Qu’est-ce qui fait que Radiohead inspire autant ses contemporains de tous bords musicaux à reprendre ses chansons ? Les projets sont légions et différents : reggae, symphonique, jazz…
Outre la beauté pure de leur musique, il y a ce sens de l’expérimentation, ce côté touche-à-tout génial qui leur permet de convoquer au sein d’un même disque la pop la plus lumineuse, de l’électro avant-gardiste, ou des accents jazz accessibles. Un mélange qui, plus que les amoureux de rock, fédère avant tout les amoureux de Musique.
D’ailleurs on le sait, Thom Yorke se passionne davantage pour l’électro obscur, et Jonny Greenwood, dans ses projets solos, a travaillé récemment sur des œuvres orchestrales et des compiles de reggae.
Le projet qui nous intéresse ici est celui d’un Français, Sébastien Paindestre, qui se propose avec son Amnesiac Quartet de revisiter, façon jazz fusion, 8 morceaux du quintet d’Oxford. Un deuxième volume de ses aventures débutées en 2006, et financé par des contributeurs volontaires via internet.
Le traitement est classique mais efficace : la basse pose des bases (forcément) du morceau d’origine, aidée en cela par la batterie inspirée des rythmes naturellement jazzy de Phil Selway, alors que les instruments à vent font mine d’improviser en virevoltant tout autour de ce canevas.
Le choix des morceaux proposé est assez judicieux et permet de survoler plusieurs univers sonores. Les saxos s’envolent sur un « Bodysnatchers » enlevé, alors que la rythmique se présente plus sombre et menaçante sur la belle tentative de « Climbing Up The Walls ».
« Pyramid Song », morceau jazz par excellence, est livré paré d’un habillage plus groovy et sexy qui ne trahit jamais l’esprit d’origine, tout en cherchant à le pousser encore plus loin.
On pense parfois à l’œuvre de Robert Wyatt, qui glissait une texture souvent jazzy et émouvante, notamment via les trompettes et les saxophones, au sein de son rock progressif expérimental, mais toujours élégant.
Même si les fans de Radiohead apprécieront toujours un tel projet, qui rend joliment hommage à l’œuvre originale, il faut noter que c’est un objet qui parlera davantage aux connaisseurs de jazz avant tout. La moitié des titres tourne ainsi autour des huit minutes et offre de longs passages instrumentaux dans une interprétation assez libre, qui ne parleront pas forcément à l’amateur de passage.
« Tribute To Radiohead Vol. 2 » d’Amnesiac Quartet est disponible chez Musea Records depuis le 3 septembre 2013.
Retrouvez Amnesiac Quartet sur :
Site officiel – Facebook
En bonus, 5 reprises originales de Radiohead :
Hard’n Phirm – Rodeohead
What The Fuck moment ultime pour l’amateur de Radiohead. Le duo hillbilly country/bluegrass reprend pendant 5 minutes une quinzaine d’extraits de différentes chansons pour un medley survolté.
Easy All-Stars – Airbag
Extrait du projet Radiodread, où tous les morceaux d’OK Computer se voient passés à la moulinette raggae avec une foultidue d’invitées, dont la voix magique d’Horace Andy (Massive Attack) sur cette magnifique reprise du morceau d’ouverture.
Nordpool Orchestra – Paranoid Android
Quand le morceau le plus épique de Radiohead reçoit un traitement digne d’un film de James Bond, le résultat est forcément explosif. Cinématographique, plein de suspens et de rebondissements.
Buena Vista Social Club – High and Dry
Escapade aux ambiances caribéennes, avec chant en espagnol et jolies trompettes.
Scala – Creep
Bande originale du film The Social Network, cette chorale d’adolescents reprend le fameux tube de manière hantée et envoûtante. Dur de ne pas avoir la chair de poule pendant la magnifique montée.