[Live] Touché Amoré et Deafheaven à L’Épicerie Moderne

Retour sur les concerts de Touché Amoré et et Deafheaven le 10 octobre dernier à L’Épicerie Moderne, trois groupes réunis pour une tournée européenne qui alterne les têtes d’affiche. 

C’est une date qu’on attendait depuis longtemps, comme une partie du public qui avait fait le déplacement depuis Avignon, Montpellier ou le Nord de l’Italie. Arrivé trop tard pour Portrayal of Guilt, l’ambiance visiblement détendue est vite réchauffée par Touché Amoré, groupe américain de post-hardcore/screamo. Pour son deuxième concert à Lyon, le groupe formé en 2007 a volontairement joué les titres phares de son premier album, et le son très « teen » marche super bien, soutenu par de belles mélodies. Un socle de fans des premières heures connaissait les paroles par cœur et le chanteur leur a bien rendu, s’enfonçant dans la fosse sans rien avoir perdu de l’énergie des débuts du groupe. Ceux qui venaient pour la tête d’affiche officieuse semblent adhérer au groupe qu’ils découvrent et qui rejoint Deafheaven dans certains de ses registres et de ses inspirations.

Deafheaven s’installe en un éclair et s’impose avec « Black Brick », un des titres les plus sombres du groupe paru en février dernier. Mais la promotion de « Ordinary Corrupt Human Love » allait de soi et les trois morceaux dynamiques qu’il contient s’enchaînent de façon un peu clinique. Cet album est beaucoup plus pop que ses prédécesseurs, avec une alternance de ballades et de morceaux composites au son plus californien, plus classique, plus « teen » lui aussi, autant de collages qu’on a pu redécouvrir en concert et apprécier davantage qu’en studio, dont les ballades seules nous avaient marqués jusque ici. Les deux membres fondateurs du groupe (Kerry McCoy à la guitare et George Clarke au chant et projections de particules suspectes) ont l’air de s’éclater dans un répertoire beaucoup plus dansant que bourrin. Malgré les pas de danse hyper recherchés du vocaliste et la perfection du jeu des musiciens, ça ne marche qu’à moitié pour nous et les morceaux nous semblent de plus en plus forcés, sans doute à cause de l’effet collage.

On est loin de la proximité que le groupe a pu avoir avec son public par le passé, loin de l’effervescence de la sortie de « Sunbather » en 2013, seul album vraiment fédérateur de leur discographie. Tirant les plus grosses ficelles du fan-service, Deafheaven achève un live de quarante minutes chrono avec « Dream House », le premier morceau de l’opus qui les a lancés, et c’est au moment où on commençait à vivre le concert qu’il s’achève. On reste sur notre faim, forcé de penser que c’est dommage pour un groupe se produisant si rarement en Europe. Dommage également pour une salle avec un si bon son pour les soutenir.

Malgré notre déception qui relève avant tout de la brièveté du concert, on n’enlèvera pas au groupe ses qualités, la fraîcheur qu’il apporte à une partie de la scène metal, y compris avec « Ordinary Corrupt Human Love ». Un disque, vous l’aurez compris, qu’on aime simplement moins, mais qui montre que Deafheaven a encore beaucoup à offrir.


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Camille R.

Et pensive, j'écoutais ces harpes de l'éther.