[EP] Pixies – EP2

Les Pixies sortent un nouvel EP et l’éternel débat peut reprendre : est-ce qu’un groupe doit vraiment ressortir de nouveaux titres après 20 ans de silence ?
Les fans ne sont pas dupes, et acceptent surtout la chose en vue d’éventuelles tournées de reformation, sucrerie ultime du fanboy.

Pixies - EP2

En fait, la chose en soi n’a rien de criminelle, dans la mesure où elle n’est pas guidée par l’appât du gain. Et on peut aisément imaginer que ce bon vieux Frank Black touche plus en un mois de royalties avec « Where Is My Mind » qu’avec tous les nouveaux titres réunis qu’il pourra un jour sortir sous le nom des Pixies.
Reste bien sûr la peur de maculer un héritage, un souvenir plus ou moins figé qu’on voulait conserver en l’état. Mais puisque les Pixies ont choisi d’ajouter de nouvelles lignes à leur discographie, et puisque ces morceaux sont là, autant les écouter.

Le premier EP sorti il y a quelques mois était agréable, mais jamais transcendant.
Davantage que cette collection de 4 titres, c’était le single « Bagboy », sorti avant l’été, qui avait été un vrai coup de tonnerre et la preuve que les Pixies pouvaient encore être pertinents aujourd’hui.

C’est donc avec d’autant plus de curiosité qu’on se jette sur ces 4 nouveaux morceaux, plutôt différents les uns des autres.

« Blue Eyed Hexe » envoie directement les décibels sur un riff massif soutenu par des cris plus agressifs qu’excitants. Pour ce morceau, Frank Black cite notamment AC/DC comme inspiration, on peut comprendre pourquoi. Ce titre illustre bien la différence entre les Pixies d’antan, et ses riffs rasoirs, à ceux d’aujourd’hui, aux riffs beaucoup plus gras.
« Magdalena » est quant à elle plus classique. La violence de la guitare est plus contenue et le chant est doux.
La troisième chanson, « Green and Blues », redonne la part belle à Joey Santiago à la guitare, offrant ici des nappes soyeuses sur une pop song plus acoustique. Le tout est moelleux et on se laisse emporter.
« Snakes », en clôture, est beaucoup plus surprenante. Inquiétante tout du long, elle livre malgré tout le genre de refrain qu’on attend des Pixies et ce sentiment d’être galvanisé. Cette impression, lorsqu’on l’écoute dans son iPod dans la rue, d’être invincible au milieu de la foule.

Les bons moments apparaissent donc çà et là tout du long, plus régulièrement que sur EP1. Et tout comme le premier se laissait de plus en plus apprécier avec le temps, on peut en attendre autant de celui-ci.

À l’arrivée, les 9 titres sortis jusqu’à présent forment un tout cohérent, une nouvelle identité, certes loin de leurs standards de l’époque.
Le vrai challenge est ici d’essayer de s’en affranchir pour accepter avec fraicheur la nouvelle aventure proposée et la considérer à sa juste valeur.
Il faut accepter de ne plus retrouver ces dynamiques élastiques  et fougueuses, remplacées  par une musique plus terre-à-terre, qui possède elle aussi ses qualités, mais différentes.

Car une chose est sûre, si Frank Black & co n’ont plus le panache de leur jeunesse, ils n’en restent pas moins des artisans singuliers et originaux.
De toute manière, un groupe qui compte parmi ses plus grands fans David Bowie, Kurt Cobain ou Radiohead ne sera jamais comme les autres.

Pixies

« EP2 » de Pixies est disponible depuis le 3 janvier 2014 à l’adresse : pixiesmusic.com/ep2-eu.


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Sébastien Weber

chroniqueur attaché aux lives comme aux disques d'exception