[Clip] [Exclusivité] Trainfantome – New Mistake

Que représente le rock aujourd’hui dans nos sociétés contemporaines, en particulier en France ? Difficile de répondre objectivement à cette question, sans tomber dans les affres de la nostalgie, de l’angélisme, dans les tourments du cynisme, du fanatisme, de la fascination… Même si la scène hexagonale n’a jamais semblé aussi active, alors que le rap est incontestablement le genre dominant et omniprésent auprès de la jeunesse.  Une chose est sûre, le rock est toujours là, il est toujours cet exutoire vibrant, résilient et libérateur, permettant de transcender frustration, ennui, désespoir, mélancolie et autre rage. Le groupe loriento-nantais Trainfantome confirme de la plus belle des manières, ce point de vue, en dévoilant les prémices de son prochain album, à travers le clip incandescent de « New Mistake », à découvrir ce jour en exclusivité pour indiemusic.

Notre rédaction avait déjà identifié chez Olivier Le Tohic, l’âme de Trainfantome, une sensibilité à part, en 2018, à travers un premier album intense et magistral (à l’intention première en solo, mais à la concrétisation collective), que nous avons redécouvert en rédigeant cet article avec une émotion certaine. Dans une société, où les injonctions vers la réussite, l’accomplissement sont légion, le rock reste fort heureusement cet espace de liberté, d’évasion et de catharsis ; ce lieu de contraste où l’artiste se confronte à ses contradictions, ses faiblesses, ses démons, ses émotions, ses obsessions, ses fantômes… Sortir un album comme « Mature Immature » était à la fois un geste foncièrement futile et vain au sens économique du terme, et pourtant terriblement impératif et salutaire, au sens humain et artistique du terme. Près de cinq années plus tard, ponctuées par la sortie d’un EP en 2020, l’entité est désormais un groupe à part entière, et plus seulement le prolongement de la créativité permanente et contrariée de son géniteur.  « New Mistake » est ainsi une parfaite synthèse de l’évolution en groupe de Trainfantome. Il y a toujours bien sûr la voix aérienne, expressive et profonde d’Olivier Le Tohic, qui dessine de subtils reliefs dans l’interprétation des mots poétiques et intimes de cette chanson mélancolique. Elle évolue au cœur d’une instrumentation complice, recherchée et racée, qui n’en oublie pas d’être électrique et puissante.

« New Mistake » se projette avec force dans les attitudes d’une femme voluptueuse, fumeuse captivante et charismatique, où la caméra s’attarde sur le moindre détail. Il ne se passe presque rien, et pourtant.  La tension implicite qui habite aussi bien le son que les images monte au fur et à mesure vers une sorte de paroxysme bruitiste, et donc forcément émotionnel, bouleversant de justesse et d’intensité.  La cigarette, et par extension ce feu qui se consume, est le vecteur de nombreuses métaphores et interprétations, pour cette chose qui dévore et envahit. Alors que les membres de Trainfantome revendiquent dans leur identité musicale, un lien très fort avec les grands « losers » du rock indépendant de ces 45 dernières années, depuis le néo-romantisme new wave et gothique des années 80 jusqu’au désespoir criant du post-hardcore moderne, ils arrivent par leurs ambitions propres, leurs inspirations personnelles, à se débarrasser d’étiquettes souvent dures à porter, pour se frayer leur propre voie dans des eaux troubles, mâtinées de shoegaze, de pop, de noise, de folk, de post-punk, de cold wave… Histoire de brouiller les pistes, nous pourrions évoquer pour l’état d’esprit, beaucoup plus que pour des considérations esthétiques, des figures comme Louis Jucker et Coilguns, Birds In Row et de fait Quentin Sauvé, et même Chino Moreno et les Deftones, voire Thom Yorke et Radiohead, Ian Curtis et Joy Division. Autant de groupes et de personnalités ayant mis beaucoup de sens dans l’acte créatif et musical !

L’album « Thirst » de Trainfantome est annoncé  pour une sortie en coproduction des labels Flippin Freaks, Influenza et Howlin’ Banana, à l’automne 2023.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.