[LP] Johnny Mafia – Michel-Michel Michel

Décidé à frapper fort au sein de la scène garage française, Johnny Mafia libère un premier album sauvage et euphorique, qui condense toute son éducation musicale et la restitue avec fracas. On s’accroche aux riffs et on hoche la tête dans tous les sens, avec ce quatuor fougueux, bien décidé à réveiller l’hexagone !

Johnny Mafia - Michel-Michel Michel

Originaire de Sens dans l’Yonne (une situation géographique qui ne semble en rien prédestinée à de tels riffs), les vingtenaires de Johnny Mafia, sont d’anciens potes de lycée, réunis autour de leur passion pour le rock’n’roll dès 2010. Une histoire comme on en a bien souvent entendu et qui agrémente allègrement le bestiaire du genre dans lequel ils frappent fort. Après un premier EP 5 titres en 2014, joué vite et fort et des premières parties anglo-saxonnes majeures ; The Jim Jones Revue, Henry’s Funeral Shoe ou encore Parquet Courts, Johnny Mafia nous envoie avec « Michel-Michel Michel », huit titres en pleine face, derrière une pochette dans le style du fascinant bédéiste Robert Crumb.

« Sleeping » ouvre le bal avec sa voix faussement blasée, s’énervant lorsque batteries et guitares s’emportent dans une joyeuse embardée fuzz. « Bad Michel » n’éteint pas l’incendie et rajoute de l’intensité avec ses accords bien plus enténébrés, qui finissent dans un joli mur du son rock’n’rollesque. « Black Shoes » tire plutôt du côté du punk-rock californien alors que « Sometimes 666 » replonge dans les tonitruantes élucubrations garage du quatuor. Les guitares saturées et les textures granuleuses accompagnent notre voyage crasseux, jusque dans la voix du chanteur, sur des titres comme « Smell » où les décibels sont à leur comble. Et si l’on est facilement subjugué par la fougue du quatuor, on notera également un manque d’inventivité dans l’écriture, le groupe proposant un répertoire très homogène, mais tout de même un peu répétitif. Heureusement, pour un premier album, le travail est solide et ce serait un peu fort d’en exiger davantage.

Proche de réalisations comme celles de Ty Segall (et son projet Fuzz), Thee Oh Sees, les Ramones pour le côté rétro ou encore Wavves, « Michel-Michel Michel » est une œuvre concise, qui brille avant tout par la vitesse d’exécution et l’usage efficace de codes approuvés. Les premiers jalons sont posés avec maturité et Johnny Mafia semble déjà tout savoir de la suite à donner à ce premier album. Il ne reste maintenant plus qu’à peaufiner les mélodies et à creuser son originalité pour marcher vers des horizons qui n’appartiennent qu’à lui. La jeunesse et la folie sont déjà là. Gageons alors qu’il pourrait bien offrir au rock garage français de nouveaux horizons !

crédit : Vincent Arbelet
crédit : Vincent Arbelet

« Michel-Michel Michel » de Johnny Mafia, sortie le 21 octobre 2016 chez Alter-K.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.