Au cœur de la Nuit Electroni[K]

Programmation explosive, pas moins de six heures de sets, plus de cinq artistes par soirées, le festival Electroni[K] nous à offert du très lourd à nous mettre sous nos petites dents cariées. Au programme les Américains de Teengirl Fantasy, Rone, Studio Funf, Subarys et Brand Brauer Frick. Résultat : Six bonnes heures d’écrasement de tympans festif dans la joie, la bonne humeur, la sueur et les effluves d’alcool en tout genre. Parlons musique.

Minuit, la nuit commence à peine pour une horde de jeunes rennais décidément avides de quelque chose de violent au vu de l’électricité qui règne. Le bus dans lequel je me trouve est littéralement pris d’assaut à chaque arrêt par des nuées de jeunes filles en chaleur, bien évidemment elles sont venues pour moi. Tant bien que mal le bus de l’agglomération rennaise transformé en taxi-brousse arrive à proximité du lieu de la folie. C’est bien le dernier bus que l’on verra avant très longtemps, mais ça, on ne le sait pas encore…

L’Antipode vit ses derniers instants, et c’est heureux que notre horde de jeunes filles en rut se jette sur ce qu’il lui reste de potion magique, sauf qu’ici Panoramix est d’origine russe.

Premier sas de sécurité, première expérience heureuse, pour un baptême du feu, j’étais servi ! Je tairais les détails puisque des puissances occultes me surveillent, mais sachez-le, il faut avoir la cervelle bien accrochée pour braver les magies de l’administration.
Encore jeune puceau de ce genre d’événement, je suis tout attentif à ce que ma partenaire pour une nuit me susurre au coin de l’oreille ; pas de grands discours j’écoute et je ferme ma bouche. Pour l’heure cette jeune fille est plutôt costaude et porte un badge marqué SÉCURITÉ dessus. C’est enivrant.

Passés les préliminaires, je pénètre enfin dans la matrice de la soirée, les premiers arrivants ont déjà repéré le lieu où ils pourront assouvir leur besoin en nicotine qui au final se limitera à à peu près partout. Assez occupé à découvrir les lieux, je loupe la majeure partie de Teengirl Fantasy, seule formation que je connaissais avant d’atterrir. On va dire que c’est bien, que le bruit est agréable que ça sent encore l’air dans la salle vu tout le monde est occupé à ingurgiter le peu de liquide gratuit qu’il reste dans les parages.

Sur scène, les mecs sont comme le jour et la nuit. À première vue on a Logan Takahashi qui comate sérieusement sur ses claviers et de l’autre Nick Weiss qui martyrise frénétiquement ses pads à coup de baguettes, de coups de tête et j’en passe. Musicalement, c’est propre, efficace et ça te titille l’oreille comme il faut.
Bon le mensonge ne tient pas. Autant vous dire tout de suite que je n’ai pas beaucoup assisté à cette performance, bien malheureusement. Mais je vous assure que ce groupe vaut le coup du moins sur galette audio (l’ancêtre du mp3 quand nous étions sauvages et que nous achetions encore de la musique, triste époque).

Le groupe est méchamment efficace, je vous le dis parce que j’ai encore quelque relent de souvenirs, ils savent y faire les bonhommes c’est écrasant et il faut le reconnaître assez jouissif, je dis ça parce que les petits coquins ne lésinent pas sur les préliminaires : le set commence lentement, délicatement et amoureusement comme une main glissée dans ta culotte, chère lectrice, ensuite c’est labourage et destruction auditive, mais avec tout le calme et le « swagg » d’un gentleman.

Passons à Subarys, dire que sa musique n’a d’égal que sa crinière serait un raccourci bien puéril, mais néanmoins vachement économe en ligne et en temps. Donc voilà. (Je me permets d’être bref, vu que je projette une chronique très prochaine dédiée à notre Brestois bien aimé).

C’est marrant quand même, mais je crois que lorsque Rone est entré j’étais un peu surpris, de l’accueil du public.
Parce que c’est marrant quand même, hein, que le mec qui est censé faire un article sur une soirée événement de six heures ne soit même pas au courant de qui est la tête d’affiche ce soir-là.

À vrai dire il faut bien reconnaître que le Rone mérite sa couronne de laurier. C’EST LOURD, T’ENTENDS ? Mais attention ce type que tu vois te balancer des avalanches de décibels dans le ciboulot est un bonhomme tout ce qui à de plus normal, fin je veux dire le mec il a deux bras deux jambes comme vous et moi, du moins je l’espère.
Et plus de toutes ces caractéristiques qui le classent dans le genre humain je peux te dire chère lectrice que c’est un homme humble accueillant, le parfait gendre à vrai dire et qui répond au doux nom d’Erwan. Le mec est là, et il fait du bon boulot, du très bon boulot même. Au vu de la transe générale qui règne, l’homme sait y faire, il a le doigté parfait. Il sait par où commencer, il sait par où finir en beauté.

Je ne relaterais pas ma rencontre avec le personnage, parce qu’accablé par la fatigue, j’ai eu un peu de mal à aligner plus de trois mots, d’autant que je me sentais gêné d’interrompre le repos de l’artiste, mais je vous promets que je saurais me rattraper.

Il se fait tard, je croise des gens aimablement alcoolisés qui, dès qu’ils aperçoivent feu mon appareil, soit se jettent dans les buissons les plus proches dans le secret espoir de devenir aussi invisibles, ou, se rapprochent de moi pour me demander dans un français approximatif de les immortaliser, eux et leurs copains et copines dégoulinants de sueurs, tout ça sans oublier de bien évidement me faire profiter de leurs haleines fraîches.

Brand Bauer Frick on repassera ! Décidément, les gars n’ont vraiment pas eu de veine sur ce coup là, se taper l’horaire de fermeture c’est rude. La nuit se finit à en compter les cadavres qui jonchent le sol, de bouteilles ou humains. Leur point commun, c’est que leur activité cérébrale avoisine le zéro absolu . Il est temps de rentrer gaiement chez soi, il est 6 heures du mat, il fait froid, la moitié de la ville est ivre morte, et ce à plus d’une heure de route à pied, quel événement tragique pourrait s’ajouter à cette montagne de paramètres merdiques ? Hmm… pas de bus, pas de métro.

electroni-k.org