[Interview] Sleaford Mods

Jason est un vrai killer qui manie les mots à la hachette tandis qu’à la gâchette, Andrew sample avec dextérité des morceaux qui font mouche. Le duo Sleaford Mods vient de Nottingham et ne fait pas des gammes pour nothing. Sortis de la shit pour ne plus dire chut, ces Anglais hors modes et hors normes assènent sur scènes des claques à tous ceux qui veulent bien les entendre à défaut de les comprendre. Et même si la politique s’en mêle et s’emmêle parfois, elle ne rattrapera jamais le groupe qui court plus vite que l’ombre d’une vie qui ne devait pas être la leur, mais qui est devenue celle qu’il espérait et que nous soutenons fort. « Hats on » les artistes !

crédit : Nicolas Nithart
  • Salut Jason et Andrew. Alors, quand avez-vous joué pour la dernière fois en France et est-ce que vous savez-vous à quel point vous êtes populaire chez nous ?

On a joué en mars 2022 à Paris puis en juillet à Beauregard. Ouais, évidemment les Français nous aiment !

  • Votre fan base s’agrandit, mois après mois, grâce à votre travail acharné, à vos tournées. Et sûrement aussi grâce à Arte qui avait diffusé l’excellent documentaire « Bunch of Kunst » sorti en 2017 et qui avait enregistré et diffusé en 2021 une release party de votre album « Eton Alive »… Vous en pensez quoi ?

Je ne sais pas trop. Je veux dire, je ne sais pas trop quelle audience ça a eu en France. Ça a marché ?

  • Faut croire. Le concert était vraiment top. Il y avait une belle captation au milieu d’un public restreint. Et des supers interviews de vous dans le docu. Certainement des occasions pour les Français de comprendre le groupe. Qui a 15 ou 16 ans, c’est ça ?

Ouais, ouais. Et avec Andrew, nous sommes ensemble depuis dix ans.

  • Vous deux depuis dix ans avec toi, Jason, pour le chant et les paroles, et Andrew pour la musique. Est-ce à ce moment-là que le groupe a vraiment démarré ?

Oui. Il est alors devenu ce qu’il devait être. Avant cela, il était plutôt à un stade infantile.

  • Tu confiais Jason, au journal The Guardian, que, peut-être pas vous deux, mais au moins toi, que vous veniez d’une vie de merde. Je veux dire, travail acharné et quotidien super difficile. Et toi tu te nourrissais de barres Mars… Tu te souviens, j’imagine, de cette période ?

Vieille et douloureuse expérience. C’était il y a longtemps, mais oui, c’était comme ça.

  • Et le groupe était une sorte de renaissance pour vous. Pour toi, au moins ?

En vérité, pour nous deux, ouais. Au sens, tu sais, d’où nous en sommes aujourd’hui et où nous allons avec nos vies…

  • Votre style est assez populaire, vous savez, le nom vient de l’allemand, on appelle ça le Sprechgesang…

C’est ça. C’est comme ça que les gens appellent ce style… c’est de la bonne électro, tu sais, avec des paroles intègres. C’est assez stylé.

  • Tu mets beaucoup de politique dans tes chansons.

Oui, mais plus tellement de nos jours. Mais je le pense. Je fais des raccourcis. Ce n’est pas directement politique, mais…

  • … Mais de toute façon ce n’est pas grave pour les Français non anglophones, car la musique est super punchy, dansante. Même si vous n’êtes que deux sur scène, vous dansez et bougez de façon iconoclaste. Un peu comme Bez des Happy Mondays ou Liam Gallagher. Sur scène, il se passe vraiment quelque chose.

Ouais. Il y a ce genre d’échos de tout ça je suppose, sur ce que nous faisons. Nous aimons vraiment ça, nous aimons toutes les bons trucs comme les gens se plaisent à raconter de nous. Des gens disent même que c’est comme si rien ne s’était passé depuis… Ouais. Vous savez, ces gens à la recherche d’une connexion avec ce qui se passait dans les années 90…

  • Vous travaillez dur. Beaucoup de concerts, de tournées et aussi d’albums.

Nous avons fait de mémoire six albums, quatre EPs et un album de compilation. Donc ça doit faire au moins une douzaine de sorties.

  • Quand on vous voit sur scène, vous avez l’air si heureux de jouer. Finalement, qu’est-ce que vous préférez ? Être dans un studio d’enregistrement ou être avec vos fans et faire des trucs un peu partout dans le monde ?

Tout. Tu sais, je voulais aller quelque part avec la musique, mais je n’aurais jamais pensé que je le ferais. Et c’est comme avec Andrew, tu sais… nous voulions aller quelque part selon nos propres conditions et maintenant nous l’obtenons, nous avons nos propres identités. C’est donc assez miraculeux que cela nous soit arrivé. Et plus important encore, nous avons décidé de travailler dur et de continuer. Beaucoup d’artistes ne le font pas, cela peut être une existence assez monotone parfois. Vous devez juste faire face à ça… Il y a beaucoup de gens qui sont doués pour faire de la musique, mais ils n’y arrivent pas. Par manque de travail et de tournées…

  • Est-ce que, comme beaucoup de groupes, vous trouvez l’inspiration en tournée grâce à l’actualité, avec ce qui se passe dans le monde, avec ce qui se passe au Royaume-Uni, d’où vous venez ? Est-ce que vous éprouvez le besoin de mentionner tout cela dans vos nouvelles chansons ?

Ouais. Ouais, je dirais ça. Andrew est inspiré de tant de façons différentes, et je suppose que moi aussi. Lyriquement, pour moi, ouais. Regarder les nouvelles ou juste un jour sur deux, tu sais, peut m’inspirer. Il faut être honnête avec soi-même et ne pas se voiler la face…

  • Y a-t-il quelque chose sous le feu en ce moment en termes d’album ou de concert et quel est votre processus ? Est-ce que c’est Andrew qui commence avec les premières notes de musique et toi Jason qui raccroche les wagons avec les mots ou l’inverse ?

Les deux, c’est toujours interactif entre nous deux !


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans