[LP] The Slow Show – Dream Darling

Gros coup de cœur de cette fin d’année 2016, le nouvel album de The Slow Show résume en une quarantaine de minutes tout ce que la musique indépendante contient d’émotions et de savoir-faire. Un disque totalement à contre-courant, puissamment évocateur et troublant, et qui va nous suivre pendant longtemps.

Un an après « White Water », superbe effort d’une intensité personnelle rare et magnifique, les Mancuniens de The Slow Show reviennent déjà avec son successeur ; sachant qu’ils étaient attendus au tournant au moment d’offrir une suite à leurs premières aventures. Et que dire, sinon que « Dream Darling » est certainement l’une des plus belles œuvres de l’année, tous styles confondus ? Le quintet n’a définitivement pas son pareil pour entraîner l’auditeur dans des espaces clos où la musique résonne et vibre tout autour de nous, nous noyant dans un univers à la fois étrange et confortable, sans jamais choisir ne serait-ce qu’une seule façon d’élaborer leurs chansons tout en s’amusant à aller là où on ne l’attend pas. Le résultat se trouve quelque part entre la force émotionnelle du folk et des formes presque rock dans leur conception, tout en conservant tout au long du LP une douceur et une ivresse qui galvanisent et marquent au fer rouge.

Portées par un piano omniprésent et en cohésion totale avec la voix si particulière, toute en douleur et affirmation, de Rob Goodwin, « Dream Darling » s’offre au regard à travers la nudité crue d’un tableau inachevé mais laissant déjà libre cours à toutes les interprétations possibles de la part de l’auditeur. Les chœurs simples et entêtants de « Strangers Now » se marient alors à la douceur plus envolée des cuivres de « This Time », tandis que l’étau se resserre sur nous à travers des monuments d’intimité souffreteuse et délétère tels que les bouleversants « Hurts » et « Last Man Standing ». Rarement les éléments sonores organiques auront sonné de manière aussi vaporeuse et en écho, confinant l’espace et le temps dans chaque piste pour un plaisir toujours plus immense et particulier (« Breaks Today »). Humain avant d’être instrumental, ce second opus ne faillit à aucun moment pour nous transformer et nous malmener avec une délicatesse et une dévotion hors du commun, entre angélisme (« Brick ») et confidence inoubliable (« Dry My Bones »).

Gravé à jamais dans le marbre de la musique contemporaine afin que les éléments ne puissent jamais l’effacer, « Dream Darling » est un travail nocturne et contemplatif, brumeux et sublime. Il nous aura peu souvent été donné de pleurer de joie et de tristesse en si peu de temps ; mais aucune autre réaction ne semble possible face à cet album, confession forçant autant le respect que l’admiration. The Slow Show délivre l’un des monuments de la décennie, sans aucun doute ni commune mesure ; et confirme tout le bien que l’on pouvait d’ores et déjà pensé de lui, le plaçant au sommet de nos pyramides artistiques personnelles.

crédit : Frederike Wetzels

« Dream Darling » de The Slow Show est disponible depuis le 30 septembre 2016 chez Haldern Pop Recordings / Rough Trade.


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Raphaël Duprez

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