Le concert parisien de l’année passée avait démontré que le groupe d’Honolulu, Hawaii, n’avait rien perdu de sa superbe.
8 années s’étaient écoulées depuis leur dernier album avant l’annonce de la dissolution pure et simple du groupe. Seul le chanteur se faisait régulièrement remarquer, arpentant l’Europe sans relâche au gré de concerts intimistes, interprétant, en plus de quelques sucreries de son ancien groupe, des extraits de ses différents efforts solos.
Pour ceux qui étaient passés à côté de l’un des secrets les mieux gardés du rock indépendant, on a affaire ici à ce genre de formation unique, reconnaissable en deux accords. Groupe vénéré dans le milieu du rock indépendant, leurs chansons sont de véritables courses de sprint passées au ralenti, des berceuses polies au papier de verre par des punks suicidaires.
Groupe abrasif et viscéral, Chokebore est un bateau en pleine tempête naviguant entre la colère froide de Joy Division et la beauté triste de Radiohead.
Et qu’en est-il alors de cette nouvelle livraison ? Les chansons sont toujours pleines de disto et de tensions, dans le style particulier du groupe. Mais là où le dernier album affichait une direction moins radicale et plus contemplative , « Falls Best » voit le groupe renouer avec la force brute de leurs débuts, beaucoup plus minimaliste et urgente.
Sans encore retrouver les sommets de jadis, cet EP comporte malgré tout une collection de titres intéressants. Les guitares saccadées de « Lawsuit » et de « Joy » sont entêtantes. Celles de « Awesome » étouffantes. Le chant est toujours aussi inspiré et halluciné. Transfigurant le chaos musical ambiant, Troy von Balthazar est un chanteur toujours au bord de la rupture, jouant sa vie à chaque intervention.
Le tout est compact et nerveux (4 titres sur 5 font moins de 3 minutes), et laisse augurer un futur album excitant.
Que la douleur est belle quand Chokebore la met en musique.
« Falls Best » est sorti le 10 octobre chez Vicious Circle.