[LP] Al’Tarba – La Nuit Se Lève

Le producteur français d’abstract hip-hop Al’Tarba continue son intense carrière avec un sixième album où il mixe ses différentes influences au sein d’une atmosphère délétère et violente !

Vétéran de la scène hip-hop française, Al’Tarba est déjà l’auteur de cinq albums, deux EPs et une foule de collaborations avec des artistes comme Seth Gueko, Nekfeu, Swift Guad ou Lord Lhus. En dix ans de métier, son art du beatmaking est même venu flirter avec les flows de Raekwon, Ill et Ony du Wu-Tang. Comme si cela ne suffisait pas, le producteur est aussi membre de Droogz Brigade et continue sa carrière solo avec un sixième album où le beat devient hardcore. Laissant infuser ses samples dans une énergie punk rock, Al’Tarba délaisse ses influences abstract les plus évidentes, comme RJD2 ou Wax Tailor, et s’enfonce dans l’héritage de Necro, autre formation majeure s’inscrivant au Panthéon personnel de l’artiste.

Au fil des mélodies, nous nous enfonçons peu à peu dans un environnement poisseux, traversé de séquences narratives nous contant le vagabondage d’un homme violent, dans les recoins malfamés d’une ville où la nuit est sans compromis. Cultivant sa passion pour le Septième Art, et plus particulièrement pour le cinéma de genre, Al’Tarba déroule une pléthore de références, extirpant çà et là des éléments du cinéma américain des années 70 et 80. Du slasher au film noir en passant par la science-fiction, le producteur fabrique un monde où les dialogues, le field recording et les bruitages retranscrivent une atmosphère étouffante et sombre.

Au niveau sonore, l’artiste réalise un assemblage très adroit de nombreuses musicalités. Distillant les effluves vénéneux de l’horrorcore avec « Welcome To Fear City » ou « Malevolent Park », Al’Tarba retrouve les rivages de l’abstract sur « Dans Le Vide » ou « Ripped Eye ». Il hybride également ses productions avec les synthétiseurs rétro angoissants de la synthwave sur « Infested Streets » ou les beats abstract et electronica de « Turn Me On ». DJ Nixon lui prête main forte derrière les platines, avec un scratch endiablé sur « Starship Loopers ». On croise également la chanteuse Bonnie Li sur « She’s Endorphin », le MC Little Vic sur « Guillotine » ou le flow noir et incisif de Virus sur « La Nuit Se Lève ».

crédit : Serge Rigaud

Album kaléidoscopique où de multiples horizons s’agrègent dans un même carcan obscur et radical, « La Nuit Se Lève » donne de la nuance à la scène abstract hexagonale, quand de nombreux producteurs s’enlisent dans la nostalgie. Le contenu de ce nouveau projet risque de diviser, notamment à cause de la ballade violente dans laquelle il nous emmène, de l’impétuosité des rythmiques et de la densité du mix. Les références dans les samples et dans les titres sont assez jouissives lorsqu’on en décerne la provenance, mais resteront sans effet sur celles et ceux qui n’ont pas les clefs nécessaires pour en trouver l’origine. Une chose est cependant certaine : on ne restera pas de marbre une fois ce riche univers dévoilé à nos oreilles, avec un travail sur l’ambiance et les mélodies d’ores et déjà mémorable.

« La Nuit Se Lève » d’Al’Tarba, sortie le 3 mars 2017 chez I.O.T Records.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.