[LP] Barzin – To Live Alone In That Long Summer

On peut d’abord s’attarder sur le titre du quatrième album de Barzin. « To Live Alone In That Long Summer » ; cette phrase dont les premières clefs de compréhension ne nous appartiennent pas. Doit-on la percevoir comme celle d’un guide adressé au marcheur solitaire ou peut-on la voir comme la propre errance du compositeur canadien qui depuis 2009 et son album « Notes To An Absent Lover » n’avait plus rien dévoilé ?

Barzin - To Live Alone In That Long Summer

Tant de questions laissées sans réponse tant que nous ne sommes pas entrés dans l’écoute et pourtant tant de réponses, presque évidentes, après avoir consacré notre temps à sa découverte. De la précaution et de l’attention, voilà ce que ce nouvel album de Barzin exige malgré tout. L’esthète Barzin Hosseini a depuis ses débuts en 1995 pris le temps souhaité et nécessaire pour dévoiler ses projets. Le premier album éponyme n’aillant d’ailleurs vu le jour qu’en 2003.
« To Live Alone In That Long Summer » ne déroge pas à cette règle, et témoigne de trois années de réflexion, partagées avec l’écriture de son recueil de poèmes « Something I Have Not Done Is Following Me » et sa collaboration avec Memoryhouse sur leur dernier album « The Slideshow Effect ». Produit par Nick Zubeck, bénéficiant des conseils précieux de Sandro Perri et entouré d’une pléthore de grands musiciens canadiens dont Tony Dekker (Great Lake Swimmers), Daniela Gesendheit (Snowblink) et Tamara Lindeman (Weather Station) aux chœurs sur certaines pistes, le compositeur canadien a l’ambition de jouer son meilleur album à ce jour.

Avec « All The While », ouverture fascinante du nouvel album, on entre dans le vif du sujet. Une pop indescriptiblement riche comme une rivière de sentiments qui s’écoule inexorablement. Le piano nous accueille, puis les cordes, et les mots de Barzin « All the while you wait for your heart to wake up » suffissent à nous révéler toute la sensibilité du musicien. À chaque morceau, ses moments de grâce, comme « Without Your Light » se complète sur le refrain d’un « I just can’t see » presque évident, mais terriblement fort. Et comment ne pas succomber au rassurant « Stealing Beauty » avec cette voix impassible, à la douce ballade pop folk « In The Morning », à la ballade noctambule rythmée à la caisse claire d’ « In The Dark You Can Love This Place » ou au superbe titre pop chargé en nostalgie de « Fake It ‘Til You Make It ».

« To Live Alone In That Long Summer » nous parle de la solitude et de notre rapport à l’intimité et à l’inconnu. Il nous questionne sans porter nos maux, et nous laisse bien au-delà du rêve, contempler notre propre réalité. Il y a décidément beaucoup de poésie chez Barzin, et cela dépasse le poids des mots. Cette poésie  est reflétée dans les notes jouées, dans la douceur rassurante et constante du chant du musicien. Une voix enveloppante et apaisée, ayant trouvé son équilibre et sa place. Une page restée longtemps blanche s’imbibe enfin d’encre et de sentiments avec ce quatrième album de Barzin : un album extrêmement touchant, à la langueur sincère.

crédit : Sara Collaton
crédit : Sara Collaton

Neuf titres qui trouvent la porte de nos sentiments et façonnent la clef pour y accéder. Et à Barzin de nous offrir la conclusion : « I feel I’ve been trying to create this album since I began making records« , ou la preuve que le temps peut conduire au plus sincère des albums.

« To Live Alone In That Long Summer » de Barzin, sortie le 24 février 2014 chez Monotreme Records.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques