[LP] Zombie Zombie – Slow Futur

Zombie Zombie s’associe au spectacle « Slow Futur » d’Elsa Guérin et Martin Palisse, et nous compose une B.O. simplement cosmique qui ravira les amateurs de revival électro-psyché et de musique cinématique.

Zombie Zombie - Slow Futur

Parler de l’influence de John Carpenter chez Zombie Zombie est un peu téléphoné. Tout le monde est au courant et, bien évidemment, « Slow Futur » n’est pas bien loin des compositions du cinéaste américain. Cependant, force est de constater que le trio parisien continue d’exploiter sa veine caractéristique : une électronique par moments très abstraite et souvent psychédélique. À la fois planantes et répétitives, les mélodies de ce nouvel EP accompagnent à merveille la chorégraphie, minimaliste et abstraite, symbole d’une déshumanisation progressive dans les temps à venir, imaginée par la compagnie le Cirque Bang Bang.

Par le passé, le groupe d’Étienne Jaumet et Cosmic Néman s’était déjà aventuré vers d’autres formes d’art, comme les ciné-concerts avec « Le Cuirassé Potemkine » en 2009, ainsi que des courts-métrages du réalisateur et biologiste Jean Painlevé en 2014. Après avoir signé deux bandes (très) originales, le voilà qui s’attelle, avec pour la première fois l’aide de son batteur, à écrire pour une performance scénique.

À l’écoute de ce nouveau projet, on a comme un goût de Sun Ra en bouche, pour l’habillage mystique derrière lequel se cachent quatre titres psychédéliques, qui s’étirent vers des contrées lointaines. Neu! n’est pas non plus très loin lorsque les motifs rythmiques et harmoniques se répètent et dessinent les contours d’un monolithe iconoclaste. Clairement influencé par une culture en marge, à la fois avant-gardiste et étiquetée « Z », Zombie Zombie va plus loin que jamais.

On entame les réjouissances avec « Hyperespace », qui nous emporte dans les méandres cosmiques d’un espace lent et répétitif, qui engouffre l’esprit dans une bulle plus futuriste que rétro, pour une fois. Sans pour autant se désaxer de certains gimmicks, un peu de fraîcheur chez Zombie Zombie ne fait pas de mal. Les percussions tribales enlacent les ondulations des claviers et transforment le simple voyage spatial en transe intergalactique.

Le titre éponyme, véritable odyssée robotique, se joue en trois temps bien distincts, dans lesquels organique et acoustique se télescopent dans un trip sans commune mesure, qui culmine à seize minutes ! Rappelant la virtuosité des « Rituels d’un Nouveau Monde » paru en 2012, Zombie Zombie fait ce qu’il sait faire et sans la moindre faute. « Blue Screen » est une mélodie sous-tension dans laquelle chaque note semble hantée par les spectres d’un futur hostile. La partition débute sur un beat sec et frénétique. Les claviers se mettent à distiller des nappes de synthés minimalistes. L’esthétique carpenterienne n’est pas loin, mais reste tout de même à l’écart, comme une simple influence et non pas un cadre dans lequel évoluer. Des objets sonores décalés et inquiétants viennent ponctuer treize minutes de vagabondage à travers l’imaginaire des trois musiciens. « Extra Life » nous propulse un peu plus dans le futur. Une batterie qui accélère le tempo, des beats savamment orchestrés et le saxo de Jaumet se mêlent pour dessiner les contours d’un jazz électrique, sous perfusion psychédélique et rétro-futuriste. Bref, une fin digne de ce nom !

Nous voilà en face d’un voyage sensoriel des plus agréables, qui nécessitera tout de même quelques connaissances pour saisir le monde ultra-référencé vers lequel nous emporte Zombie Zombie. Même si toutes les compositions sont de qualité, le titre « Slow Futur » est nettement au-dessus de la moyenne. Si certaines personnes regrettent l’époque de « Rituels d’un Nouveau Monde », ne voulant plus d’une énième B.O. mais bel et bien d’un successeur à cette bombe psychédélique, Étienne Jaumet vous répond que « Slow Futur » est ce troisième album !

Pourtant, à l’écoute de ces quatre pistes, dont la dernière tient plus de l’installation sonore que du classique morceau de musique, nous avons l’impression de pénétrer dans un champ d’expérimentation où le groupe, fort de sa notoriété, se tourne et s’ouvre vers d’autres mondes et d’autres créations, avant de revenir un jour en studio avec un imaginaire d’une richesse folle.

Zombie Zombie

Zombie Zombie s’aventure au-delà des références que nous leur connaissons et converge vers un Nouveau Monde, au diapason de son esprit frondeur, ne souhaitant pas répéter la grâce de son deuxième album, mais plutôt construire les chemins vers lesquels découvrir une musique nouvelle et vierge. Quitte à désarçonner les fans de la première heure, Zombie Zombie se tourne irrémédiablement vers le « Slow Futur ».

« Slow Futur » de Zombie Zombie, sortie le 22 avril 2016 chez Versatile Records.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.