[Création #8] SLUMB

On ne les attendait certainement pas sur ce terrain ensemble, mais le résultat est sans appel : « Come & Get It » condense tous les bons ingrédients d’un hit façon Asher Roth ou plus récemment des excellents Easy Life. Entre blues groovy et soul mâtinée d’un flow hip-hop fluide et authentique, SLUMB dévoile ici le premier extrait de son album « Play Dead », en s’offrant ici un featuring classieux avec le MC londonien CW Jones. Non content de réjouir nos oreilles en manque de good vibrations, le duo bordelais flatte également notre rétine en s’associant au vidéaste/animateur moscovite Andrei Bulatchik (aka Velvet Control) pour nous embarquer dans l’histoire (il faut le dire) folle d’un jeune homme en proie à ses hallucinations liées à la prise d’analgésiques dans les rues de la capitale russe. Le résultat est épatant et on s’en voudrait de trop vous divulgâcher les pépites d’imaginaires dont fourmille ce clip, alors on a préféré demander à Julien Marchal et Hugo Sanchez (Senbeï) ainsi qu’à Andrei Bulatchik de nous parler de cette collaboration pluridisciplinaire aussi futée que renversante.

crédit : David Bross

Senbeï : J’avais juste les trois accords de piano en tête, j’ai prévenu Julien par tel, qu’il fallait se voir vite pour arranger tout ça. On a fait la base du morceau rapidement, mais la composition est assez classique, finalement. L’idée du morceau est venue juste après l’EP. Il fallait faire quelque chose de nouveau par rapport à ce qu’on venait de sortir et ouvrir un peu notre style, tout en gardant le côté hip-hop, piano, etc., mais faire du frais, et surprendre les gens pour qu’ils redécouvrent SLUMB à la sortie de l’album. Avec le temps, je ne pense pas que le track soit un OVNI dans l’album, mais que tous les morceaux ont leur personnalité et c’est ce qui fait la force de l’album.

Julien Marchal : J’ai eu l’impression de me laisser aller dans l’univers d’Hugo. J’aimais la sensation de découvrir et d’apprendre en même temps (c’est ce qui m’anime le plus). Quand je fais des choses que je connais déjà, je m’emmerde. Avec Smokey Joe, Hugo est bien plus adepte des morceaux groovy avec du Rhodes ou des Clavinet à la « General Electriks ». Comme avec Ed (NDLR le chanteur anglais Ed Tullett avec qui Julien forme le duo Lissom et qui était invité sur le premier EP de SLUMB sur le titre éponyme « Reset » (notre chronique)) ; c’est allé assez vite avec CW Jones pour voir où le morceau irait.

On a une structure, une instrumentation et une rythmique assez formelles, mais c’est ce qu’il fallait au morceau. Parfois, les meilleurs plats ne sont pas les plus compliqués à réaliser ou exécuter. Je ne dis pas qu’il s’agit d’une track simple. Pour continuer mon analogie, on peut faire une purée mousseline ou une purée maison, ça reste de la purée, mais il y a un monde entre les deux. Les outils et règles ne sont pas tout et heureusement.

CW Jones dans le clip « Come & Get It »

Les échanges avec CW Jones ont été rapides et efficaces (comme avec tout le monde sur cet album). Tout le monde s’est donné à fond. Comme sur les autres featuring ou musiciens ayant collaboré à l’embellissement de cet album (que vous découvrirez plus tard). Je reste donc un peu en retrait sur ce morceau, car je ne me sens pas légitime de parler du processus compositionnel.

Julien Marchal & Senbeï : Nous sommes un peu tombés par hasard sur le travail d’Andrei en fouillant sur Vimeo. La poésie de son travail et son humanité nous ont beaucoup touchés. Il dégage de sa caméra une atmosphère chaude et sensible dans un environnement froid. Cela nous semblait correspondre exactement à notre vision du projet. Ce qui nous a beaucoup plus en voyant le résultat final, c’est qu’Andrei a parfaitement su associer ces éléments à l’univers un peu pop du titre « Come & Get It ».

Andrei Bulatchik : Après avoir écouté le titre « Come & Get It », j’ai souhaité illustrer la lutte émotionnelle du personnage principal contre la dépendance aux analgésiques, à travers une série de métaphores visuelles par le biais de rencontres étranges dans la rue. Le tournage s’est déroulé sur cinq jours, à Moscou. Ici en décembre, les journées sont courtes et glaciales. Nous avons filmé de nombreux acteurs dans quatre lieux différents, dont le monorail de Moscou et le Goodson Bar. Nous avons dû attendre le beau temps pour filmer des scènes en extérieur et la barbe de l’acteur principal Daniil ne cessait de pousser. Il devait la tailler avant chaque jour de tournage pour garder le même look. Mais un jour, il s’est présenté avec un énorme trou dans la barbe alors que nous devions filmer son portrait ce jour-là. Heureusement, nous avons réussi à cacher ça en post-prod… La magie des effets spéciaux ! Vous pouvez essayer de le chercher dans les images… dans l’ensemble, la vidéo contient 35 prises de vue VFX, y compris toutes sortes d’effets abstraits, ainsi que des compositions et des nettoyages transparents.

« Play Dead » de SLUMB, sortie le 16 avril chez Banzaï Lab.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques