[LP] Bipolar Explorer – Sometimes in Dreams

Il y a tout juste un an, « Dream Together » de Bipolar Explorer nous avait terriblement bouleversés et sonnait autant comme un au revoir qu’un regard en arrière, irrépressible, pour ne jamais laisser l’absence vaincre le souvenir. Avec « Sometimes in Dreams », bouleversante union de deux êtres que même la mort ne peut séparer, le projet suit une direction plus lumineuse, faisant de la nostalgie une matière musicale à la fois précieuse et humaine. Une œuvre d’une pureté et d’une sincérité trop rares, donc unique et d’ores et déjà essentielle.

crédit : Colette Saint Yves

Michael Serafin-Wells est un personnage hors du commun. Une rencontre qui ne peut que changer votre vie, sans que vous vous y attendiez mais en imposant une présence nécessaire à notre bien-être. Bipolar Explorer est à l’image de ce maître de cérémonie : honnête, sans fard ni maquillage inutile. Une nudité mélodique chargée d’ambiances célestes, nuageuses et faisant écho dans nos songes, nos espoirs et nos douleurs. Et, à travers « Sometimes in Dreams », Summer, son épouse, sa muse, son inaltérable amour, nous parle comme elle ne l’a jamais fait auparavant. Mais jamais comme un fantôme : elle est là, face à nous, à côté de son époux. Elle le regarde, joue avec lui, compose et devient la source vivante de ce double album anthologique. Une piste continue, divisée en deux parties et plusieurs chapitres mais nous conviant à une promenade dans les mondes parallèles et rassurants de Bipolar Explorer.

Summer est là, près de Michael et de nous. C’est sa voix que l’on entend dès les premières mesures de « Sometimes in Dreams » et que l’on retrouvera tout au long de l’opus. Sans jamais chercher à étouffer son langage musical, Michael effectue un remarquable travail de sculpture, de broderie autour des thèmes parcourant deux heures de musique passant à une fulgurante rapidité. L’immersion est totale : des distorsions de « Letter to the Darkest Star » à la subjuguante beauté de « Ocean », nage dans les eaux claires de l’espoir, tout ici respire la vie, la vocation, la merveille de pouvoir continuer à aller de l’avant. « Phantom Limb » et « Out » observent les voiles du désir et du besoin de l’autre, quand « Necessary Weight » fait de la douleur une étape nécessaire à la rédemption et à l’acceptation du deuil. Sur le second disque, « Thousand Thousand Summer » est certainement la piste la plus marquante, obsession vocale se transformant en hypnose à la fois cathartique et multipliant l’impact du poignant « The Choral Text Passage (Summerlove) », qui nous brise autant que Michael lui-même. Mise en scène de la communion des esprits et des inspirations, « Sometimes in Dreams » est un livre dissimulé dans la bibliothèque des journaux intimes de milliers de créateurs ; mais c’est le seul à briller, éclater de mille feux pour attirer notre regard.

Les ultimes paroles de « Lost Life » (et la confidence inaltérable de « Forever After Montage », complicité sans frontière et miraculeuse) résument à elles seules ce qu’est « Sometimes in Dreams » ; laissons donc à Bipolar Explorer le soin de nous délivrer une dernière source de réflexion, de tendresse et d’affection ; en les remerciant, en les écoutant, en leur parlant. Et en saluant leur incomparable force spirituelle et harmonique. Pour finir, donc : « In this moment she appeared to him. In this waking hour he saw and could see. Overcome with emotion he understood at last. She beckoned and he returned to her joyfully, as she said, simply… now! »

« Sometimes in Dreams » de Bipolar Explorer est disponible depuis le 1er janvier 2018 chez Slugg Records.


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Raphaël Duprez

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