[LP] Mogwai – Every Country’s Sun

Il y a 20 ans paraissait « Young Team », premier album des seigneurs du post-rock écossais. Depuis, un long périple s’en est suivi pour Stuart Braithwaite et ses acolytes. Alternant albums studio et bandes originales, le quintet est devenu quatuor suite au départ du guitariste John Cummings. Alors que l’on venait de se remettre de la sombre mais géniale bande originale « Atomic » parue l’an dernier, Mogwai retrousse ses manches et nous présente un neuvième opus, « Every Country’s Sun », plus que jamais amplifié et redoutable.

Amputé d’un de ses guitaristes, la question était de savoir comment allait évoluer Mogwai : allait-il emprunter des chemins beaucoup plus électroniques qu’auparavant à l’instar de son avant-dernier album « Rave Tapes » en 2014 ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, le groupe de Glasgow répond par la négative et positionne les guitares aux avant-postes. Le premier titre mélodique « Coolverine », où la guitare et la batterie ne font qu’un n’est alors qu’un avant-goût de ce revirement dont la patte du producteur Dave Fridmann est plus que jamais présente (celui-là même qui avait sublimé les chefs-d’œuvre « Come On Die Young » (1999) et « Rock Action » (2001)). Il n’y a alors aucun doute : l’heure est au retour aux sources !

Comme il avait pu le faire sur son dernier EP, « Music Industry 3. Fitness Industry 1 » en 2014, avec le titre « Teenage Exorcists », la bande écossaise produit des tubes à foison. Nous sommes d’emblée servis, sinon conquis, avec le très pop « Party In the Dark » aux airs de New Order, quand la voix feutrée de Stuart Braithwaite se fait entendre. Pour le reste, c’est un festival de post-rock cinématographique auquel nous a habitués le groupe, avec ce schéma répétitif et allant crescendo qui fait toujours mouche avec « Brain Sweeties » et « Crossing The Road Material ». La première partie de « Every Country’s Sun » se clôt sur le très tranquille « Aka 47 » où le spectre de « Rave Tapes » n’est jamais bien loin.

Mais très vite, l’ambiance se dégrade sur la seconde partie, pour notre plus grand plaisir. En parfait exemple, « 20 Size », où les guitares ressurgissent au premier plan ; Mogwai n’en oubliant pas son amour de défier le mur du son. Après une trêve plus calme avec « 1000 Foot Face » où les voix spectrales refont surface, l’ambiance inquiétante et alarmiste d’« Atomic » refait surface avec tout d’abord le prenant « Don’t Believe the Fife » mais aussi « Don’t Battle the Scramble » où le tandem Braithwaite/Burns massacre ses six cordes. Après un énième assaut électrique nommé « Old Poisons » vient le temps de la conclusion éponyme avec son crescendo sonique éprouvant, où le quatuor maltraite ses instruments afin de plonger l’auditeur dans un magma de larsens en tous genres.

crédit : Brian Sweeny

Il est impossible de ne pas songer alors aux événements qui ont frappé le monde entier ces deux dernières années, des attentats perpétrés par l’État Islamique à l’élection de Trump ou le Brexit, en passant par la mort de nombreuses légendes de la musique en 2016 en écoutant cette nouvelle bande-son à la beauté désarmante. Plutôt que de s’enfoncer dans un schéma électronique persistant, Mogwai fait revenir les guitares au premier plan sur ce « Every Country’s Sun » quasi-apocalyptique et désenchanté. Un parfait coup (gagnant) de « trashy old noise » comme Iggy Pop en parlait sur le second album des Glasgoviens.

« Every Country’s Sun » de Mogwai est disponible depuis le 1er septembre 2017 chez Rock Action et [PIAS].


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Florian Soni-Benga

Florian Soni-Benga

Comptable dans la vraie vie mais oreille curieuse sur les Internets. Aime découvrir de nouveaux talents musicaux indie, electronica et world sur Bandcamp et Soundcloud ou en parcourant les salles parisiennes avec son reflex. Fondateur du site lesoreillescurieuses.com