[Création #35] FUZETA

Dès la sortie de son premier EP « Dive » en 2015, nous avons toujours su que FUZETA était un groupe à part et que nous garderions au fil du temps cet immense plaisir à le suivre et le soutenir à chacune des étapes de son histoire. Le pari est jusqu’ici tenu. Après trois EPs et des centaines de concerts à travers le monde, la formation bretonne, emmenée depuis ses débuts par son trio fraternel ; Charles-Alexandre, Pierre-Antoine et Dorian Sims, sort de sa longue incubation familiale son premier album, « Ferel » comme un hommage puissant à la fratrie dans ce qu’elle a de plus fédératrice et constructrice d’une histoire commune, comme un écho aux souvenirs tenaces de la jeunesse et à l’importance de la famille à chaque étape de nos vies. Rejoins par Thomas Schneider aux claviers et Charles Le Dorven à la batterie, ils composent les douze toutes nouvelles pistes de ce disque aux panoramas sonores dépaysants et à l’énergie imparable. Entre harmonies vocales assumées et impeccablement maîtrisées et grondement indie rock déchaînés comme ces vagues tourmentées qu’on fuit à l’approche des grandes marées, le paysage sonore de FUZETA s’enrichit de ces nouveaux spectres sonores, tel un déluge de couleurs et de sensibilité qu’il serait bien impossible de contenir. Véritable cri du cœur des Bretons, on plonge à corps et cœur perdus dans cet opus brillant à l’émotion viscérale et universelle. Pour célébrer cet accomplissement, le groupe morbihannais nous fait l’honneur de retracer les étapes stratégiques de composition et d’enregistrement de « Ferel ».

crédit : Mathieu Ezan

Tout commence par cette session d’enregistrement, fin 2017, dans le temple analogique de Kerwax. 14 morceaux enregistrés, 18 jours de studios à jouer avec des machines de trois fois notre âge sous la supervision du maître des lieux, Christophe Chavanon. Une expérience folle dont on entend la couleur sur notre troisième EP « What We’ve Drawn ». Un peu trop folle peut-être. Les dix morceaux restants : trop éloignés de l’ADN du groupe, des premiers EPs, pas assez percussif pour un premier long format…

Kerwax – crédit : Pierre-Antoine Sims

Recommençons. Presque une soixantaine de morceaux composés ou réécrits. Un peu échaudés par la prise de risque esthétique et l’expérimentation, nous confions le mix de deux singles issus de cette phase à Amaury Sauvé (The Apiary Studio) et choisissons de les « tester » en streaming. « Wandering Life » sort en mars 2019 et se retrouve dans New Music Friday US ainsi que dans 14 playlists sur Spotify ! « Marla Loves You » sort en octobre et fait près de 100.000 streams en 2 mois…

Bon maintenant, il s’agit de faire un vrai album avec tout ça. Nous écrivons de nouveaux morceaux pour compléter notre trame narrative, nous mettons tout en forme en poussant les démos au maximum et nous calons la séance d’enregistrement presque un an à l’avance chez Amaury. Ce sera 18 jours en juin 2020. Nous continuons à avancer, répétons les nouveaux morceaux, les tempos map pour les prises live et… tout s’arrête en mars 2020.

crédit : Pierre-Antoine Sims

Le positif de cette période fut que nous avons pu longuement préparer avec Amaury cette session : il ne pouvait plus accueillir d’artiste à The Apiary Studio et nous avions toutes les démos des morceaux du disque. Une dizaine d’heures de visio en trois semaines, des heures d’écoutes et d’échanges, la réalisation des feuilles de dynamiques pour chaque morceau… Nous avons dû louer un studio privé pour pouvoir continuer à répéter à l’issue du premier confinement, car l’Echonova, notre maison habituelle, nous était toujours interdite d’accès.

