Rencontre avec le programmateur du Festival Visions

indiemusic a rencontré Guillaume Derrien, programmateur et superviseur du Festival Visions et manager du label Les Disques Anonymes à l’initiative de l’événement.
Il nous a parlé de la programmation du lieu, de l’esprit dans lequel s’inscriront ces trois journées de concerts et autres joyeusetés artistiques et nous a glissé bien évidemment quelques infos sur son amour de label fondé il y a tout juste un an !
De quoi, on l’espère, vous donner envie de partir du côté de Morlaix du 9 au 11 août prochain !  

Festival Visions

  • Avant de parler du festival, j’estime qu’une petite présentation de chacun d’entre vous à nos lecteurs s’impose… Alors qui est qui et comment tout cela a-t-il démarré ?

Nous sommes cinq à organiser VISIONS, Lisa qui s’occupe de la com/médias, David qui a fait les visuels, Charlotte et Juliette sont chargées de production et moi-même, Guillaume, à la programmation et à la supervision.

À l’origine, on est un label de production discographique donc pas vraiment dans l’organisation d’événements bien qu’on organise régulièrement des concerts notamment pour les « releases party » de nos artistes.

On n’avait pas prévu de faire un festival jusqu’à ce que nos amis niçois de Pacinist et de Concert Chez Moi nous organisent une semaine de tournée chez eux avec un festival organisé par leurs soins en clôture. On se devait de leur rendre la pareille, c’est donc comme ça que VISIONS est né. Donc merci Pacinist et Concert Chez Moi !

  • J’ai vu il y a peu que Les Disques Anonymes fêtait son premier anniversaire. Un festival c’est un peu la consécration de cette première année, j’imagine ?

La consécration pour un label comme le notre, ça serait plutôt de réussir à obtenir une audience et une visibilité intéressante pour les artistes que nous produisons.

Ce festival, c’est donc plutôt « la cerise sur le gâteau » qui vient clôturer une première année riche et intense. Ça nous permet aussi de montrer à un instant donné, notre « vision » de la scène indé dans laquelle nous évoluons, mais aussi, avec les expos d’art contemporain, la sérigraphie, les créateurs, la couture, la gastronomie, les ateliers pour les enfants, le foisonnement créatif qui a lieu au sein de notre structure.

  • Pour un premier festival, trois jours c’est très audacieux et tant mieux. À quoi les festivaliers vont-ils devoir s’attendre ? Et comment vous êtes-vous organisés ?

Oui, trois jours, c’est audacieux. Mais à vrai dire, comme on n’avait jamais vraiment eu l’intention de se lancer là-dedans en premier lieu, on n’est pas non plus sûr de vouloir en faire une deuxième édition. Donc, dans le doute, on veut vraiment offrir le spectre le plus large de notre univers quitte à être un peu inconscients ! Après nous, le déluge (rire).

Le lieu est idéal pour cela : chacune des pièces sera dédiée à un atelier, une galerie, une exposition, un créateur et même une salle de clubbing et les festivaliers seront invités à investir l’ensemble des lieux selon leurs sensibilités de l’instant. C’est comme une chasse au trésor géante (on organise d’ailleurs une vraie chasse aux trésors pour les kids !). Et puis le lieu autour est splendide : la mer, la baie, la forêt. C’est un peu Winterfell en été !

Bien entendu, il y aura aussi une scène à l’extérieur avec notre programmation. Ce qui fait en tout 34 groupes ou artistes, 8 collectifs ou artistes d’art contemporain, un marché des créateurs, des performances (peinture, gastronomie, couture…), un ciné-concert, un espace média, des ateliers pour les enfants, une garderie, de la sérigraphie et un camping. Donc oui, effectivement, c’est l’explosion artistique. C’est ce qu’on voulait.

On a bossé à 5 comme des fous pour présenter tout ça depuis le printemps. Heureusement, il y a des gentils bénévoles qui vont venir nous aider à concrétiser les derniers efforts pour accueillir les festivaliers dans les conditions idéales qu’on souhaitait.

C’est-à-dire les vacances à la mer, le fun et la culture la journée et la fête la nuit, mais tout ça à une échelle qui reste agréable.

