Sur la scène britannique, Squid est l’un de ces nouveaux venus qui donne le vertige, sorte d’OVNI naviguant dans un espace aux limites indéfinies. Aussi ambitieux que fun, le quintet est venu au Trabendo face à un public debout et démasqué rappeler que le rock n’est pas mort : même la Covid ne l’a pas tué !
Un concert sold-out avec une jauge au maximum, debout et sans masque : une banalité qui n’en était plus une depuis bien longtemps au Trabendo, et comme partout ailleurs en fait. Cette impression de retour dans le « monde d’avant » a contribué à donner tout son charme au passage de Squid à Paris.
Quoi de mieux que ce contexte idéal pour aller à la rencontre du nouveau groupe le plus excitant Outre-Manche : avec son premier album signé chez Warp Records, le band de Brighton détonne sur la scène post-punk, avec ses guitares acérées, texture électronique arty, incursions de trompettes et accents jazzy… Un projet ambitieux et d’une grande fraîcheur, ambitieux et novateur, mais sans prise de tête : les textes et l’état d’esprit témoignent surtout de l’envie de véhiculer une bonne dose de fun. L’air détaché des Anglais ne détrompe pas quand ils entrent tous sur scène, la banane aux lèvres. Sans bavardages inutiles, ces fans de Neu! lancent des partitions crescendo censées agiter progressivement les nuques dans un univers post-rock plus que krautrock.
Les premiers temps du set leurs permettent de mettre en place un univers complexe où le multi-instrumentaliste Arthur Leadbetter s’emploie à rassembler des fragments de sons éparses tirés ça ou là de percussions insistantes ou d’instruments improbables comme une sorte de gong malicieusement placé. Le son n’est pas immédiatement saturé pour laisser un maximum de place aux éclats de cuivres de Laurie Nankivell transpercés par la voix énervée et habilement modulée du batteur Ollie Judge. Si le jeune rouquin toujours affublé de sa casquette conserve le lead vocal sur l’ensemble du show, il passe la balle ponctuellement à ses comparses, à l’image du guitariste Louis Borlase qui lui répond sur les refrains rythmés du génial « Paddling ».
La fureur punk prend progressivement le pas, et l’énergie transmise se fait plus généreuse quand retentit le génial single « Narrator » (mais sans Martha Sky Murphy) où le batteur reprend machinalement son jouissif « I play my part » entre deux séquences instrumentales. Les premières bousculades dans la fosse commencent à peine au moment du rappel, histoire de se dégourdir les jambes avant le pogo final et furieux de « Pamphlets », tube évident qui agite autant pour sa mélodie géniale que sa conclusion instrumentale sauvage qui renverse littéralement le public.
Shame, Idles, Fontaines D.C ; le Royaume-Uni et l’Irlande aiment nous rappeler que le punk est encore en vie, même après la pandémie : Squid, c’est un peu le son post-covid qu’il fallait un peu à tout le monde. Ô bonheur !
En première partie, le NCY Milky Band (de Nancy donc) s’est présenté sous la forme d’un quatuor aux partitions instrumentales. Un set rythmé par des compositions jazz entre nostalgie et expérimentations sonores. Le saxophone mène la danse dans chaque morceau, mis en avant pour poser les accents de différentes tonalités dansantes ou rêveuses. Une belle introduction vers un album au groove plus que séduisant.
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