La magnitude des Magnets à la Flèche d’Or

En trente minutes chrono,  les Phocéens ont joué tout leur va-tout pour combler le fossé avec le public venu les voir à la Flèche d’Or en ce samedi 19 octobre. Avec succès.

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart

Du MaMA event (Paris 18e) au Mama Shelter (hôtel-resto trendy du 20e), il n’y a (presque) qu’un pas.
Pour oublier le set pompeux de la veille du Belge DAAN, j’ose un « Absynthe Minded » (à base d’absinthe, de citron et de gin) en l’honneur du groupe flamand et du plat pays, avant de traverser la rue pour aller déguster un set tout en énergie et en sinuosité des Marseillais de The Magnets, venus poser leurs guitares et claviers dans la capitale entre deux dates anglaise et belge d’une très chargée tournée européenne.

Le public se masse tranquillement sur le devant de la scène à 19h50, pour la plupart des Australiens venus écouter les San Cisco, nouveau groupe à la mode du pays des kangourous.

Timides, les initiateurs du groupe Marine (guitare) et Guillaume (guitare) sont rejoints sur scène par Zénia (chant et claviers) et Hugo (batterie) pour une envolée de trente minutes de haute volée.

Zénia prend place avec son clavier et sa gestuelle incomparable et happe la salle avec le très pop « Mathemetrics », qui n’est pas sans rappeler un groupe qui se cache dans le titre même de la chanson. Sa voix s’échauffe, se place tranquillement, on pense à Pamela Hute, tandis que les guitares enveloppent la salle de leurs réverbs eighties.

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart

Les Marseillais ralentissent déjà le rythme sur « Parachute », tiré de leur second EP « In Between », laissant libre chant à Zénia pour des alternances de voix rauque et aigüe, symptomatique de cette énergie à vouloir tout donner, tout montrer. La basse nous fait taper du pied et hocher de la tête, nous voici définitivement attirés sur le devant de la scène pour communier avec le groupe.

Le très singulier « Observer », auquel on ne peut s’empêcher de rattacher les images de son magnifique clip d’animation, nous emmène quelque part entre le monde de Kate Bush et celui de Marillion, avec ses fausses entrées et ses fausses sorties. Une habitation alambiquée qui semble habiter le groupe plus habitué à des mélodies linéaires.

Tel ce « Map Of The Maze » où les Magnets peinent à dissimuler leur plaisir à jouer un rock plus binaire, en se faisant s’affronter basse et guitare, à coups de riffs distendus et plus noisy.

« In Between » – son nom à lui seul est un acte manqué – emprunte une ligne mélodique pleine de reliefs et de détours, alterne envolées pops et lancinances new-wave entrecoupées de breaks envoûtants. Le batteur s’y retrouve pleinement même si il a le fut entre deux chaises.

« Out Of Space » est paradoxalement planant et nous embarque à Bristol pour un trip hop bien inspiré qui ne tarde pas à monter en puissance sur les doigts comme hystériques de Zénia qui s’est accaparée la basse.

Zénia qui semble avoir monopolisé toute l’expressivité du groupe tant les trois autres aimants sont en retrait et qui repart de plus belle dans ses vocalises avec un « Emotion’s Growl » que Lene Lovitch ne pourrait renier. Sans doute emprunte de jalousie, la batterie se réveille et s’emballe pour montrer de quelle voix elle se chauffe.

La désarticulée Zénia nous articule un « Stars To Ashes » en conclusion de ce set jouissif, tout en montagnes russes. Un début parlé recouvert d’un synthé lorgnant vers le son du piano à bretelles finit de nous convaincre que les Magnets sont pleins d’inspiration et de ressources qui ne sauraient attirer que le plus grand nombre. À l’image du groupe uni et réuni autour du clavier avant de tirer son irrévérence.

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart
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« Puzzle » et « In Between » sont autant de titres d’albums prémonitoires du son des Magnets. Dispersés mais rassembleurs. Que l’on attend avec impatience regroupés sur un LP à venir quand bon leur semblera.

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans