L’amnésie, ses causes et ses conséquences précipitent « Rien n’a de sens » de Rouge Congo dans une course-poursuite implacable pour se souvenir et retrouver ses repères. Tandis que la voix murmure quelques indices, portée par les impulsions pop d’une musique ne brusquant à aucun moment l’individu en proie à l’oubli, le clip expose une dynamique à la fois angoissée et emplie d’espoir. Où cette cavale va-t-elle nous mener ?
Un regard, dans le vague. La caméra, introspective, émerge du flou et observe ce qui entoure le protagoniste principal de « Rien n’a de sens ». En une vingtaine de secondes, l’enjeu est posé, calme, presque surréaliste. Quelles sont les raisons de cet éveil au milieu de nulle part ? Le rythme cardiaque s’accélère avant que l’allure elle-même ne se renforce. De flashes rapides en fuite éperdue, le court-métrage sème le doute et la confusion, tant au cœur de l’écran que dans nos esprits. Il ne nous reste qu’à écouter et demeurer dans le sillage de cet homme à qui tout semble avoir échappé. D’attendre, tandis qu’il redouble d’efforts.
Le changement de perspective est encore plus violent après une telle introduction. Il nous percute, nous met à terre. On ne révélera pas ici la conclusion formidable et glaçante de ce spectacle tétanisant. De l’égarement à la folie, du virtuel au réel, il n’y a qu’un pas, infime ; Rouge Congo l’a franchi et en ressort différent, portant ainsi le traumatisme de la vérité aux confins de la raison. « Rien n’a de sens » ; une prophétie qui, malheureusement, n’est que trop réaliste.