  • Je trouve la programmation très riche et de qualité, je pense notamment à The Dreams, Scorpion Violente, Tristesse Contemporaine, Lonely Walk et tant d’autres. Comment s’est passé le choix de ces artistes ?
    Y a-t-il un groupe en particulier que vous avez vraiment hâte de voir lors du festival ?

Comme je l’expliquais, on a voulu présenter une programmation à la manière d’une « vision » instantanée de la scène indé française dans laquelle nous évoluons le reste de l’année. Il y a cette année la scène émergente « terror-pop » qui nous plait et qu’on a souhaité mettre en avant avec des groupes comme Scorpion Violente, Lonely Walk, The Dreams, Dead, The Black Regent voire même Trésors ou Tristesse Contemporaine.

Tristesse Contemporaine

C’est aussi parce qu’ils sont issus souvent de collectifs qui nous inspirent comme La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est ou Iceberg.

Mais on a aussi voulu panacher l’ensemble avec pas mal d’artistes d’autres horizons qui nous semblent particulièrement intéressants : du garage avec Baston, de la pop africa avec Pearl Harbor, de l’electro-pop avec les excellents Benjamin Fincher, du folk rock avec Hannah et même de l’eurodance sensible avec Pocket Burger ! Il faut que ça foisonne pour nous satisfaire !

Et puis, il y a tout l’aspect clubbing qui sera très important pendant le festival : nous avons demandé au label Vielspaß de programmer la scène du « Barn Club » qui fonctionnera en parallèle de la scène extérieure pour proposer un maximum de choix. Ils nous ont concocté un super programme avec différentes tendances de la techno et de la house (avec entre autres Plaisir de France, Kiwisubzorus, Theo Muller, Pierre Grall, etc.). On a vraiment hâte de voir les clubbers en action !

On attend vraiment avec impatience la prestation de Tristesse Contemporaine qu’on adore, mais j’ai aussi beaucoup de curiosité concernant le set de Scorpion Violente.

  • Beaucoup de groupes de notre scène rennaise sont présents (Cardinale, Dead, Piranha, Baston…), c’est important pour vous de faire jouer la scène locale ? Et comment la voyez-vous à l’heure actuelle ?

Oui, bien sûr, c’est tout naturel de faire jouer les groupes bretons que nous aimons et puis il y a les groupes que nous produisons sur le label qui sont bien souvent de la région (Pastoral Division, Piranha, Pocket Burger ou Black Regent).

D’ailleurs, on a aussi privilégié le local pour l’approvisionnement en nourriture et bière !

Le festival c’est aussi, et peut-être surtout une grande fête. C’est donc l’occasion d’inviter les groupes avec lesquels nous avons collaboré toute l’année comme DOIST!, Splash Wave ou Super Crayon par exemple.

Quant à la scène bretonne, il y a plein de projets très intéressants dans notre mini-sphère indé (et je ne parle que de cette scène), mais qui nous semblent un peu trop isolés les uns des autres. On aimerait bien qu’il y ait une vraie connexion qui s’instaure pour créer l’émulation nécessaire à l’émergence d’une vraie identité comme ça peut exister ailleurs. Vaste chantier…d’autant plus qu’avec la disparition des cafés-concerts, ça devient de plus en plus dur de la faire exister.

  • Pour finir et comme vous êtes sûrement les plus habilles à parler de votre festival, je vous laisse dire à nos lecteurs pourquoi il faut venir à Visions et ce qu’on pourra y faire et y voir !

À la rigueur, j’aimerais bien dire que ce n’est pas un festival. Mais plutôt une vision artistique très orientée proposée par une structure dont c’est justement le but : proposer un contenu artistique singulier. On y trouvera donc, à côté d’une programmation plutôt originale pour un festival d’été, un univers volontairement iconoclaste avec toujours une recherche d’exigence artistique.

Ceci dit, ça sera, avec la mer, la musique et le camping, les filles, la coreff, la drogue, l’endroit idéal pour une fête de tous les diables ! Et ça, malgré tout, ça reste la meilleure raison pour venir à VISIONS !

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Aloïs Lecerf

chroniqueur bercé par et vivant pour la musique à travers les découvertes et les concerts