Feuilles de dynamiques de The Clocks Are Bleeding

Juin 2020, nous voilà à Laval, en pleine alerte rouge, écoles fermées… et le miracle se produit. De 18 jours prévus, nous passons à 15, prises et mix compris. Tout est fluide, nous déroulons notre préparation dans une euphorie savamment contenue par Amaury. Nous validons aussi le nom de l’album à ce moment-là : ce sera « Ferel », village de notre enfance sur les vallons de la Vilaine. Premier album fondateur et contrasté comme peut l’être la nature de la Bretagne Sud.

The Apiary – crédit : Pierre-Antoine Sims

L’étape mastering chez Sebastien Lohro de Near Deaf Expérience est une formalité : Seb qui avait masterisé « Dive », notre premier EP, vient vernir l’album en quelques jours. Nous sommes à la fin de l’été 2020 et pouvoir faire des concerts pour cette sortie est très incertain à ce moment-là. Nous choisissons d’attendre une période plus propice : plus personne ne nous attend vraiment et quitte à s’être donnés autant de mal, espérons une future éclaircie. Les Tontons Tourneurs et BMG Rights Management partagent cette décision. Donc nous attendons, nous commençons à parler de visuels, de clip, de toute l’imagerie qui va accompagner cette sortie. Nous faisons une petite parenthèse début 2021 pour réaliser deux sessions live pour remercier nos auditeurs qui viennent de nous faire franchir les deux millions de streams sur Spotify.

© Laurent Dupuis (estampes) sur la base d’une photographie d’Antoine Vincens de Tapol

Décisions est prise : nous allons faire 4 ou 5 clips, 5 sessions live dans 5 lieux différents. Sauf que notre trésor de guerre a bien fondu avec les studios et l’absence de tournée. Pas grave, nous allons faire les choses nous-mêmes. Cela prendra du temps, mais le temps, nous en sommes les seuls gardiens alors que notre compte en banque, lui… En plus, nous avons un autre atout dans la manche pour cette étape : il s’agit de Mathieu Ezan, ami de longue date, réalisateur breton, et tout à fait emballé par cet album. Entre deux tournées avec Cult of Luna ou Hans Zimmer, nous validons ensemble qu’il fera le clip de « More Than Bliss » ainsi que la partie image des sessions live. Nous sommes fin 2022.

Nous lançons une campagne de précommande début 2023. À notre grande surprise, les gens sont là au rendez-vous, impatients. Nous voilà reboostés pour la suite. Trois mois et demi pour finaliser notre premier clip, cinq jours de tournage pour les sessions live, sur des toits, dans des escaliers, dans des salons cool… Des heures de mix, de montage, de tournages et nous voilà enfin prêts pour la sortie. Et là… Re stop… Notre manageuse, Anne, vient de nous faire rencontrer Baco Music Distribution pour être disponibles dans les bacs de toute la France ! Sauf qu’il faut augmenter les quantités de pressage, mettre des codes-barres sur les visuels. Bien que Laurent Dupuis d’Estampes ait été réactif – en charge de la réalisation de ces visuels, c’est lui qui a serti avec brio la sublime photo d’Antoine Vincens de Tapol que nous avions choisi pour « Ferel » – nous avons dû reculer la sortie de neuf mois.

17 novembre 2023 : sortie de notre premier single, « Without Shepherd or Guiding Star » avec le fameux clip en stop motion qui nous a pris 3 mois et demi. L’accueil est très bon, il est beaucoup playlisté et à part l’algorithme de YouTube qui nous punit de nos années « d’inactivités », tout roule. Puis « The Clocks Are Bleeding », son clip et sa session live, et « Venetian » début janvier. Nous y voilà, « Ferel » sort ce vendredi, il est fait avec nos âmes, nos rires et nos larmes. On espère qu’il vous plaira !

« You are the reason
That keeps me awake
When all has faded
All has faded
You’re more than bliss »

« Ferel » de FUZETA est disponible depuis le 9 février 2024 chez Baco Music.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques