[Interview] Wall Of Death

Dans le cadre de sa tournée française se prolongeant jusqu’à la fin du mois d’octobre, Wall Of Death jouera au Backstage by the Mill de Paris, le 14 octobre prochain dans le cadre du festival MaMA, un set concentré autour de son second album, « Loveland », sorti en début d’année. Brice Borredon, claviériste et chanteur du groupe revient pour indiemusic sur l’histoire du groupe, son identité musicale, sa discographie, sans oublier de nous présenter les deux nouveaux membres californiens qui ont rejoint sa formation.

crédit : Larry Niehues
crédit : Larry Niehues
  • Votre second album, « Loveland », est sorti en mars dernier et présentait un côté plus aérien et apaisé, moins garage et dramatique sinon hanté que « Main Obsession ». Comment parleriez-vous de ce disque en vos termes ?

Plusieurs années et beaucoup de live se sont écoulés depuis « Main Obsession ». Nos envies et notre façon de composer ont également évolué. Sans être garage, notre premier album avait été réfléchi pour être puissant, répétitif voir dronique. Nous voulions amener le public dans cette spirale sombre, l’amener dans ce Wall Of Death. Et nous avons joué cet album sur plusieurs tournées, sur plusieurs continents. « Loveland » est, lui, né d’une envie de casser ce cycle, de ne pas décliner « Main Obsession » à l’infini, d’apporter un autre live, moins frontal finalement, plus en relief, plus ouvert et plus riche, et ce avec un album plus lumineux et plus aérien.

  • Avez-vous l’impression d’avoir gagné en singularité et donc en identité avec ce second album ?

Non et ce n’est pas un but pour nous. Nous avons toujours fait des morceaux sans se soucier de ressembler ou de se rapprocher de tel ou tel band. Nous avons toujours composé nos morceaux en fonction de nos envies du moment, en composant à plusieurs ; ce qui, à mon sens, a créé notre singularité dès notre premier album.

  • L’aventure Wall Of Death a démarré en 2010. Résonnez-vous en tant que projet de scène de prime abord ? Dans d’autres termes, vos compositions studio sont-elles avant toutes pensées pour se prêter à l’exercice du live ?

Wall Of Death est né d’une envie plus forte que les autres, celle de se produire le plus possible et dans le plus d’endroits possible. Cette envie est toujours là et ne nous quittera pas. Cependant, ce n’est pas pour cela que nos compositions sont pensées pour le live. Pour nous, les deux sont indissociables et doivent se répondre. « Loveland » n’a été réfléchi ni pour le live, ni pour le studio, mais simplement en termes de titres et d’album. Une fois ces titres composés, ils sont évidemment pensés différemment pour le studio et pour le live. C’est notre façon d’apporter une expérience différente pour chacun d’entre eux.

  • D’ailleurs, êtes-vous de ceux qui privilégient la captation live, disons la plus brute possible, d’un enregistrement piste par piste ?

Tout dépend de l’intention de l’album… et les deux apportent un résultat significativement différent. Par exemple, et comme je l’ai décrit un peu avant, « Main  Obsession » qui était plus brut, plus frontal, a été enregistré live dans sa plus grande majorité. Le résultat est évidemment plus sauvage ; ces imperfections ne le rendent à mon goût que plus vivant. Les titres de « Loveland » étant plus délicats, plus lumineux, et plus riches, nous voulions davantage amener les gens dans un voyage. L’enregistrement piste par piste nous semblait le plus adapté.

  • L’identité rock psychédélique : comment se manifeste-t-elle chez vous, dans vos compositions, dans votre jeu ?

Elle se manifeste plutôt avec notre entourage, avec la scène qui nous a accueillis (rires). On ne conçoit pas vraiment notre musique comme psychédélique, mais plus simplement comme rock.

  • Vous venez de dévoiler votre nouvelle formation. Gabriel Matringe a quitté l’aventure il y a quelques mois et deux nouveaux musiciens vous ont rejoint en les personnes de Rachel Fannan et James Hurst. Pouvez-vous me présenter ces derniers ?

