[LP] Foals – What Went Down

Avec « What Went Down », Foals revient aux affaires sérieuses. Propulsé par une énergie pulsionnelle et un emballement collectif, tiraillé entre des harmonies vocales solennelles et des structures instrumentales retentissantes, partagé entre des mélodies pop fédératrices et des exaltations rock plus expérimentales, le combo d’Oxford affirme son identité rock tout en faisant preuve d’ouverture.

Foals - What Went Down

Plus de deux ans ont passé depuis « Holy Fire » ; troisième album tantôt acclamé, tantôt déploré par les aficionados du quintet indie rock, et marqué notablement par trois singles : l’incandescence rock d’ « Inhaler », les mélodies indie pop communicatives de « My Number » et la puissance évocatrice et invocatrice de « Late Night ».
« What Went Down » semble, contre toute attente, emprunter une trajectoire semblable à celle de son grand frère, matérialisé sur disque par dix titres forts et éclectiques, à même de porter en triomphe le rock exigeant mais fédérateur de la formation britannique.

Et comme tout déluge passe par une tempête, c’est celle de « What Went Down » qui s’abat en premier acte d’un disque à haute teneur en testostérone. Le chant ravagé et acéré de Yannis Philippakis porte ici la destinée et la tension d’un album attendu au tournant. Rythmiques nerveuses et incisives, ligne de basse étouffante, batterie omniprésente ; la première piste se montre instantanément digne de porter le nom de l’album, tant elle retranscrit la passion animale qui traverse et transcende ici les cinq Anglais.

« Mountain At My Gates » prend la voie rapide pour nous livrer un single en pleine accélération, soufflé par le jeu en parallèle des guitares et de la basse, extériorisé par le chant impétueux de Philippakis et la batterie implacable de Jack Bevan. Entre ses accords de guitare très identifiables, sa ligne de basse très marquée et son chant criant, Foals tient là l’un de ses titres les plus emblématiques.

Du côté des bonnes surprises, « Birch Tree » nous rappelle les constructions tribales de « Total Life Forever ». Les rythmiques, à mi-chemin entre indie rock et pop-électronique, en sortent rafraîchies, tandis que le chant se fait plus léger et apaisé. À l’ombre de ce titre, on a certainement trouvé le parfait allié pour affronter les dernières grosses chaleurs.

S’enchaînent alors la lente promenade expiatoire de « Give It All », le math rock exotique confus d’ « Albatross », le hargneux et combatif « Snake Oil », perturbé et perturbant grâce à ses protubérances électroniques incisives et ses lignes de basses aux abois.

Sur des riffs afros salvateurs, Foals convie les couleurs de l’Afrique à la fête sur l’irrésistible « Night Swimmers ». Entre rock et world, la bande à Yannis Philippakis se plaît au mariage des genres, et c’est tant mieux ainsi !

Dans un registre plus solennel, « London Thunder » partage quelques accords avec le chant de Philippakis devenu le confident intime d’une pluie prête à s’abattre sur la capitale britannique. Incursion progressive des instruments, jeu aéré ; c’est sans gronder que Foals signe l’une de ses plus sensibles ballades. Et c’est prolongé de la suivante, « Lonely Hunter », qu’il avance serein vers la fin d’un album auquel il ne manque rien, tant l’apaisement des derniers titres vient récompenser les efforts des parties précédentes. Un soulagement, une halte et un plaisir de retrouver le quintet oxfordien dans ces autres circonstances.

Du long de ses quasi sept minutes, « A Knife In The Ocean » vient fermer magistralement l’épopée « What Went Down ». Chant murmuré, percussions enroulées, riffs étirés ; tout concorde à donner du souffle et de l’ambition à cet acte final, à l’allure d’un sonar cherchant éperdument la trace d’un trésor perdu en mer. Un dernier souffle retenu avant le plongeon vertical dans le grand bleu agité, à travers les coraux dentelés de l’océan azuré. Sublime.

Il n’en fallait pas plus pour nous convaincre du grand retour de Foals. Avec « What Went Down », la formation anglaise marie expertement le calme et la tempête, la douceur et la violence, la pop et le rock pour signer l’un des très grands albums indie de la rentrée.

crédit : Nabil
crédit : Nabil

« Foals » de What Went Down, sortie le 28 août 2015 chez Warner Music.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques