[Live] Bombay Show Pig et Sarah W_ Papsun aux Embellies

Les Embellies, festival alternatif rennais, offrait pour sa 16e édition une affiche entre rock et pop lors de sa soirée du 29 mars autour de ceux qui ont enflammé l’édition de 2012, les Parisiens de Sarah W_ Papsun, accompagnés des Caennais de Samba de la Muerte et des Néerlandais de Bombay Show Pig.

C’est dans un Antipode peu rempli que nous nous rendons Pierre Barrett et moi en cette soirée du 29 mars, pour une affiche qui nous semblait pourtant la plus attendue du festival. Les concerts commencent devant une petite foule d’environ 150 personnes de quoi faire paraître assez vide la salle dont la jauge maximale n’excède pas les 500 places. L’ambiance n’est également pas au rendez-vous à l’arrivée du premier groupe : ouvrir cette soirée s’annonce être une tâche difficile pour les deux Néerlandais de Bombay Show Pig.

Bombay Show Pig par Gaelle Evellin

Le duo s’installe discrètement derrière ses instruments respectifs pour mieux les faire rugir dès les premières notes. Mathias Janmaat et Linda Van Leeuwen ont l’intention de ne pas perdre de temps et donnent de leur personne : quand l’une agite sa longue chevelure au dessus de sa batterie, l’autre pousse sa guitare (qui a déjà bien vécu visiblement) à bout sur chaque note ! Dire de Bombay Show Pig qu’ils sont énergiques est un doux euphémisme. En même temps, leur indie rock est massif et construit de façon à prendre de l’envergure et de la puissance sur scène. Côté style, le duo batterie/guitare, garçon/fille fait forcément écho aux White Stripes. Mais musicalement, c’est bien plus à un mélange de Blood Red Shoes et de The Kills auquel ces Hollandais me font penser.

Alors que le groupe m’était totalement inconnu avant d’atterrir aux Embellies, j’ai vraiment été soufflé par leur aisance sur scène et par leur adresse avec leur(s) instrument(s). Linda joue de la batterie, mais trouve également le moyen de se libérer une main pour jouer du synthé de temps à autre, tandis que Mathias joue (notamment) sur une guitare qu’il a modifié en y ajoutant une corde de basse afin de compenser l’absence de cet instrument. Ils alternent également au chant, et l’un comme l’autre est à l’aise avec cet exercice, et cela se sent d’autant plus quand ils mêlent leur voix.

On peut tout de même leur reprocher de n’avoir que très peu de morceaux marquants, si ce n’est l’excellent « Timewaster ». Si une formation aussi réduite peut lasser assez rapidement par manque de variation, si on peut s’ennuyer un peu en milieu de set, les Bombay Show Pig savent rapidement remonter la pente, en nous offrant, en guise de rappel, un morceau inédit « Teen Dream », qui laisse présager de très bonnes choses à l’avenir.

Nous attendons désormais les SAmBA De La mUERTE. Les quatre musiciens issus de diverses formations (Concrete Knives, The Dancers) connaissent déjà bien Rennes, grâce à leur passage aux Transmusicales en décembre dernier. Sur scène, les Caennais produisent une musique pop très épurée, aux sonorités assez légères, voir aériennes. Ils marient savamment des sons batteries électroniques aux guitares et aux synthés cotonneux, au point d’en faire un mélange, qui, en plus d’être difficilement comparable, est élégant. On navigue entre douceur et parfois sursaut à l’aide de percus qui paraissent presque tribales.

Samba de la Muerte par Gaelle Evellin

Toutefois, ni Pierre, ni moi ne sommes grandement convaincus par la prestation des Normands. On ne peut certes que reconnaître l’originalité du projet, ainsi que son exécution soignée, mais le charme n’opère pas sur nous. Les chœurs sont répétitifs, tout comme l’ensemble du set. Enfin, l’anglais n’est pas des plus parfait. C’est finalement un set qui a pu en ravir certains, mais malheureusement, ce ne sera pas notre cas ce soir.

Enfin, il est temps pour Sarah W_ Papsun de mettre son grain de sel à cette belle soirée des Embellies. Et l’attente est grande, après son passage remarqué lors de l’édition de 2012. Une intro au synthé, puis les chœurs entonnent « Kids Of Guerilla », top départ pour un set d’une heure (sans interruption !) de math rock à tendance électronique. En grand fan de math rock et de post rock, je suis parfaitement contenté par ce que j’entends : que ce soit par les rythmiques syncopées de la batterie, ou par les guitares angulaires qui s’entremêlent. Cependant, un détail me chiffonne : la voix ressemble légèrement à celle de Matt Bastard de Skip The Use (enfin, d’un Skip The Use qui aurait finalement décidé de ne pas vendre son âme à Pascal Nègre). Le synthé-basse, un peu disco, me donne la même mauvaise impression.

Sarah W Papsun par Gaelle Evellin

Cela n’enlève rien à la prestation des Parisiens, qui sont impressionnants sur scène et surtout endurants ! Et ce n’est pas leur interprétation de « Drugstore Montmartre », à la  dimension tubesque véritable, qui va me faire mentir. Les six musiciens semblent regorger de fougue, et personne ne peut manquer leur fantasque guitariste, qui aurait pu faire partie de Salut C’est Cool, par son look et sa gestuelle délurée. Les rockeurs, qui, dans le civil, sont profs, journalistes ou comédiens, finissent alors leur live comme ils l’ont commencé, par « Kids Of Guerilla » et ses chœurs qui raisonnent comme des slogans. Belle fin, pour une soirée plutôt bonne où les Parisiens auront su se montrer à la hauteur de leur réputation.


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Un grand merci à Gaëlle Evellin pour ses photos.
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Kãman Messaadi

chroniqueur né et élevé parmi les disques et les instruments de musique