Stephen Malkmus & The Jicks – Wig Out At Jagbags

Grand frère relax ou mec cool du lycée avec qui on adorerait être pote, ceux qui ont un jour écouté Pavement ont forcément rêvé côtoyer son leader Stephen Malkmus. Celui qui depuis déjà quatre albums vadrouille seul, mais accompagné de ses fidèles Jicks a clairement imprégné la musique indépendante de son empreinte. Deux années après « Mirror Traffic », le faux branleur revient avec « Wig Out At Jagbags », un album qui continue d’inscrire Stephen Malkmus parmi les plus grands songwritters des dernières décennies.

Stephen Malkmus and The Jicks – Wig Out At Jagbags

Il est de ces rares compositeurs à savoir rendre une chanson simplissime malgré le fait que celle-ci soit très écrite. En effet, on a trop souvent, à tort, pensé que Stephen Malkmus était un branleur tant ses chansons semblent nonchalantes. Elles le sont, mais les réduire à cela est ridicule et découle d’une attitude de poseur qui a le sentiment que la musique ne se réduit qu’au talent et non au travail.

Wig Out At Jagbags est un réel bonheur comme tous les albums de Pavement et les propres albums solos de l’américain. Immédiat et pénétrant, cet album n’est pas innovant pour un rond, mais franchement on s’en fout royalement. Un tel songwriting retranscrit sur enregistrement est une réelle chance pour un auditeur, ce disque pue la beauté et la sincérité sans jamais trop en faire. Bref, vous connaissez probablement la musique qu’a déjà pu faire ce type auparavant, je ne vous apprends rien, si ce n’est pas le cas, filez découvrir sa discographie, et vite, car on s’attaque à du classique ici !

Ainsi, « Wig Out At Jagbags » reprend tout ce que Stephen Malkmus sait faire : de la musique pop. Elle est faite de mélodies entêtantes et d’histoires racontées autour d’une bière ou d’un café, dans l’honnêteté la plus pure qui soit. Imaginez votre meilleur ami vous raconter que le matin dernier il s’est cassé la gueule en montant ses escaliers, imaginez-le également vous parler de sa rupture ou du fait qu’il ne sache pas grandir, ressentez le ton de sa voix et mettez tout cela en musique : on est très proches des sentiments exposés par Malkmus. Cet homme est un troubadour des temps modernes qui ne parlerait pas des épopées de grands héros, mais plutôt de ce qui lui passe par la tête. Avec sa lyre, il jouerait un rock qui prendrait deux trois trucs à la country, au blues, au folk ou même au funk (« Chartjunk »), le tout en chantant sublimement que ce soit en douceur (« J Smoov ») ou plus directement (« Lariat »).

Il y a, au final, peu de choses à dire sur ce disque tant il s’inscrit dans la tradition qu’a créée Stephen Malkmus. Celle de la pop indépendante telle qu’elle devrait être, sincère et militante dans le choix de ne pas faire de compromis, juste de mettre sur table ce que nos tripes ont à déclarer. À côté de ça, Stephen Malkmus a dans ce disque écrit avec « J Smoov » sa plus belle chanson depuis « Here » dans l’album « Slanted & Enchanted » de Pavement. Légèrement cuivrée et arrangée avec délicatesse, cette chanson montre que le chanteur en a encore dans le ventre et qu’il a encore bien des choses à dire. C’est beau.

Stephen Malkmus and The Jicks

« Wig Out At Jagbags » de Stephen Malkmus & The Jicks, sortie le 6 janvier 2014 chez Matador.


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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique