Aube L – Wake up the joy

Le dernier Aube L, c’était il y a à peine quelques mois. Le suivant arrive le 12 juin. Elle est l’exception qui confirme la règle : on peut faire de la qualité et de la quantité. Chez Aube L, il y a cette nécessité, cette urgence, de toujours être en accord avec ce qu’elle crée. De retrouver lorsqu’elle offre en concert ses compositions, le même état d’esprit que lorsqu’elle les écrit. Alors il y a une course contre le temps, contre l’inévitable évolution de l’humain. Toujours en adéquation avec ce qu’elle propose. Alors indiemusic a pris un train d’avance…

Aube L - Wake Up The Joy

S’il faut présenter l’album de la façon la plus rationnelle, il s’agit de huit pistes chantées en anglais. Trente minutes de poésie. Les choses sont dites. Place à ma perte rédactionnelle et introspective, face à un album enivrant.

La musique d’Aube L semble toujours avoir pris les chemins de la joie. De l’obscurité à quelque chose, aujourd’hui, de beaucoup plus apaisé. Assumé aussi. Au fil des états d’âme, la musique s’est atténuée et offre dans « Wake up the joy », l’album, une voix des plus résonnantes. Une voix mise à nue, qui déploie pourtant toute la détresse. C’est vrai, la première écoute est plutôt aérienne. C’est vrai, l’album apparaît moins sombre. Mais l’éclaircie fait elle vraiment le beau temps ? Les hirondelles font elles le printemps ?

Les cicatrices sont des plaies. Guéries certes. Mais elles restent sur nos peaux, telles des crevasses du temps. L’album est cette ambiguïté. Un corps debout, fier, beau et heureux. Mais aux mille blessures. Grand de mille blessures. De la même façon, la musicalité de l’album, aux touches électros, à la ligne épurée, est planante. Aérienne. Vertigineuse surtout. Terriblement vertigineuse.

L’écoute surprend, tant par la richesse minimaliste du travail, orfèvrerie mélodique, que par la direction qu’il prend. Interloquant. Avoir parlé avec Aube L et puis penser découvrir l’allégresse, bercée par ses compositions, c’est s’être trompé. « Wake up the joy » n’est pas l’album de la joie. À l’image des vagues qui se calment, mais ne font pas une mer sans remous, la musique d’Aube L ne me semble pas être ce qu’il y a de plus rassurant. Voix stridente. Bruitage emprunté au cosmos. À l’inconnu. À l’infini. Hors contrôle.

L’album s’ouvre sur « Life is all around ». Notes de piano soufflant la liberté. Cette voix toujours androgyne nous enveloppe et nous porte. Dans les basses et puis s’envole. Il est vrai qu’ici, il est souvent question d’ascension. Des chœurs aux allures mystiques. Monastiques.  Sur « Wake up the joy »  l’heure semble avoir sonné. La voix semble se déchirer entre force et fragilité.  Puis sur « No time no wait » elle apparaît mi-blessée, mi-plaignante. Une voix qui porte et change de parures avec délicatesse. L’album se conclut sur « Hold me » sa voix dépossédée de toute puissance. Forte dans la fragilité. Portée par un piano. Posée sur un piano. Sans armes.

crédit : Laurence Barriol
crédit : Laurence Barriol

Il est beaucoup question de voix. C’est légitime, puisqu’ici, Aube L a fait le choix de la sublimer, par une composition musicale des plus légères. L’apaisement est sûrement le fruit de cette minutie. Une écriture où Aube ne laisse rien au hasard. La musique que nous entendons semble être celle qui habitait sa tête, à l’origine du projet. Cette mélodie de l’inconscient.

« Wake up the joy » est un passage. En tout cas, c’est celui que j’emprunterai pour connaître un état beaucoup plus serein. « Wake up the joy » est une suggestion de mélancolie. Mélancolie dépoussiérée. Celle qui renforce plus qu’elle n’attriste. Celle qui au fond de notre corps berce. Celle qui réveille la joie.

Cette chronique est une interprétation de « Wake up the joy ». Une parmi tant d’autres.

« Wake up the joy » d’Aube L, sortie le 12 juin.

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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes