[Focus] Lyrique Square, Graceful, We Stood Like Kings et Girl Ray

Une vision personnelle et juste du culte de l’image, du punk rock échevelé et dantesque, du post-rock envoûtant et rêveur et un jeune trio prometteur et magique ; voilà le programme de ce nouveau focus musical cosmopolite et flirtant autant avec la douceur que l’indécence sonore !

Lyrique Square

Les apparences jouent, la plupart du temps, soit en notre faveur, soit contre nous. Elles ne reflètent pas qui nous sommes, mais doivent supporter le regard de ceux qui nous entourent ; ce qui est un fait malheureusement évident lorsque l’on parle des femmes. Le célèbre adage « Sois belle et tais-toi » revêt toute son ironie dans le nouveau clip de Lyrique Square, « Le bal des actrices » ; une chanson aux mouvements pop délicats qui cache, dans les paroles de Tania Wyss, une réalité à la fois drôle et cruelle. Le groupe, poupées aux regards vides, contemple pourtant le culte du corps, de l’image qui fera, ou non, le buzz sur Instagram et autres plates-formes. La solitude aura rarement été aussi bien représentée, de même que l’amertume que l’on ressent face à ces observateurs ne jugeant que l’extérieur, les traits parfaits et la démonstration de ce que, au final, nous ne sommes pas. Une lecture réaliste et parfaite de ce syndrome qui pollue nos existences quotidiennes.


Graceful

On a souvent peur lorsque l’on parle de punk rock français ; et pourtant, nombre de groupes ont prouvé que le genre pouvait parfaitement trouver ses lettres de noblesse dans nos contrées. À tous ceux-là, il faut désormais ajouter les Nantais de Graceful, pur concentré de colère mélodique et électrique comme on en a rarement entendu et dont « Buzz », extrait d’un premier album, « No One Hears Us », à sortir le 1er septembre prochain, démontre le potentiel apparemment inépuisable. Une folie sonore et visuelle parfaitement maîtrisée, s’offrant même le luxe de varier les plaisirs en modérant ses ardeurs (aussi bien instrumentalement que vocalement) avant de relâcher les fauves grâce à des effets électroniques discrets et efficaces. La mise en images, tour à tour sombre et épileptique, véhicule de main de maître cette puissance intelligente et frénétique que le projet offre avec générosité et passion. Un shoot d’adrénaline pure, efficace et sans compromis, qui donne terriblement envie d’en savoir plus dans les semaines à venir ; notamment lors du lancement de l’album pour un concert à ne pas manquer au Ferrailleur, en compagnie de nos chers The Mirrors !


We Stood Like Kings

Pensé comme la bande-son inédite du film de Godfrey Reggio, « Koyaanisqatsi », sorti en 1982 et bénéficiant alors de la complicité musicale de Philip Glass, le nouvel album des Belges de We Stood Like Kings, « USA 1982 », à paraître le 22 septembre prochain, se veut une relecture de ce moment cinématographique à part. Et force est de constater que l’ambiance créée par le groupe convient parfaitement aux images subliminales du long-métrage, dépassant la simple relecture pour nous convier à une quête post-rock d’une beauté rare et dense, mêlant parfaitement piano, batterie et guitares dans une progression harmonique à la fois caressante et marquante. « Machines », extrait d’ores et déjà disponible sur Bandcamp (en compagnie de l’obsédant « Night Owl »), convie aussi bien au banquet le blues que des tornades bruitistes à la force d’évocation émotionnelle d’une remarquable justesse. Autant dire que l’on attend l’intégralité du disque avec une impatience grandissante, tant ces premiers indices nous transportent vers une réalité intemporelle et radicalement addictive.


Girl Ray

Une maturité incroyable pour un groupe n’ayant pas vingt ans d’âge moyen ; c’est bel et bien ce que l’on se prend en pleine figure en découvrant la musique des Londoniennes de Girl Ray, trio ayant fait le choix de se dévouer corps et âme à la musique alors que leur innocence aurait pu les contraindre à faire d’autres choix qui ne leur auraient certainement pas convenus. Pour preuve, « Preacher », extrait de leur premier album, « Earl Grey », dont la sortie est prévue pour le 25 août prochain, démontre un savoir-faire mélodique indéniable et surprenant, dépassant sans doute possible bon nombre de concurrents qui seront rapidement laissés sur le carreau. Se lisant comme un film à part entière, le clip, réalisé par Alex Cantouris, porte les mouvements sensibles et parfaits d’une chanson que l’on ne peut s’empêcher de réécouter encore et encore, entre fragilité et brume déliquescente, deuil, crainte de perdre l’être aimé et tourments de l’âme. À suivre de très près !

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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.