[LP] Cloud Nothings – Here and Nowhere Else

2012. Dylan Baldi, leader des Cloud Nothings,  réussissait son coup de poker en transformant son projet garage pop DIY en rock/post hardcore avec « Attack On Memory ». Un disque bourré d’angoisses et d’anxiétés sur fond de riffs ultra catchy. Un classique quasi instantané.

Deux ans plus tard, Cloud Nothings sort « Here and Nowhere Else ». Passé de quatuor à trio avec le départ de leur second guitariste Joe Boyer, le groupe a troqué son savoir-faire mélodique par une force de frappe rythmique. La batterie mène une cavalcade folle tout au long de ces huit titres et y est souvent mixée au même niveau que la voix. C’est une des vraies réussites d’un disque où l’on se prend plus souvent à faire de l’air drum que de l’air guitar.

Cloud Nothings - Here and Nowhere Else

« Now Hear In » nous introduit et pose le ton de l’album : plus punk rock, moins noise que le précédent. Malgré les changements, on retrouve ici le groupe que l’on a aimé : le chant est tendu, et les refrains agressifs (« I can feel your pain and I feel alive by it ») dès le premier titre. La guitare est distordue et la basse jamais loin derrière.

La production signée John Cogleton a donné un son  plus chaotique, où chaque instrument semble se battre pour notre attention.  Le manque de mélodies et de variétés dans les ambiances nous donne clairement moins à nous mettre sous la dent. Il ne reste plus qu’à apprécier la brutalité dans sa simplicité.

« Here and Nowhere Else » met la priorité sur une certaine spontanéité. Une qualité rare et une intention vraiment louable, dont les résultats varient pourtant.  Avec les paroles écrites au dernier moment en studio, on obtient des chansons comme « No Thoughts » et « Just See Fear »  dont l’honnêteté nous transperce. La coda de No Thoughts  « You don’t really seem to care and I dont even talk about it »,  touche  autant que le  « I thought I would be more than this » de « Wasted Days ».D’un autre côté, on se crispe à force d’entendre le mot « Swallow » braillé une dizaine de fois dans le pont de « Giving Into Seeing ». C’est limite ridicule quand on apprend que le mot a été choisi, car il s’agit du mot préféré de la copine du chanteur.

On a donc affaire à un disque plus proche de l’os. Sans fioritures et plus homogène. Si Attack on Memory marquait une séparation brutale avec le reste de la carrière de Dylan Baldi, « Here… » est une continuité avec « Attack… » . On peut retrouver l’influence des Strokes  avec « Just See Fear ». Le passage instrumental de « Pattern Walks » évoque le psychédélisme type bad trip brutal de « Wasted Days », mais ne réussit pas autant que son prédécesseur.

On peut chercher des défauts bien sûr. Mais en vérité, l’album est une vraie réussite. C’est un disque moins intéressant (au premier abord, on pourrait parler d’un grower), mais infiniment plus cohérent et homogène que son prédécesseur. Dylan Baldi continue de porter l’étendard des gens mal dans leur peau et y agit avec une brutalité d’ado perdu. Un rôle que Baldi ne pourra certes pas jouer éternellement, mais il en est le maître pour l’instant.

Cloud Nothings offre ici un nouvel uppercut décoché à l’ennui et à la tristesse. Une demi-heure d’échappatoire qui se finit par sa meilleure chanson à ce jour : « I’m Not Part Of Me ». Un hymne qui donne le sourire et l’envie de se battre. Dylan Baldi y appelle à laisser les erreurs derrière soi, à vivre pour l’instant, « Here and Nowhere Else ». Cloud Nothings est un baume pour nos douleurs : ce n’est pas parfait, mais ça fait du bien là où ça fait mal.

crédit : Pooneh Ghana
crédit : Pooneh Ghana

« Here And Nowhere Else » de Cloud Nothings est disponible depuis le 1er avril chez Wichita Recordings et [PIAS].


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Cyril L'Allinec

chroniqueur globe-trotteur entre Montréal et Paris