Depuis quelques années, celui qui se présente sous l’entité YMNK, incarne l’essence même du musicien indépendant, à travers son mille-feuille créatif basé sur un subtil dosage de passion, de conscience, d’audace, d’intelligence sonore, de technicité, d’authenticité. Dans la sphère des musiques électroniques, à laquelle il serait assez logique de l’associer, Alexis Zbik incarne une autre voie, largement influencée par son passé de guitariste rock au sein du groupe Shiko Shiko. Sa musique est ample, généreuse, sensible, vivante et vibrante. Avec beaucoup de liberté et de créativité, elle s’approprie de nombreux codes des différentes ramifications électroniques dans un esprit DIY décomplexé et libérateur, à l’origine d’une fusion esthétique capable de nous faire danser comme de nous faire rêver. Son dernier EP en date confirme la pertinence de son inspiration, mais souligne également ô combien son territoire créatif est en mouvement permanent. À n’en point douter, comme l’atteste sa communication en ligne, il se nourrit de l’effervescence musicale actuelle indé. Ce n’est pas rare de le croiser devant la scène des concerts les plus excitants du moment, en particulier dans le nord de la France. Ce nouveau numéro d’entourage est indéniablement une histoire de connexion, lui qui multiplie les interactions avec d’autres artistes comme avec le groupe Meule, présent dans ces confessions relationnelles et musicales.
Serguei Spoutnik
Serguei Spoutnik, c’est le projet de Damien Lecocq que j’ai rencontré sur la route à l’époque où on jouait tous les deux dans nos groupes de rock ++ respectifs : lui dans QDRPD (ou anciennement Quadrupède) et moi dans Shiko Shiko. C’est un musicien bourré de talent. Sa musique est à la fois minimaliste, ambient et lo-fi ; un chouette mélange qui m’inspire beaucoup dans mes morceaux. On s’est recroisé et reconnecté récemment, il m’a invité à jouer au Mans et moi je suis allé chercher un synthé pour lui dans le fin fond du Nord de la France : un magnifique Yamaha AN1X, le genre de machine qui est capable du meilleur comme du pire. Je conseille vivement son premier EP, « Subject, Verb, Complement », ainsi que le dernier EP de QDRPD, « Interiors », un disque très beau et très bizarre, tout ce que j’aime.
Johnnie Carwash
Bon, on ne peut pas vraiment parler d’entourage, car eux ne me connaissent certainement pas. Mais moi je porte régulièrement leur t-shirt lorsque je suis sur scène. Donc on va dire que ça marche. J’aime beaucoup ce t-shirt car on peut y voir un dinosaure avec des cœurs dans les yeux qui fait du patin à roulettes, je pense que tout est dit. Je les ai vus en concert au festival MaMA et ils avaient sacrément retourné la salle, c’était trop beau à voir. Ils jouent vite, fort et bien, les mélodies défoncent, l’énergie est incroyable et ça transpire la sincérité : donc ça coche toutes les cases chez moi. On va jouer sur le même festival le 7 juillet, En Nord Beat, à Bailleul dans le Nord, cette partie de la France où j’habite et où il y a trop de briques rouges (mais on y trouve aussi les meilleures frites du monde). Ça me fera une bonne excuse pour les revoir. (NDR T-shirt qu’il a encore porté fièrement sur la scène du Main Square Festival dernièrement, leur rencontre attendue ces jours-ci pourrait déboucher sur une belle surprise !)
Meule
J’ai fait deux festivals Les Z’Éclectiques du côté d’Angers et la fête de l’îlot à Dunkerque et on a partagé l’affiche avec Meule. C’était vraiment cool de les revoir. Je leur ai recommandé quelques plans tourisme et restauration sur leur route du retour, j’espère qu’ils les ont suivis. Avec Meule, on s’est rencontrés pendant les iNOUïS du Printemps de Bourges l’année dernière. J’ai joué juste après eux, et c’est très compliqué de jouer derrière tellement ils envoient sur scène. On a des atomes crochus parce que modulaire + guitare. Je pense que c’est pour ça qu’on s’est retrouvés ensemble en juillet 2022 pour une résidence de création sur une péniche. (NDR pour le projet Urban Boat Session) C’était chouette de brancher tout notre bordel ensemble et de créer des morceaux ! Ce sont de super musiciens, très inspirés. Du coup, travailler avec eux c’était que du bonheur, méga fluide. On a enregistré deux morceaux et ils sortent bientôt sur une cassette !
Gablé
Ça fait un petit bout que Gablé n’a pas sorti de disque, c’est sûr. Mais je voulais leur faire un coucou ici car je les aime beaucoup. Et puis on avait partagé pas mal de scènes dans le passé avec mon ancien projet, ce qui fait que je les ai beaucoup vus sur scène. Je n’ai que d’excellents souvenirs de ces concerts. Encore aujourd’hui, ils font partie de mes groupes préférés, et restent une grosse source d’inspiration. On avait même monté un groupe éphémère avec des copains qu’on avait baptisé Gablur. On mélangeait des morceaux de Gablé avec ceux de Blur. Ça a plus fait rire Gablé que Blur d’ailleurs. J’espère vraiment qu’ils enregistrent un nouvel album en ce moment, quelque part, en secret, dans leur maison en Normandie. Comme ça on pourra refaire des concerts ensemble et ça sera trop bien.
The Toy Commander
JC de The Toy Commander est un très très très bon copain. Mais c’est aussi un musicien ultra-talentueux. On a partagé quelques groupes ensemble (je vous ai parlé de Gablur…) et il fait partie de ces rares musiciens avec qui je joue et où ça marche tout de suite, où on se comprend direct. Je pense qu’on pourrait enregistrer mille albums ensemble, mais ça ne servirait à pas grand-chose à part surcharger les serveurs de Bandcamp. Ah si, on se ferait grave plaisir je pense. On va garder cette idée pour dans vraiment plus tard. Sa discographie est dense, donc je vous laisse avec son tube interplanétaire « Double Rainbow », une chanson qui me saute aux oreilles comme une madeleine de Proust à chaque fois que je vois un double arc-en-ciel, ce qui arrive trop peu souvent. Bisous JC.
Bonus : Jean-Michel Jarre
J’ai une boîte de développement logiciel pour la musique, et j’ai développé avec lui « Eōn », son album infini sous forme d’application téléphone. Du coup, j’étais obligé de le mettre. Sans mentir, c’est à cause de lui que je fais de la musique, car j’écoutais tout le temps ses albums quand j’étais gosse. Et en fait, les concerts de YMNK, c’est un peu des concerts de Jean-Michel Jarre mais avec beaucoup beaucoup beaucoup moins de budget. On va aller plus loin : finalement, YMNK, c’est le parfait mélange entre Gablé et Jean-Michel Jarre. Voilà, j’ai ma conclusion.
Le dernier paragraphe de ce numéro d’Entourage ne peut résumer avec autant de justesse, par ce délicieux storytelling humble et passionné, ce qui caractérise toute la singularité d’YMNK. C’est d’ailleurs pour lui, un beau défi que de traduire en format disque, son implication physique et mentale dans sa propre musique. Rares sont les musiciens qui mettent autant d’eux dans leur création. Alexis de son vrai prénom, s’est construit un espace de jeu et d’expression pour libérer le bouillonnement de sa sensibilité à fleur de peau. C’est d’ailleurs assez fascinant de découvrir à quel point sa musique n’a pas besoin de mot pour parler. Alors qu’elle pourrait être ainsi un peu trop facilement rangée dans la catégorie « electronica » et soupçonnée à tort d’être conceptuelle et intello, elle amplifie sur son nouveau format court son rapport à la pulsation et par extension à la danse. À travers un souffle grisant et contagieux, YMNK est capable désormais de retourner n’importe quel dancefloor comme l’ont démontré ses sets endiablés de ce début d’été et les réactions en cascade sur les réseaux sociaux, du public qui le découvre souvent pour la première fois. Nous pourrions même oser une comparaison hasardeuse pour décrire un morceau comme « U&I », comme le fantasme d’une rencontre entre le duo Justice et les Américains de Tortoise, réunis pour la composition d’un nouveau générique d’Albator, le tout réalisé par un seul et même musicien, avec ses machines et sa guitare. Actuellement, YMNK est certainement l’un des artistes les plus attachants et passionnants de la scène indé en France, tous styles confondus. Son actualité très active (clip, EPs, sessions, featuring…) ouvre en permanence de nouvelles perspectives, alimentant cette curiosité gourmande pour cet artiste pas comme les autres, qui n’a certainement pas fini de nous étonner.
« YMNK » de YMNK est disponible depuis le 14 juin 2023 chez Wiser Records.
Retrouvez YMNK en concert ce vendredi 7 juillet à Bailleul (59) pour En Nord Beat Festival, le 13 juillet à Rouen (76) pour Les Terrasses du Jeudi et le 22 juillet à Sainte-Pazanne (44) au festival La Bombance.
Retrouvez YMNK sur :
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