[LP] Foggy Bottom – Une histoire à l’envers

Shoegaze et power pop feraient-ils bon ménage ? L’amour du son et une forme de naïveté sont deux bannières derrière lesquelles évoluent fièrement ces deux genres cousins. C’est donc avec la bave aux lèvres et gonflé d’espérance par l’intrigante description qu’on se jette sur le dernier sept titres de Foggy Bottom, après avoir lu la bio de ce combo lorrain qui nous vient de Thionville. Et finalement tout est ici logique…

Le mur du son shoegazien est là, ses suites d’accords parfois dissonants également. De l’autre côté, c’est une forme de simplicité qui donne la part belle à la mélodie pure. Les grosses guitares sont ultra présentes, toujours moelleuses, et jamais violentes même si la disto est à fond. Plus que l’alliance de ces deux genres, c’est le chant qui peut dérouter : tout en douceur (même en retrait dans la production) et avec des paroles en français d’apparence légères ou naïves qu’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre dans ce vacarme organisé. Ainsi Foggy Bottom ne peut laisser indifférent : soit on en tombe amoureux au premier regard (ou à la première écoute), soit on se dit que ça n’est pas pour nous.

Mais passé la surprise de ce mélange savoureux, on ne peut que constater que la formule frôle la perfection. La meilleure preuve : « Que des conneries ». Une musique sauvage et sans aucune concession d’un groupe qui balance ses riffs comme si c’était sa dernière chance, couplée à un refrain soyeux comme du velours. C’est du grand art et on se demande par quel hasard étrange l’histoire récente du rock n’a pas fourni davantage de groupes de cette trempe sachant digérer aussi joliment les 90’s. Ces années 90 qui sont évidemment la source des influences de Foggy Bottom. Une époque insouciante où l’impression était que n’importe quel groupe pouvait enfiler les tubes comme les perles ; My Bloody Valentine, Weezer, Slowdive… des fantômes d’une époque bénie qui sont convoqués ici pour une ultime party.

Les sept titres d’« Une histoire à l’envers » sont ainsi autant de bonbons acidulés, qui baignent certes dans une douce euphorie nostalgique, mais avec un son et une ambition résolument modernes. On a cité « Que des conneries », il serait criminel d’omettre de mentionner la captivante « Une vie d’infortune », dans laquelle les Pixies rencontrent l’ambition sonique du shoegaze. Épique mais humble, cajoleur mais revanchard, ce point d’orgue hypnotique dévoile une patte plus aboutie encore qui montre que Foggy Bottom est décidément un groupe à part. Longue vie à eux !

« Une histoire à l’envers » de Foggy Bottom est disponible depuis le 30 janvier 2019 chez Nineteen Something.


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Sébastien Weber

chroniqueur attaché aux lives comme aux disques d'exception