Depuis qu’il s’est émancipé de ses légendaires Super Furry Animals, Gruff Rhys s’est réinventé et a connu une carrière solo plus que prolifique. On avait laissé notre héros gallois avec un disque pour le moins épique du nom d’ »American Interior », en 2014, qui a remporté tous les suffrages possibles. Cette année, il repousse les champs du possible avec son nouvel album, « Babelsberg ».
En 2016, Gruff Rhys, comme tant d’autres musiciens du Royaume-Uni, a fortement exprimé son opposition ferme contre le Brexit. À tel point qu’il avait composé le morceau « I Love The EU » pour montrer son attachement au continent. Au final, tout le monde a connu le triste sort de ce référendum et le leader de Super Furry Animals fut profondément affecté par cet événement, ce qu’il nous fait savoir sur ce nouvel opus toujours aussi ambitieux.
Il en résulte un sublime disque de pop orchestrale où il a convié l’Orchestre National du Pays de Galles et le compositeur Stephen McNeff pour mettre en boîte son nouveau chef-d’œuvre. Une fois de plus, Gruff Rhys y paraît excentrique et riche en idées musicales à travers les sublimes morceaux que sont « Frontier Man », « Oh Dear ! » – traitant des conséquences de la gig economy – et « Limited Edition Heart », où sa voix alterne entre le grave et l’aigu et est soutenue par une pluie de cordes somptueuses et de guitares faussement yé-yé. On retrouve des ambiances sentant bon les années 1960 tout au long de ce « Babelsberg », notamment à travers des titres pour le moins envoûtants, à l’image de « Take That Call », « Negative Vibes » ou encore « Same Old Song ».
Gruff Rhys se pose, une fois de plus, en commentateur social et analyse parfaitement tout ce qui se passe autour de lui, que ce soit au niveau politique ou culturel. Et sa plume, aussi cynique que lucide, fait mouche, comme sur « Architecture For Amnesia » – traitant des nouvelles qui circulent à gogo -, « Drones In The City » et la conclusion intitulée « Selfies In The Sunset », conviant l’actrice Lily Cole à ses côtés tout en se moquant des personnes qui se sentent obligées d’utiliser les réseaux sociaux pour n’importe quelle occasion. Comme pour « American Interior », le Gallois déjanté et psychédélique opère un coup de maître avec ce nouveau disque élégant, à travers lequel il analyse le comportement général de la société en le transformant en poésie implacable.
« Babelsberg » de Gruff Rhys est disponible depuis le 8 juin 2018 chez Rough Trade / Beggars France.
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