[LP] The Limiñanas – Malamore

Nous ressortons encore en sueur et les pieds brûlants de « Malamore ». The Limiñanas, ou les plus catalans des Perpignanais, reviennent avec un opus époustouflant qui en fait certainement l’un des groupes de rock psyché français les plus remarquables du moment.

The Liminanas - Malamore

Une question perpétuelle guide toute l’expérience sensorielle qu’est « Malamore », orfèvrerie d’un duo encore trop méconnu dans son pays : où donc The Limiñanas cherche-t-il exactement à nous conduire ? Quand certains morceaux nous enfoncent dans les rues barcelonaises, d’autres nous dirigent sur les bords de la Méditerranée ou dans un désert américain, en plein western. Ce nouvel opus concentre autant de vastes destinations que de titres, comme le fruit d’un voyage sans plan d’embarquement ; comme si nous prenions place à bord d’un van où les musiciens sont aux commandes et fument déraisonnablement, sans indiquer à aucun moment l’itinéraire choisi. Nous ne sommes alors que les modestes passagers d’une étrange odyssée.

Les débuts sont épiques. L’introduction « Athen i.a. » nous prépare à la grande aventure dans une ambiance texane. Viennent ensuite « El Beach » et « Prisunic », deux contemplations en français aux accents gainsbouriens, même dutronesques, s’échappant comme des bouffées de fumée de la voix très grave de Lionel. L’homme à la barbe de cent jours et autant de nuits nous offre une sorte de spoken word hypnotique, avec toujours le sens de la petite formule qui fait mouche : « Je t’ai croisé à Prisunic / parmi les tomates atomiques ». Rien de bien sérieux, en somme. En arrière-plan, le rythme se répète. Les sons sont de plus en plus intenses et frénétiques. Guitares sèches et électriques dansent ensemble et envahissent notre esprit grâce aux percussions exotiques de Marie.

Peter Hook apporte son jeu de basse toxique sur le léger et pop « Garden Of Love ». Tube chanté en anglais par Marie et ses murmures, suivi de moments où il serait davantage question de longues heures de marche au soleil. Puis nous repartons à l’aventure et aux rencontres avec « Kostas », histoire inspirée d’une anecdote ayant eu lieu en Grèce. Le groupe est au sommet de son art sur « Zippo », ode aux célèbres briquets et aux incandescents jeux de guitare et de batterie où le rythme lent transcende l’auditeur. Notre esprit est en suspension comme la fumée « très chargée » dont il est question. Entre les moments intenses du disque sont aussi placés de succulents instants de respiration et d’hédonisme (« Paradise Now »). Le tout se termine par un tonique et ludique « The Train Creep A-Loopin ».

crédit : Thierry Gracia
crédit : Thierry Gracia

The Limiñanas nous rappelle l’importance des plaisirs simples et de l’humanité, dans la vie comme en musique. Pas besoin de complexifier les choses pour être transporté. Le disque s’arrête. C’est la fin des vacances.

« Malamore » de The Limiñanas est disponible depuis le 15 avril 2016 chez Because Music.


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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts