[Live] Terres du Son 2015, jour 3

En ce dimanche, les nuages sont venus ménager les festivaliers fatigués et leur apporter un peu de fraîcheur. Au réveil, les jambes sont lourdes, les corps fatigués, mais le cœur et les oreilles en redemandent. Démarrée sur des rythmes swing et reggae apaisés, cette dernière journée s’enflamme notamment avec Electro Deluxe et Too Many Zooz, qui exhument l’énergie encore enfouie dans les entrailles d’un public qui ne demandait pas mieux.

Electro Deluxe - crédit : Pauline Lavidale
Electro Deluxe – crédit : Pauline Lavidale

Article écrit par Charlène Biju et Pauline Lavidale

Pour commencer l’après-midi tout en douceur, rendez-vous sous le chapitO, où l’ensemble New Bottle Old Wine composé de cuivres, d’une contrebasse et d’une chanteuse sert un swing posé évoquant les années 30. Accompagné de deux danseurs de Lindy Hop, le groupe reprend les grands standards du genre devant un auditoire attentif.

Changement de décor. Zoufris Maracas vient sortir les festivaliers de leur sommeil pas tout à fait dissipé. Le groupe, dont le nom fait référence aux débuts de l’immigration algérienne en France, joue une musique énergique, aux influences variées. Les textes, teintés d’humour, sont souvent engagés, et le public connaisseur les reprend avec bonheur.

Pour continuer l’après-midi, sur la scène Ginkgo, le batteur Tony Allen est venu avec six musiciens à ses côtés. L’artiste de talent joue des morceaux afrobeat, son style de prédilection, tantôt accompagnés de sa voix grave, tantôt de celle de son pianiste. Tony Allen n’est pas là pour s’accaparer la vedette et sait, en toute simplicité, céder la place à ses compères. Lui, ce qu’il aime, c’est jouer. Le musicien nous le dit en personne : « S’il n’y avait pas de programme à respecter, le show continuerait jusqu’au lendemain ».

Puis nous partons dans le Sud de la France. Les trois Marseillais de Massilia Sound System, accompagnés de leurs musiciens, font souffler un vent de Provence sur la prairie. Dans leurs textes festifs résonnent un accent que l’on reconnaît bien et qui nous rappelle les vacances. Tout le monde chante et, entre deux morceaux, on entendrait presque les cigales. D’ailleurs, pour s’y croire encore plus, le groupe paie sa tournée de Pastis. Ces gars-là sont fadas, et le public adore ça !

Venant d’une femme à l’allure frêle, c’est pourtant un son puissant qui nous parvient du ChapitO. Jeanne Added interprète des chansons électro-rock entourée d’une claviériste et d’une batteuse. Également auteur-compositeur, la jeune artiste, issue d’une formation classique en jazz, a pris un virage à 360° pour sortir son premier projet solo très personnel. Et le public suit le mouvement avec bonheur.

Très attendu et après avoir été annoncé par un chauffeur de salle au look et à la nécessité peu convaincants, comme s’il fallait encore le présenter, Damian Marley fait son apparition. Il assure un show sans surprise, mais efficace, en interprétant son répertoire, avant de finir par quelques chansons de feu son papa. Le public, devenu très nombreux, bouge au rythme du reggae et c’est sans surprise non plus qu’une odeur de chanvre plane désormais sur la plaine.

Electro Deluxe, c’est d’abord une très grande classe. Ensuite, c’est une musique énergique, jazz et maîtrisée. Le chanteur gentleman, James Copley, est là pour nous séduire. Et, avec son costume cravate, ses yeux bleus et son sourire ravageur, son charme est indéniable. La foule est conquise par son aura. Le big band joue des rythmes soutenus qui emportent le public, fédéré et reprenant les chorégraphies avec joie. Rejoint par DJ Greem, le chanteur entonnera « Happy » de C2C. Peu après, Beat Assailant viendra rapper sur le fameux titre « Smoke ». Ils nous l’ont dit : le temps d’un concert, Terres du Son était invité chez Electro Deluxe, et croyez-nous, ces gars-là savent recevoir. Le show se finira sous les acclamations du public, admiratif.

Encore sous le charme du crooner américain, l’audience se tourne ensuite vers The Ting Tings, qui n’est sûrement pas là pour laisser l’ambiance se tasser. En effet, les deux Anglais, accompagnés d’un DJ, offrent aux auditeurs une musique pop survitaminée et enjouée. La grosse caisse de la chanteuse donne la cadence et les spectateurs se laissent emporter par des sons légers et nerveux et des tubes comme « Shut Up And Let Me Go » ou « That’s Not My Name » sont repris d’une seule et même voix.

Annoncé comme un phénomène, le Tourangeau Biga*Ranx ne fait pas défaut à sa réputation. Arrivant la fleur au fusil vers la scène Propul’son, nous restons bouche bée devant la foule qui déborde de l’espace où elle se trouve. Même en plein air, Biga*Ranx affiche complet, et c’est donc depuis l’autre côté des palissades, comme bon nombre de festivaliers, que nous écouterons quelques titres du nouveau prodige reggae dub. Et même d’aussi loin, c’est puissant ! Le jeune homme joue des morceaux colorés et explosifs et sait comment chauffer son public. Décidément, la soirée ne cesse de s’enflammer.

Biga*Ranx - crédit : Pauline Lavidale
Biga*Ranx – crédit : Pauline Lavidale

Autre registre. Uniformes militaires, marche au pas, garde à vous et sons des Balkans pour Soviet Suprem. John Lenine et Sylvester Staline prennent le pouvoir avec un rap déjanté et plein d’ironie. Le duo électrise le public qui n’a d’autre choix que de danser et sauter partout. Encore une fois, la foule, qui ne désemplit pas, dégage une énergie sortie d’on ne sait où, et semble bien loin d’avoir sommeil.

Dans le chapitO, le délire est encore plus grand. Les trois New-Yorkais de Too Many Zooz ensorcellent un public qui perd le contrôle. Au rythme endiablé des percussions, la trompette grince et le saxophone hurle des sons envoûtants. Le trio livre une prestation hors-norme et les festivaliers bougent comme jamais. Ils ne veulent plus que ça s’arrête et les musiciens leur donnent tout leur souffle. Quand l’heure de la fin sonne, la foule acclame, supplie le groupe de revenir leur jouer un dernier morceau, ou un avant-dernier… Le trompettiste, aussi désolé que frustré, doit annoncer à un public à qui il a déclaré à plusieurs reprises son amour, qu’il leur est impossible de poursuivre le concert.

Pendant ce temps, sur la scène Propul’son, trois Tourangeaux font un show comme à la maison. La Grauss Boutique ne joue pas sur les planches, mais dans l’herbe, au milieu des spectateurs : le batteur Stéphane face à Régis le guitariste et Jean-Baptiste le bassiste. Tous sont issus de formations précédentes : Quatuor Oban pour Régis, Ultra Panda pour J-B et Ez3kiel pour Stéphane. Le niveau est là, c’est sûr. La Grauss Boutique, c’est du lourd ! Lourd comme ces coups de baguettes qui s’abattent sur la batterie. Puissant comme ces riffs de basse et de guitare échevelés. Ça envoie ! La batterie donne la cadence toujours à fond dans cette troisième nuit qui semble ne pas vouloir se calmer.

Et pourtant, place au dernier concert de ce festival. The Avener vient clore les réjouissances du haut de son estrade. Il fait danser le public avec des mixes de samples connus et reconnus et des compositions originales. Loin d’être statique et ennuyeux, le DJ et sa scénographie captivent l’audience. Son fameux « Fade Out Line » soulève la foule qui, malgré l’heure avancée, donnera tout jusqu’à la dernière note de ce week-end énergique.


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