Ils sont tous les deux extrêmement talentueux, ont chacun une belle personnalité et sont multi-instrumentistes et multi-projets. Nous adorions la voix de Rachel que nous avions entendue dans les débuts de Sleepy Sun. Nous voulions amener quelque chose de différent dans Wall Of Death, amener aussi une nouvelle dynamique, tout en élargissant notre spectre pour notre prochain album. James qui vient, lui, du groupe Beach Party amène également cela. Pour les trouver, j’ai rejoint un mois Adam (NDLR : Adam Ghoubali, batteur du groupe) qui vit à L.A. maintenant pour faire différents tests, avec plusieurs musiciens avec lesquels nous avions envie de collaborer. James s’est présenté à nous et c’est finalement avec lui que nous avons le plus accroché que ça soit musicalement ou humainement.  C’est un super guitariste, avec un jeu de guitare qui ne nous est pas familier mais qui se prête parfaitement à Wall Of Death. C’est d’ailleurs peut-être dans cette ouverture que nous pouvons nous considérer comme un groupe psychédélique (rires).

Affiche de la tournée automnale de Wall of Death
Affiche de la tournée automnale de Wall of Death
  • Vous commencerez l’enregistrement de votre troisième album au printemps 2017. Comment travaillez-vous ensemble sur ce nouveau disque et bénéficiez-vous d’aides extérieures ? Où en êtes-vous dans l’écriture des nouvelles compositions ? Et que doit-on attendre de ce prochain disque en termes d’identité sonore ?

Tout d’abord, il était important pour nous d’accueillir James et Rachel sur « Loveland » et quelques titres de Main. Au-delà de l’envie de jouer cet album qui compte énormément pour nous et qui a demandé beaucoup de travail et d’attente, il nous semblait important qu’ils comprennent Wall Of Death en passant ce « rite initiatique ». Il nous fallait aussi voir comment ils allaient réagir aux morceaux, se les approprier, pour aller dans une direction commune et naturelle. C’est maintenant chose faite, et nous pouvons dire que le prochain album sera très différent de « Loveland ». Encore une fois, il est toujours dur pour nous de décrire une identité sonore, même en citant d’autres groupes. Mais ce qui semble se dessiner naturellement nous rapproche de nos premiers amours : Sonic Youth, Blonde Redhead, Electrelane…

  • Un mot sur votre label : Innovative Leisure dont vous êtes le seul band français d’un label californien, fortement représenté par des artistes de Los Angeles et de Long Beach (Rhye, Allah-Las, Hanni El-Khatib ou Nick Waterhouse pour ne citer qu’eux). Être signé chez des Américains, ça aide pour toucher un plus large public et tourner à l’international ?

Notre premier album était chez Born Bad en France, mais également chez The Reverberation Appreciation Society, le label du festival Levitation d’Austin et c’est en partie grâce à cela que nous avons joué plusieurs années d’affilées aux États-Unis. Donc évidemment, signer chez un label étranger permet toujours toucher un public plus large.

  • Ultimes questions : avez-vous déjà vécu un fameux « Wall Of Death » (NDLR : un mouvement de foule, principalement dans les concerts de heavy metal, où le public se scinde en deux pour mieux se retrouver lors d’une charge) durant l’un de vos concerts ou fantasmez-vous sur cette possibilité ? Et plus proche de l’origine de votre nom de scène, songez-vous au concept un peu fou de jouer un titre au centre d’un Wall Of Death : une bécane lancée plein gaz qui se retrouve à rouler à l’horizontale ?

Nous avons découvert l’existence de ce type de Wall Of Death bien après la création du groupe… et ce n’est ni une envie, encore moins un fantasme de voir se dérouler cette scène devant nous… De toute façon, notre public ne boit pas assez de 8.6 et ne porte pas assez de casques à cornes en plastique pour en arriver là ! (rires)

Et concernant l’attraction foraine qui est l’origine de notre nom, nous avions été contactés par un wall of death anglais, et nous sommes toujours en contact avec eux… To be continued !


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques