[LP] San Fermin – Belong

Avec un troisième album marqué d’une identité forte et personnelle, San Fermin confirme sans conteste possible tout le bien et les ambitions qu’on lui portait, voire plus encore. Un disque osé, risqué parfois, mais toujours maîtrisé et parfait en tous points.

En quelques années, le collectif de Brooklyn San Fermin s’est constitué une réputation – largement méritée – de sculpteurs de sons et d’ambiances, notamment grâce à l’apport d’instruments acoustiques peu utilisés dans une musique dite populaire. Le résultat se faisait sentir sur les déjà aguicheurs « San Fermin » et « Jackrabbit », mais prend, grâce à « Belong », une dimension encore plus intime et illustrant autant l’ambition que la quête d’un groupe prêt à tenter chaque nouveau type d’arrangement, à s’aventurer dans des genres divers et variés et se donner corps et âme à des compositions aussi complexes qu’immédiates. Ainsi, ce nouvel opus ne marque aucun temps mort ni ennui pour l’auditeur, l’invitant à une écoute aussi jouissive qu’active et passionnante.

« Belong » dépasse le carcan trop étroit de la pop et de l’indie rock pour se façonner lui-même, à travers des mélodies et choix artistiques judicieux et imprévisibles. La montée en intensité fulgurante de « Open » côtoie alors des moments plus posés et contemplatifs (« Belong », « Bones ») qui permettent aux envolées ethniques et tribales de « No Promises » et « Perfume » d’éclater de façon toujours plus lumineuse. Mais, là où San Fermin se démarque de ses contemporains, c’est bel et bien lorsqu’il emprunte des chemins harmoniques à la dynamique morcelée mais terriblement envoûtante, comme sur le formidable « Better Company » ou le sombre et pourtant éclatant « Dead », ces deux pistes valant à elles seules l’écoute intégrale d’un LP qui multiplie les effets de surprise et les secrets révélés au compte-gouttes, allant même jusqu’à confesser, sur un ultime « Happiness Will Ruin This Place », que trop de bonheur tuerait la matière vivante du disque dans son noyau le plus brut, union de l’énergie électrisante et d’une certaine idée de la mélancolie, ces deux éléments prenant leurs quartiers doucement, lentement mais profondément au fil de l’écoute.

Au milieu de ce tumulte sonore aussi impressionnant que prégnant, les voix de Allen Tate et Charlene Kaye se répondent, s’enlacent, se cèdent respectueusement la place selon les humeurs et les saisons d’un album dont les couleurs et les reflets s’intensifient encore et encore, alors qu’il dévoile les paysages tantôt automnaux, tantôt printaniers que nous traversons avec admiration et envie. Porté par des mouvements de cuivres et de cordes essentielles et magnifiques, « Belong » n’appartient pas qu’à ses géniteurs ; il devient notre objet le plus chéri et précieux, parvenant, en cinquante minutes, à se paraître inestimable à nos yeux. Entre poésie et énergie émotionnelle, il demeurera longtemps le remède idéal à la solitude et à la dépression ; incomparable, juste et d’une densité artistique touchant au sublime.

crédit : Denny Renshaw

« Belong » de San Fermin est disponible depuis le 7 avril 2017 chez Downtown / Interscope Records.


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Raphaël Duprez

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