[Flash #18] Santa Cruz, Jean Jean, Romance, Duck Duck Grey Duck et Gloria

Second Flash de l’année au départ de Rennes, notre 18e épisode met à l’honneur la scène musicale française et suisse pour un concentré de groove décapant, de puissance folle, de passion vitaminée et de charme instantanés. Accrochez bien votre ceinture !

[LP] Santa Cruz – Now&Here

25 janvier 2018 (Hasta Luego)

Avec son sixième album, Santa Cruz déroule sereinement un panorama des plus superbes. Le quintet rennais glisse aisément du psychédélique des Doors sur le magnifique titre d’ouverture (« What’s Happening Here ») vers un lyrisme pop alternatif où le timbre assuré de Pierre-Vital Gerard caresse la mélancolie de Matt Berninger (« Summer Dies Tomorrow »). Parfaitement équilibré et mesuré dans ses intentions, Santa Cruz s’exécute avec une justesse désarmante quand il empreinte les voies authentiques de l’americana et du folk (le somptueux songe de « Radio Talking », la magnifique envolée de « The Pilot Is Me », sans oublier l’éveil serein de « 5AM »). Quand il s’écarte de ces chemins, c’est pour rejoindre avec élégance la pop lumineuse du délicieux « Heavy Dancer » ou nous offrir un ultime crescendo rock pour « Andromeda ». « Now&Here » est un disque vaste et surprenant, une magnifique épopée pop moderne.


[LP] Jean Jean – Froidepierre

23 février 2018 (Head Records / Black Basset Records)

Passé du duo au trio avec l’arrivée de Gregory « Almeeva » Hoepffner à la basse et aux synthés, Jean Jean est parti s’exiler dans un chalet au cœur des Alpes françaises pour enregistrer son second album, cinq ans après le très geek « Symettry » et ses titres délirants. Bien plus sombre et nerveux, « Froid de Pierre » en impose naturellement à l’instar du mégalithe glacé de sa pochette minimaliste. Articulé autour d’accords binaires épileptiques et de frappes chirurgicales redoutables, le groupe septsortais y libère son côté primal sans jamais pleinement relâcher la pression ni dériver. À la croisée du post-rock, de l’ambient et de l’électro-rock, Jean Jean façonne une œuvre intense et urgente, goûtant aux froids extrêmes entre le sevrage et l’addiction sous-cutanée. Une imposante cryothérapie par le son qui engourdit et réchauffe les corps.


[EP] Romance – La Peau

16 février 2018 (autoproduction)

Moitié du duo rock féminin The Buns, la chanteuse et batteuse Émilie Rambaud, s’offre une parenthèse pop et en solo avec son projet Romance. Pour défendre les titres de son second EP intitulé « La Peau », la Parisienne peut compter sur la complicité d’un quatuor à cordes, In Praise of Folly, joué par quatre Bruxelloises. Touches orchestrales soignées, mélodies pop lumineuses et chanson française, parfois franglaise sur l’adroit « Wars », se côtoient ici et parviennent sans peine à nous séduire. Impossible de résister en effet aux jeux de mots habilement tissés sur « Soie », à la poésie animale en chasse de « La peau » et, plus encore, à la sensualité suave qui se dégage du tube « Envers et contre toi ». Audacieuse et intrépide, Romance fait de l’amour un enjeu dangereux.


[LP] Duck Duck Grey Duck – Traffic Jam

2 février 2018 (Casbah Records / A Tree in a Field Records)

Début février, le trio suisse Duck Duck Grey Duck revenait avec un album concept XXL « Traffic Jam ». 25 titres follement groovy, prêts à enflammer n’importe quelle piste de danse, de la cage d’ascenseur aux plus grandes salles des fêtes. Trois ans après « Here Come… » et sa participation remarquée aux Nuits de l’Alligator, le groupe genevois poursuit sa conquête du territoire français avec des titres toujours plus habités et contagieux à l’instar d’un premier single rock furieusement piquant : « Frelon ». Endiablé, urgent et extrêmement bien rythmé, le second long format de DDGD concourt en endurance, pour nous laisser l’embarras du choix et des émois avec des intentions initiales toujours intactes. En somme, le disque parfait pour ambiancer une soirée entre potes, une boom de fin d’année ou accompagner une descente à folle allure. Les pistes sont lancées, à vous de le jouer ! Mention spéciale au très efficace « Ride My Bike ».


[EP] Gloria – Oîdophon Echorama

9 mars 2018 (Howlin’ Banana / Ample Play Records)

Après avoir réservé une mémorable session live aux visiteurs du Musée des Beaux-Arts de Rennes durant les dernières Trans Musicales, immortalisée par KEXP, le (so) sextette pop psychédélique Gloria nous replonge avec charme et admiration dans ses épopées sixties délicieusement harmonisées. Près d’un an et demi après son premier album, « In Excelsis Stereo » (we trust), la formation revival lyonnaise, emmenée par ses Gloriettes, redonne un petit coup de polish à un genre dont on n’attendait pas le retour hors des films de Tarantino et d’Edgar Wright (« Baby Driver » et sa bande-originale démente). Quel plaisir alors de se laisser porter, mieux encore happer par les ambiances hypnotiques et métaphysiques de ce « Oîdophon Echorama ». Un EP à remonter le temps fourni en tubes éclatants, à l’instar de l’impeccable « Heavy » avec la Nantaise Arianna Monteverdi en guest.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques