[Clip] [Exclusivité] Ork – Dinner for One

Mine de rien, « Electric Reveries », le deuxième album du groupe Ork hante encore nos nuits près de deux ans après sa sortie. Il y a bien sûr sa faculté à mettre en scène par le son de somptueux paysages allégoriques, fourmillant de détails et d’imprévus, à installer des histoires, toutes plus surréalistes les unes que les autres. Il y a aussi cette énergie vibrante qui s’échappe de chacun des morceaux ; cette profusion instrumentale qui nourrit chacun de ces développements héroïques et évocateurs, inspirant les sensations de danger, de périple, de mystère, de magie et d’exploration… Alors forcément quand se présente une occasion de découvrir l’envers du décor de la mécanique complice, instrumentale et organique qui anime le duo alsacien, notre curiosité se met en alerte. Et pour le coup, elle n’est absolument pas déçue par le clip en forme de session consacrée au génial « Dinner for One », vidéo à découvrir en exclusivité sur indiemusic.

Plutôt que d’afficher une esthétisation à outrance, d’un processus musical déjà parfaitement établi, les deux compères préfèrent se présenter tels qu’ils sont, sans artifice ni maniérisme. La conclusion est d’ailleurs très simple : ils sont beaux à voir jouer. Totalement impliqués dans leur musique, le clip nous permet de percevoir l’intensité physique avec laquelle ils développent cette composition inarrêtable et évolutive vers un climax extatique absolument captivant. Le jeu de Samuel Klein à la batterie, rappelle un autre grand batteur devant l’éternel, John Stanier, figure du rock indé et déviant US, à tel point d’ailleurs qu’Ork prend ici des airs du groupe de math rock progressif et créatif américain Battles, pour ce côté tranchant et incisif de la musique, mais où la musicalité répond sans vaciller à la puissance.

La technique extrêmement fluide d’Olivier Maurel au vibraphone est au service d’une expressivité percussive absolument dingue. Le duo maîtrise son sujet : il y a à la fois quelque chose d’absolument pur et de totalement complexe dans sa musique. Ils jouent ainsi des alternances pour mieux créer le contraste entre le chaud et le froid, entre l’apaisement et la tempête. Et puis il y a cette faculté à agrémenter l’ensemble, au-delà de leurs instruments respectifs principaux, avec une multitude de détails, d’arrangements et de samples ; à tel point que même avec l’image nous en venons à nous demander comme ils font pour gérer autant d’éléments à la fois tout en gardant cette cohérence aussi parfaite. Beaucoup de styles et d’approches se télescopent dans ce morceau : le rock, le jazz, la musique progressive, l’electronica, les bandes originales de films, le post-rock, le punk… D’ailleurs, même avec la mission délicate de devoir transcrire par les mots, ce moment grisant, difficile de ne pas se laisser abandonner dans cette générosité sonore. Mais la seule et vraie question qui se pose alors : mais comment allons-nous faire pour les voir prochainement sur scène ?

« Electric Reveries » de Ork est disponible depuis le 19 mai 2019 chez Machette Production.

Pour les plus chanceux et chanceuses d’entre vous, le duo se produira à Chamonix ce vendredi 8 octobre 2021 pour le festival JazzContreBand.


Retrouvez Ork sur :
Site officielFacebookInstagram

Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.