[Clip] [Exclusivité] Sarah Toussaint-Léveillé – Les vieux chats

Il y a un mois l’auteure-compositrice-interprète Sarah Toussaint-Léveillé dévoilait sa nouvelle mue d’artiste avec son EP La solitude des flocons. S’imposant pour nous comme la plus belle proposition de renouvellement des chansons de Noël, elle amenait son folk poétique vers un projet de musique lente mettant en relief le goût de l’artiste pour les expérimentations (un immense merci pour la magnifique pièce « Flocon »). Alors que l’hiver constitue la trame de fond discrète, mais bien présente de l’EP, mélancolie et solitude sont sublimées plutôt que rejetées. Cette mordue de cinéma nous réservait toutefois une dernière surprise en réalisant elle-même son premier clip accompagnant sa chanson « Les vieux chats ».

Éloignant tout doucement sa caméra du tissu fleuri d’un divan, la réalisatrice Sarah Toussaint-Léveillé nous transporte délicatement dans un appartement inondé de la lumière blanche des hivers montréalais. Ou peut-être pas. En effet, dans ce film qui embrasse la même démarche que l’EP, l’artiste québécoise nous offre de nous déconnecter des temps et des lieux dans lesquels nous nous trouvons. On assiste à l’un de ces réveils du dimanche où les draps froissés, les vêtements dormant sur le plancher et les bouteilles ouvertes font encore planer dans l’air l’intimité improvisée de la veille. On est surtout plongés dans l’un de ces moments où l’esprit embrumé s’égare complètement. Sarah Toussaint-Léveillé nous amène subtilement dans ces beaux moments d’absence par des compositions dignes d’une orfèvre qui mêlerait symbolisme et surréalisme. En prenant grand soin de ne pas nous brusquer, elle éveille les uns après les autres tous nos sens par sa musique où le piano, la voix, la contrebasse, le synthé, les drones et les textures s’ajoutent progressivement au bruit d’objets du quotidien ainsi que par des plans sur le café et les céréales se déversant sur le dos et la tête de la danseuse Alexia Martel. Les remarquables artistes que sont l’animatrice Moïa Jobin-Paré et la chorégraphe Isabelle Boulanger l’aident également à donner naissance à cet univers en faisant se rencontrer sublimes animations comme des gravures et gracieux mouvements de danse.

Le rythme s’accélère. Mais il est déjà temps pour la réalisatrice de nous ramener, ainsi que son personnage, dans nos vies respectives. C’est toujours avec précaution qu’elle nous fait emprunter en sens inverse les différents tableaux que nous avons pu admirer. On reprend nos esprits apaisés et heureux d’avoir été exposés à autant de beauté. L’œuvre proposée nous a évoqué tour à tour Lynch, Klimt et même par moment Satie. On a surtout eu l’impression d’assister à la confirmation que cette artiste multidisciplinaire est l’une des étoiles les plus prometteuses et authentiques du Québec. On a déjà hâte à la prochaine mue, mais, ce qu’on aime le plus chez Sarah Toussaint-Léveillé, c’est qu’elle prenne le temps et qu’elle nous apprenne à faire de même.

« La solitude des flocons » de Sarah Toussaint-Léveillé est disponible depuis le 15 novembre 2019 chez Les Disques Orage.


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Lise Brun

En quête perpétuelle d’émotions dans les salles de la ville aux cent clochers