête de sensations sur scène au cœur de Los Angeles. Twitter : @juliequips