[LP] Asaf Avidan – Gold Shadow

Partagé entre excellence pop, soul et folk, Asaf Avidan signe un nouvel album pourtant pas aussi brillant qu’il aurait pu prétendre.

Asaf Avidan - Gold Shadow

Deux ans après « Different Pulses », emmené à la force de son seul single éponyme (sinon deux avec « Love It Or Leave It »), mais à mille lieues de l’incroyable « The Reckoning » avec The Mojos, qui l’avait révélé aux yeux et aux oreilles de beaucoup, le chanteur israélien à la voix miraculeusement éraillée revient avec « Gold Shadow ». Un quatrième album qu’il a écrit et composé et qui, en douze titres, explore la pop au sens large et noble, sans jamais tomber dans la facilité ni le commun.

C’est donc un exercice à la fois mesuré et audacieux auquel se risque Asaf Avidan sur ce nouveau disque : celui de proposer plusieurs visages à un projet qu’on aime avant tout pour un chant sans réelle comparaison, déchirant et troublant, saisissant et authentique.

On est d’emblée séduit par « Over My Head », ballade soul émouvante dans la veine 60’s déjà magistralement empruntée par la regrettée Amy Winehouse. Un titre dont l’instrumentation raffinée souligne l’émotion d’un chant criant et vibrant de justesse. Le cri du cœur d’une âme blessée. La soul à bien des égards sert ces émotions si brutes et Asaf Avidan le fait ici avec beaucoup de tact, indéniablement.

Envoûté ensuite par les rythmes langoureux de « Ode To My Thalamus », on se laisse doucement glisser au creux de l’écoute de l’album, pour mieux se laisser électriser par l’excité, captivant et assurément festif « The Jail That Sets You Free ».

On préférera pourtant à ces deux précédents titres le refrain empirique de « Little Parcels Of An Endless Time », belle épopée pop débouchant sur le très élégant « My Tunnels Are Long and Dark These Days », à l’orchestration classique retenue et mesurée et rappelant le charme des années 30. L’un des moments les plus authentiques et réussis de l’album.

L’éponyme « Gold Shadow » n’est pas en reste. Accompagné au piano, Asaf Avidan en devient le confident idéal. Sa voix murmurante et criante, mais jamais criarde, ne trahira pas l’amour ni l’émotion derrière les mots. Les titres éponymes réussissent formidablement à n’en plus douter à l’artiste de Tel Aviv.

D’une autre manière, on murmurera les paroles de « Let’s Just Call It Fate », ballade folk chaleureuse et embrassante (jusqu’aux chœurs nombreux et généreux du refrain), nous ramenant à nos premières amours pour le projet ; et à vrai dire, c’est cette musique sans artifice qui nous parle d’abord chez Asaf Avidan.
On aura un avis plus mitigé concernant « These Words You Wanna Hear » aux couplets folkloriques bien trop naïfs, gâchant presque la légèreté plus acceptable du refrain.
On préférera le personnage plus tourmenté dessiné par les intonations (presque ?) exagérées du chanteur sur le théâtral et extasiant « A Part Of This », tout comme le blues à la gâchette facile de « Bang Bang ».

Et l’on se convaincra, à l’écoute des deux dernières pistes, que ce qui s’accorde définitivement le mieux avec la voix joliment détraquée du chanteur israélien, c’est l’essence des notes des cordes d’une guitare, folk de préférence. Pas de meilleur compagnon pour révéler les sentiments et les sensations les plus pures : on aimera se perdre à force de jouer avec le bouton « repeat » dans les dédales de « Labyrinth Song » avant de se laisser emporter comme un pollen au gré du vent par la douceur intacte de « Fair Haired Traveller », conclusion intemporelle comme l’est toujours le « Hallelujah » de Jeff Buckley.

Asaf Avidan

« Gold Shadow » est donc globalement un disque réussi, mais qui, par moments, en fait trop alors que la voix seule de son interprète suffirait presque à rendre l’écoute inoubliable.

« Gold Shadow » d’Asaf Avidan est disponible depuis le 12 janvier 2015 chez Polydor et Telmavar Records.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques