Pour célébrer les 25 bougies de Born Bad Records (disquaire et label punk préféré des Parisiens), les chaotiques rockeurs néerlandais de Tramhaus jouaient pour son anniversaire à la Maroquinerie, aux côtés de Lullies et Alvilda. Le groupe post punk des Pays-Bas nous donne rendez-vous dans la cour de cette salle mythique de la rue Boyer. Partagé entre son sentiment d’injustice au sein de l’industrie musicale et la forte énergie échangée avec son public, Tramhaus se confie à nous.
- Jusqu’ici, vous avez dévoilé de nombreux singles, maxis deux titres ainsi qu’un premier EP « Rotterdam » (2022). Ce choix de dévoiler progressivement votre son de façon très sporadique vous permet-il de tester ce qui plaît plus ou moins à votre auditoire afin d’affiner votre son en direction de votre futur album « The First Exit » ?
On n’avait pas beaucoup de nouvelles chansons, c’était une façon de rester en contact avec nos fans, que ça reste encore frais dans leur tête ; l’idée de faire un album aurait davantage ressemblé à une compilation de morceaux alors qu’ils ne sont pas tous composés au même instant. Ça n’aurait pas fait sens pour nous au regard de notre histoire.
- Vous êtes de plus en plus connus pour marquer les esprits sur scène à travers un set débordant d’énergie et d’une fougue magnifique. Qu’est-ce qui vous procure l’envie, le mouvement, la décharge nécessaire pour réitérer concert après concert le même exercice avec une passion intacte auprès d’un nouveau public ? Autrement dit, le live tel que Tramhaus le conçoit requiert-il une certaine préparation physique ?
On répète, on se fait souvent des câlins avant d’entrer sur scène, on suit souvent la foule et son énergie.
- Si demain, on vous octroie un budget exceptionnel pour une tournée, où placez-vous cet argent ? Dans la scénographie, dans un tourbus géant pour y stocker des tonnes d’instruments, dans une camionnette 10 places pour jouer avec vos meilleurs potes à travers toute l’Europe ? Dites-nous tout ?
C’est une bonne question ! On aurait tout investi dans le confort, un bon van, un studio de qualité, des superbes guitares ! Également dans des choses pratiques comme un ingé lumière et quelqu’un pour nous documenter sur la route.
- Vous êtes certainement les mieux placés pour nous en parler : quels sont parmi vos compatriotes hollandais les meilleurs groupes et artistes à suivre de très près chez vous ? Donnez-nous quelques noms !
Lewsberg, on les adore ! Texoprint, ils passent au Supersonic à la Block Party ! Et aussi Neighbours Burning Neighbours !
- L’industrie musicale évolue à une vitesse folle et très positivement, en prenant de plus en compte les minorités de genre, en aspirant à plus d’égalité au sein des programmations de salle, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Quel est, selon vous, le prochain combat à mener ?
Mieux payer les artistes : c’est vraiment tendu, surtout en ce moment. Tout devient cher mais nos revenus n’augmentent pas. Il faudrait aussi plus de respect envers les autres, c’est la base mais certains doivent encore fournir des efforts. Les festivals sont devenus tellement chers que les jeunes ne peuvent pas se permettre de prendre des billets alors que c’est notre cible, et ainsi, ils ne peuvent pas découvrir d’autres groupes. Les festivals deviennent de plus en plus exclusifs et ça va bientôt devenir une activité de riche. Les prix deviennent ridicules, jusqu’à ne plus permettre de profiter de l’expérience confortablement, pour manger ou boire par exemple.
- On a pu voir votre nom sur de nombreuses affiches de festivals ces derniers temps. Vous êtes plutôt à rêver de main stages gigantesques ou le contact moite des clubs souterrains se prête-t-il mieux à votre musique et à son discours ?
Pour la taille du groupe, on aime les grandes scènes, c’est plus confortable mais les small shows sont mieux. Ensuite, les festivals se prêtent davantage à l’exercice, car les gens s’amusent déjà. Chaque espace a ses avantages. On peut aussi atteindre plus de gens en festivals, et on espère revoir ce même public dans le cadre de nos tournées.
- Après vous avoir vu sur scène, qu’aimeriez-vous que le public retienne de Tramhaus ?
Qu’ils aient besoin d’un moment pour s’en remettre (haha), que les gens soient heureux, qu’ils ressentent une sorte de soulagement après nos lives, qu’ils se sentent tout simplement mieux et qu’ils en veuillent encore plus !
« The First Exit » de Tramhaus, sortie le 20 septembre 2024 chez Subroutine Records.
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